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L'ex-avocat de Trump plaide coupable et implique le président

Michael Cohen a rendu durant dix ans des loyaux services à l'ex-magnat de l'immobilier new-yorkais. Loyal au point d'avoir dit un jour qu'il serait prêt à "prendre une balle pour le président". © Keystone/AP/
Michael Cohen a rendu durant dix ans des loyaux services à l'ex-magnat de l'immobilier new-yorkais. Loyal au point d'avoir dit un jour qu'il serait prêt à "prendre une balle pour le président". © Keystone/AP/


Publié le 22.08.2018


L'ex-avocat personnel du président américain Donald Trump, Michael Cohen, a plaidé coupable mardi pour fraudes fiscale et bancaire et violation des règles de financement de campagne électorale. Il a directement impliqué le milliardaire républicain.

Après quatre mois d'enquête, l'avocat new-yorkais de 51 ans a plaidé coupable de huit chefs d'inculpation, dont cinq pour fraude fiscale, un pour fraude bancaire, lors d'une audience au tribunal fédéral de Manhattan, à New York.

Interrogé par le juge, il a indiqué avoir versé des sommes de 130'000 et 150'000 dollars destinées à deux femmes affirmant avoir eu une liaison avec Donald Trump en échange de leur silence, "à la demande du candidat" et "avec l'intention d'influencer l'élection" présidentielle de 2016.

Cet aveu est une réelle bombe pour celui qui a finalement remporté la présidentielle de 2016, car il sous-entend qu'il pourrait avoir lui-même commis un délit. Si les versements à l'actrice pornographique Stormy Daniels et à Karen McDougal, une ex-playmate du magazine Playboy, qui affirment toutes deux avoir eu une liaison avec Donald Trump au milieu des années 2000, étaient connus, le locataire de la Maison-Blanche a jusqu'ici nié tout acte contraire à la loi dans ces affaires.

"Le pitbull" de Trump

Les déclarations de l'avocat ont été immédiatement qualifiées de très graves pour Donald Trump par les commentateurs. La salle d'audience était bondée pour l'occasion.

Le coup est d'autant plus spectaculaire qu'il vient d'un ancien fidèle du président, qui fut longtemps si prompt à le défendre et à attaquer ses adversaires qu'il était parfois surnommé "le pitbull" de M. Trump. M. Cohen a en effet travaillé pendant plus de 10 ans pour le magnat de l'immobilier new-yorkais. Il s'était dit un temps prêt "à prendre une balle" pour lui.

Mais ce père de famille, dont les bureaux ont été perquisitionnés en avril, avait, ces dernières semaines, changé d'avocat et de stratégie. Il semblait prêt à attaquer de front son ancien patron. Il avait notamment fait diffuser un enregistrement compromettant pour le président.

La quasi-totalité des chefs d'inculpation retenus contre Michael Cohen sont passibles d'une peine maximale de prison de cinq ans, sauf l'accusation de déclaration frauduleuse à une banque, pour laquelle il risque 30 ans de détention.

"Mensonges" et "malhonnêteté"

Les accusations pour fraude fiscale portent sur des revenus non déclarés de quelque 4,1 millions de dollars sur la période 2012-2016, dont 3 millions proviennent de ses intérêts dans des sociétés de taxis new-yorkaises, a précisé le procureur fédéral de Manhattan.

Quant à la fraude bancaire, M. Cohen a omis de déclarer une dette de 14 millions de dollars afin d'obtenir un prêt de 500'000 dollars. Les deux chefs d'accusation pour contributions illégales à une campagne électorale découlent elles des paiements faits aux deux femmes.

"Ce sont des accusations très graves, qui reflètent un mode de fonctionnement fait de mensonges et de malhonnêteté, sur une longue période", a déclaré le procureur à la sortie du tribunal.

Michael Cohen, qui aura 52 ans le 25 août, a été remis en liberté après avoir plaidé coupable moyennant 500'000 dollars de caution et la remise de son passeport aux enquêteurs.

En déplacement en Virginie-Occidentale, Donald Trump a soigneusement éludé toutes les questions sur Michael Cohen.

Ce rebondissement spectaculaire intervient le jour où un autre proche du président, son ex-chef de campagne Paul Manafort, a été reconnu coupable de huit chefs d'accusation par un jury populaire, après un procès pour fraude bancaire et fiscale.

ats, afp, reu

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