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L'Inde officiellement en récession, une première depuis 1947

Le confinement brutal décrété en Inde fin mars a mis au chômage du jour au lendemain des dizaines de millions de personnes et suscité dans les grandes villes un exode des travailleurs migrants. (archives) © KEYSTONE/AP/Aijaz Rahi
Le confinement brutal décrété en Inde fin mars a mis au chômage du jour au lendemain des dizaines de millions de personnes et suscité dans les grandes villes un exode des travailleurs migrants. (archives) © KEYSTONE/AP/Aijaz Rahi


Publié le 27.11.2020


L'Inde a annoncé vendredi un recul de 7,5% de son Produit intérieur brut de juillet à septembre, au deuxième trimestre de son année budgétaire, entrant ainsi officiellement en récession technique pour la première fois depuis son indépendance en 1947.

Cette baisse de 7,5% en glissement annuel est inférieure aux -8,6% prévus par la banque centrale et marque une amélioration par rapport à la chute historique de 23,9% essuyée en avril-juin, au premier trimestre de l'exercice. Elle illustre néanmoins les difficultés de la troisième puissance asiatique à relancer son économie en pleine pandémie.

Le géant d'Asie du Sud est, avec neuf millions de cas, le deuxième pays le plus touché au monde par la pandémie de coronavirus en nombre de personnes infectées, après les Etats-Unis.

Ces deux trimestres consécutifs de contraction signifient une entrée en récession technique, une première depuis 1947 pour le pays.

La performance de l'Inde en juillet-septembre est l'une des pires parmi les grandes économies. Le rebond de la croissance enregistré par ces dernières durant ce trimestre, y compris aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne, avait laissé espérer que l'Inde puisse aussi compter sur une reprise.

Mais, malgré une progression récente dans les industries de biens de consommation à l'approche de la saison festive indienne d'octobre-novembre, ces espoirs ont été douchés avec la chute enregistrée de juillet à septembre dans des secteurs comme la construction ou l'hôtellerie.

Signal positif, l'industrie manufacturière a progressé sur ce deuxième trimestre après un plongeon de presque 40% d'avril à juin 2020 en raison du confinement.

Données encourageantes

Des analystes ont jugé ces données plutôt encourageantes.

"Le pire est passé pour l'économie indienne lorsqu'on regarde tous les indicateurs", a déclaré à l'AFP Sameer Narang, économiste en chef à la Bank of Baroda, soulignant que le chiffre de vendredi était meilleur que l'estimation de sa banque qui tablait sur -8%.

L'économie s'oriente, selon lui, vers une reprise pour peu que la hausse des cas de coronavirus ne déclenche pas de nouveaux confinements.

New Delhi tente de relancer son économie, qui devrait reculer de 9,5% sur la totalité de l'exercice en cours selon l'estimation faite en octobre par le gouverneur de la banque centrale, Shaktikanta Das.

Le Fonds monétaire international table sur une contraction de 10,3% sur l'année budgétaire qui s'achèvera le 31 mars 2021, la plus sévère au sein des principales économies émergentes et la pire depuis l'indépendance.

Dans un rapport publié plus tôt en novembre, Oxford Economics estime que l'économie indienne sera la plus affectée parmi les grandes économies mondiales, même après l'apaisement de la pandémie, et table jusqu'en 2025 sur un PIB par tête inférieur de 12% aux niveaux d'avant le virus.

Avant même la pandémie, l'économie indienne connaissait un ralentissement. Le brutal confinement fin mars de ce pays de 1,3 milliard d'habitants a mis au chômage du jour au lendemain des dizaines de millions de personnes et suscité dans les grandes villes un exode des travailleurs migrants.

Les restrictions ont depuis été assouplies et le gouvernement a présenté plusieurs séries de mesures de soutien aux divers secteurs de l'économie.

Mais la pandémie ne fait pas relâche: le nombre de cas de coronavirus continue d'augmenter, à quelque 9,3 millions, comme celui des morts (135'000).

Le gouverneur de la banque centrale a averti jeudi qu'avec la hausse récente du nombre de cas, la menace de nouveaux confinements créait de nouveaux risques.

"Nous devons être prudents quant au maintien de la demande après les fêtes et une possible réévaluation des attentes du marché à propos des vaccins", a dit M. Das.

ats, awp, afp

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