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L'ex-chef de campagne de Trump, menteur invétéré selon l'accusation

Le procureur Greg Andres a dénoncé un dossier "truffé de mensonges" (archives). © Keystone/AP/DANA VERKOUTEREN
Le procureur Greg Andres a dénoncé un dossier "truffé de mensonges" (archives). © Keystone/AP/DANA VERKOUTEREN


Publié le 15.08.2018


L'ex-chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, "a menti et encore menti" pour dissimuler des millions de dollars au fisc américain puis obtenir de juteux prêts lorsque les fonds venus d'Ukraine ont commencé à manquer, a asséné mercredi l'accusation.

Ce dossier "est truffé de mensonges", a martelé le procureur Greg Andres au tribunal d'Alexandria, près de Washington. Ancien consultant politique de renom, Paul Manafort, âgé de 69 ans, est le premier à faire face à un procès découlant de l'enquête explosive de Robert Mueller, le procureur spécial chargé du dossier russe.

Mais les faits reprochés sont antérieurs et ne sont pas liés à la présidentielle de novembre 2016. Ce procès ultra-médiatique n'en reste pas moins embarrassant pour le président Donald Trump, qui a encore dénoncé mercredi une "chasse aux sorcières".

Dépenses exorbitantes

S'adressant aux douze jurés après deux semaines d'un procès marqué par la présentation parfois aride de centaines de documents, le procureur a affirmé qu'il n'était "pas besoin d'être un expert en droit fiscal" pour comprendre que l'ancien lobbyiste était coupable.

"M. Manafort a menti pour garder son argent quand il en avait, puis M. Manafort a menti pour obtenir de l'argent quand il n'en avait plus", a-t-il insisté, en ouverture d'un réquisitoire d'environ une heure trois quarts.

Veste en python, maisons luxueuses, massif de fleurs formant son initiale, "M": l'accusation a fait pendant le procès la description colorée de dépenses exorbitantes.

Mais il ne s'agit pas ici de juger "la fortune de M. Manafort (...) Ce n'est pas un crime dans ce pays d'être riche", a souligné M. Andres. "Nous sommes dans cette salle d'audience parce qu'il n'a pas (...) déclaré des revenus" qui ont payé les "voitures, les costumes, les appartements" en question.

Plus de 60 millions de dollars

Entre 2010 et 2014, M. Manafort "possédait" et "contrôlait" 31 comptes bancaires à l'étranger par lesquels sont passés "plus de 60 millions de dollars", a-t-il expliqué. Sur ce total, quinze millions ont servi à financer "ses dépenses et celles de sa famille".

Soulignant la formation d'avocat de l'accusé, M. Andres a affirmé que "M. Manafort connaissait la loi mais l'a quand même violée", avant d'appeler les jurés à le déclarer coupable des dix-huit chefs d'accusation face aux preuves "accablantes".

La défense doit présenter son plaidoyer mercredi après-midi, suivi d'une réponse des procureurs. Les jurés doivent ensuite se retirer pour délibérer, dès mercredi ou jeudi. Ils pourraient livrer leur verdict d'ici la fin de la semaine.

Aucun témoin pour la défense

La défense n'a appelé personne à la barre alors que les procureurs ont fait défiler plus de vingt témoins pour tenter de démontrer que Paul Manafort avait dissimulé au fisc des millions de dollars, tirés en majorité de ses activités pour l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, soutenu par Moscou.

L'ex-lobbyiste est également accusé de fraude bancaire pour avoir caché aux autorités l'existence de comptes à l'étranger - la plupart à Chypre - et d'avoir menti à des banques sur ses finances pour obtenir des prêts, une fois que M. Ianoukovitch - sa "poule aux oeufs d'or", selon les procureurs - a fui l'Ukraine.

M. Manafort rejette toutes ces accusations. S'il n'a présenté aucun témoin, c'est parce que "ses avocats et lui ont estimé qu'ils avaient laissé assez de place au doute" dans l'esprit des jurés lors du contre-interrogatoire des témoins de l'accusation, explique à l'AFP Jacob Frenkel, ex-procureur fédéral américain.

Parmi la trentaine d'individus déjà visés par Robert Mueller, dont une majorité de Russes, Paul Manafort est le seul Américain à avoir refusé de passer un accord avec la justice pour éviter un procès. Il doit faire face à un second procès en septembre.

ats, afp

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