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L'interdiction de la mendicité est entrée en force sur sol vaudois

Des mendiants ont tenu à sensibiliser la population à leur sort jeudi à Lausanne, jour d'entrée en vigueur de l'interdiction de mendier dans le canton. Ils ont distribué des tracts aux passants. © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Des mendiants ont tenu à sensibiliser la population à leur sort jeudi à Lausanne, jour d'entrée en vigueur de l'interdiction de mendier dans le canton. Ils ont distribué des tracts aux passants. © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Au premier jour de l'interdiction de la mendicité dans le canton de Vaud, une manifestation s'y opposant a réuni quelque 250 personnes à Lausanne. © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Au premier jour de l'interdiction de la mendicité dans le canton de Vaud, une manifestation s'y opposant a réuni quelque 250 personnes à Lausanne. © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON


Publié le 01.11.2018


Environ 250 personnes ont manifesté jeudi soir à Lausanne contre l'interdiction de la mendicité appliquée désormais à tout le canton de Vaud. A l'avenir, ceux qui tendront la main risquent une amende allant de 50 à 100 francs.

Au premier jour de cette nouvelle loi, les manifestants se sont réunis à la place de l'Europe sous le slogan "Mendier n'est pas un crime". Sur des affichettes tenues par des Roms et des militants de différentes associations, partis ou syndicats, on pouvait notamment lire "Ensemble contre la précarité".

Au micro, la conseillère nationale socialiste Ada Marra a déploré que la protection des plus faibles ne soit plus assurée. "Les plus précarisés d'entre nous sont criminalisés", a regretté la Vaudoise. Et d'appeler à ce que cette interdiction soit portée devant la Cour européenne des droits de l'homme.

Au micro, plusieurs interlocuteurs ont exprimé leur tristesse, leur incompréhension et leur détermination à lutter pour plus pour de solidarité: un mendiant, Véra Tchérémissinoff, présidente de l'association de solidarité avec les Roms Opre Rrom ou le député lausannois popiste Marc Vuilleumier.

Lausanne dans le viseur

Attirant la plupart des mendiants du canton, Lausanne est particulièrement concernée par cette nouvelle loi. Jusqu'ici, les autorités n'interdisaient pas totalement la mendicité, mais elles cadraient la pratique. Les mendiants n'avaient ainsi pas le droit de tendre la main en compagnie de mineurs, de se tenir à proximité des distributeurs d'argent ou dans les transports publics. Des amendes pouvaient être prononcées.

Exit ce règlement communal. En rejetant un recours des opposants en octobre dernier, le Tribunal fédéral a ouvert la voie à l'application de l'initiative UDC pour l'interdiction générale de la mendicité acceptée de justesse au Grand Conseil en 2016.

Outre l'amende de 50 à 100 francs, la loi permet de punir les personnes qui exploitent un réseau de mendicité ou qui emploient des mineurs dans un tel réseau d'une amende de 500 à 2000 francs. A noter que le Conseil d’Etat proposera au Grand Conseil d’introduire un régime d’exception lorsque la mendicité est occasionnelle et répond à un cas de nécessité avérée.

Sensibiliser la population

Dans la journée de jeudi, des Roms ont par ailleurs cherché à sensibiliser la population à leur sort au travers d'actions dans Lausanne. Ils se sont tenus aux endroits où ils mendiaient habituellement, mais cette fois debout et non plus assis.

Ces femmes et ces hommes distribuaient des tracts et brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait par exemple lire: "Je n'ai plus le droit de mendier...Mes enfants au pays ont toujours faim".

Pas de transition

Du côté de la police lausannoise, on explique que la loi sera strictement appliquée dès son entrée en vigueur. Aucune période transitoire n'est ainsi prévue.

La police intervient pour faire cesser l'infraction et la dénoncer à la préfecture, précise son porte-parole Raphaël Pomey. Et d'ajouter que dans un hypercentre restreint, l'application de la loi se fera dans le cadre du travail général de police et sa mission de visibilité.

ats

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