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L'Europe se referme, la BCE dégaine un plan colossal

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi un plan d'urgence supérieur encore à celui de la banque centrale américaine (Fed) (archives). © KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi un plan d'urgence supérieur encore à celui de la banque centrale américaine (Fed) (archives). © KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi un plan d'urgence supérieur encore à celui de la banque centrale américaine (Fed) (archives). © KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi un plan d'urgence supérieur encore à celui de la banque centrale américaine (Fed) (archives). © KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI


Publié le 19.03.2020


L'Europe se referme sur elle-même pour lutter contre le coronavirus, devenu plus meurtrier qu'en Asie. Cela a provoqué une réaction au bazooka de la BCE avec un plan d'aide de 750 milliards d'euros et un appel à la "solidarité financière" par le président français.

C'est l'Italie qui paie le plus lourd tribut sur le Vieux Continent en approchant le seuil des 3000 morts, alors que le "pic" de l'épidémie ne semble pas encore atteint.

Une semaine après le début du confinement généralisé, la péninsule a enregistré mercredi 475 décès en 24 heures, le plus grave bilan quotidien dans un seul pays, dépassant même les données chinoises au plus fort de la maladie à Wuhan, son premier épicentre.

A ce rythme, l'Italie (2978 morts au total) risque de dépasser dès jeudi la Chine (3245 morts) comme pays ayant dénombré le plus de décès.

Aucune contamination locale en Chine

La Chine n'a rapporté jeudi aucune nouvelle contamination d'origine locale, une première depuis le début de l'épidémie apparue en décembre dans ce pays. Les autorités sanitaires ont fait état de 34 cas importés supplémentaires.

Le Portugal devrait annoncer jeudi des restrictions à la libre circulation, après avoir décrété l'état d'urgence la veille.

De son côté, le Royaume-Uni, où le seuil des 100 morts a été franchi, a ordonné la fermeture des écoles à compter de vendredi. Selon l'Unesco, plus de 850 millions de jeunes dans le monde, soit près de la moitié des élèves et étudiants, ont leur établissement scolaire fermé.

Qualifié d'"ennemi de l'humanité" par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus a déjà tué plus de 8700 personnes à travers le monde, et plus de 209'500 cas ont été recensés dans 150 pays et territoires.

Plans d'aide

La pandémie a fait plonger les Bourses à travers le monde, provoquant le déblocage de milliards d'aide économique. La Banque centrale européenne (BCE) a ainsi annoncé le déblocage d'une enveloppe de 750 milliards d'euros (794 millions de francs) destinés à des rachats de dette publique et privée.

Le président français, Emmanuel Macron, a salué ces mesures et appelé les Etats de l'UE à des "interventions budgétaires". "A nous Etats européens d'être au rendez-vous par nos interventions budgétaires et une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro", a-t-il ajouté, sans préciser via quel mécanisme.

Le président américain, Donald Trump, a promulgué un plan d'aide sociale de 100 milliards de dollars (96 milliards de francs) pour les travailleurs touchés par l'impact de l'épidémie, tandis que les négociations se poursuivaient pour un plan de relance autrement plus ambitieux. Il pourrait atteindre 1300 milliards de dollars (1259 milliards de francs).

En Australie, la banque centrale a abaissé son taux à son plus bas historique (0,25%) et promis d'acheter de la dette publique.

Cette pluie de milliards a eu un effet positif sur les marchés financiers: la Bourse de Tokyo a démarré jeudi sur les chapeaux de roue et les cours du pétrole ont bondi.

"Se préparer au pire"

Pour tenter de limiter la propagation du virus, les restrictions à la liberté de circulation se multiplient. Les Belges, après les Italiens ou les Français, ont à leur tour découvert la vie à la maison, avec des exceptions pour les courses indispensables ou l'activité physique.

L'Autriche suspend à partir de jeudi tous ses vols réguliers, et la France entame sa troisième journée de confinement, le centre de Paris, avec ses grands boulevards habituellement grouillants de vie, ayant désormais des allures de ville morte. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a appelé ses concitoyens à suivre les recommandations pour limiter ses déplacements, "indispensables pour sauver des vies".

Ailleurs dans le monde, les frontières d'Israël seront fermées, comme celle entre les Etats-Unis et le Canada, après bien d'autres. Le Premier ministra australien a annoncé jeudi qu'"une interdiction de voyage va être imposée à partir de 21h00 (11h00 en Suisse) demain soir à tous les citoyens non-Australiens, non-résidents".

Le coronavirus a aussi fait un premier mort en Afrique subsaharienne, au Burkina Faso. L'Afrique doit "se réveiller" et se "préparer au pire", a prévenu le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

25 millions d'emplois menacés

Le monde économique est de plus en plus à l'arrêt. General Motors et Ford ont ainsi annoncé la suspension de leur production de voitures en Amérique du Nord. Les Etats-Unis ont par ailleurs mis un frein à l'immigration en suspendant les délivrances de visas depuis "la plupart des pays du monde", sauf urgence.

La pandémie menace jusqu'à 25 millions d'emplois à travers le monde, en l'absence de réponse coordonnée à l'échelle internationale, a averti l'Organisation internationale du Travail.

De nombreux événements culturels ont déjà été annulés. Dernier en date: le concours de l'Eurovision de la chanson, prévu en mai aux Pays-Bas. Mais aucune décision n'a encore été prise concernant les Jeux olympiques de Tokyo, rendez-vous sportif le plus attendu au monde, aux énormes enjeux financiers, prévu cet été.

ats, afp

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