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L'extrême droite et ses détracteurs dans la rue à Berlin

Quelque 25'000 personnes se sont réunies à Berlin pour de bruyantes contre-manifestation face aux plus de cinq mille manifestants de l'Alternative pour l'Allemagne qui ont marché toute l'après-midi, en plein centre-ville. © KEYSTONE/EPA/MARKUS HEINE
Quelque 25'000 personnes se sont réunies à Berlin pour de bruyantes contre-manifestation face aux plus de cinq mille manifestants de l'Alternative pour l'Allemagne qui ont marché toute l'après-midi, en plein centre-ville. © KEYSTONE/EPA/MARKUS HEINE


Publié le 27.05.2018


Extrême droite d'un côté, ses détracteurs de l'autre. Berlin a connu un dimanche de tensions. Des milliers de manifestants des deux camps se sont mobilisés pour un face-à-face, sous l'oeil de la police, présente en nombre, pour prévenir des heurts.

Toute l'après-midi, en plein centre-ville, plus de cinq mille manifestants de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), ont marché, drapeaux allemands à la main, face au quelque 25'000 personnes réunies pour de bruyantes contre-manifestations, selon les estimations de la police. Les manifestants d'extrême droite ont défilé de la gare principale jusqu'à la porte de Brandebourg.

Ils ont repris en coeur des slogans hostiles à l'islam et à la chancelière Angela Merkel en raison de sa décision en 2015 d'accueillir des centaines de milliers de demandeurs d'asile. Vers 16h00, ils se sont dispersés dans le calme, encadrés de près par les policiers qui craignaient des heurts, des groupes se disant "antifascistes" ayant promis "sabotage" et "chaos".

Rares incidents

Seuls de rares incidents ont été dénombrés au final, les forces de l'ordre, qui avaient sur le terrain 2000 hommes, ayant indiqué avoir dû faire usage de gaz irritant à une reprise pour repousser des contre-manifestants. Une poubelle incendiée a blessé une personne, ont-elles encore indiqué, sans apporter de précisions sur les blessures.

Les protestataires anti-AfD, en surnombre, ont tenté toute l'après-midi de gêner la manifestation d'extrême droite à l'appel de syndicats, partis, associations et même de boîtes de nuit. Ils ont pu ainsi détourner un temps le cortège de son itinéraire original en bloquant un pont.

"La propagande nazie n'est pas un droit" ou "tout Berlin est contre l'AfD", scandaient-ils, invectivant aussi par moment leurs adversaires. Des navires anti-AfD, décorés de banderoles et de ballons se sont aussi joints au rassemblement, alors que des clubs berlinois avaient déployés des haut-parleurs pour tenter de noyer slogans et discours de l'Alternative pour l'Allemagne.

Mobilisation limitée

Si les basses étaient bien audibles, les orateurs ont pu aussi se faire entendre. "Nous aimons notre pays, nous voulons le transmettre à nos enfants comme nos grands-pères l'ont fait pour nous", a dit à la fin de la manifestation, au pied de la Porte de Brandebourg, le co-président de l'AfD Alexander Gauland, dont le discours a été brièvement interrompu par un contre-manifestant.

Bruyant à la chambre des députés, l'AfD voulait mobiliser dans la rue contre la chancelière Angela Merkel, sa bête noire. Mais après avoir annoncé 10'000 participants à la police, la direction du parti a revu ses ambitions cette semaine, disant compter sur 2500 à 5000 manifestants.

Leurs opposants de tous bords s'agitaient eux depuis des jours sur les réseaux sociaux pour ne pas "laisser la rue aux sympathisants de l'AfD". La popularité gagnée par ce parti choque dans un pays dont l'identité est fondée en partie sur la repentance pour le nazisme.

Fondée en 2013, l'AfD est devenue la troisième force politique d'Allemagne. Il a fait un tabac aux législatives de septembre 2017 (environ 13%) en surfant sur les craintes nées de l'arrivée massive de demandeurs d'asile. Et l'AfD continue de progresser dans les sondages.

ats, afp

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