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l'Iran à l'esprit aux 75 ans de la libération du camp d'Auschwitz

A la commémoration des 75 ans de la libération du camp d'Auschwitz, à Jérusalem jeudi, Vladimir Poutine salue Emmanuel Macron sous le regard de Benjamin Netanyahou et devant le prince Charles. © KEYSTONE/EPA/ukit
A la commémoration des 75 ans de la libération du camp d'Auschwitz, à Jérusalem jeudi, Vladimir Poutine salue Emmanuel Macron sous le regard de Benjamin Netanyahou et devant le prince Charles. © KEYSTONE/EPA/ukit


Publié le 23.01.2020


Les Etats-Unis et Israël ont appelé jeudi à durcir le ton face à l'Iran en pleine cérémonie marquant à Jérusalem le 75e anniversaire de la libération du camp nazi d'Auschwitz. Une quarantaine de dirigeants internationaux ont participé à cet événement.

"J'appelle tous les gouvernements à joindre l'effort vital pour faire face à l'Iran", a déclaré le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à l'ouverture des commémorations de ce symbole du génocide juif présentées comme le plus important rassemblement politique dans l'histoire d'Israël par les autorités israéliennes. "Il ne peut y avoir une autre Shoah", a-t-il ajouté.

Et M. Netanyahou de saluer aussi les sanctions américaines contre les "tyrans de Téhéran", lors de ce rassemblement dont le but est d'honorer la mémoire de la Shoah, extermination de millions de juifs par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, et de lutter contre l'antisémitisme.

"Nous devons nous préparer à affronter le raz-de-marée de l'antisémitisme (...) nous devons donc rester ferme face au premier Etat pourvoyeur d'antisémitisme", a renchéri le vice-président américain Mike Pence, avant de nommer "la République islamique d'Iran".

"Haine contemporaine"

Pour M. Netanyahou, la menace nazie d'antan porte aujourd'hui un autre nom, celui de l'Iran, car la République islamique menace, par son programme nucléaire et balistique, dit-il, l'existence même de l'Etat hébreu. Mais Téhéran dément catégoriquement vouloir se doter d'un programme nucléaire à des fins militaires.

Israël, qui s'oppose à l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, appelle les Européens à soutenir les Etats-Unis, qui s'en sont retirés en mai 2018 avant de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran. Emmanuel Macron a pour sa part mis en garde contre une instrumentalisation de la Shoah.

S'il a appelé à rester ferme face à l'antisémitisme et défendu l'idée cette semaine que la "négation de l'existence d'Israël comme Etat" était une "forme contemporaine" d'antisémitisme, le président français a souligné que "nul n'a le droit de convoquer ses morts pour justifier quelque division ou quelque haine contemporaine".

"Car tous ceux qui sont tombés nous obligent à la vérité, à la mémoire, au dialogue, à l'amitié", a-t-il déclaré dans un discours prononcé après ceux de MM. Pence et Netanyahou. M.Macron n'a cependant pas prononcé le mot "Iran". Face à Israël et aux Etats-Unis qui soutiennent la doctrine de "pression maximale" sur l'Iran, les Européens soulignent la nécessité de respecter l'accord sur le nucléaire iranien.

"Responsabilité historique"

Vladimir Poutine a profité de son passage en Terre sainte pour inaugurer un mémorial en l'honneur des victimes du siège de Leningrad par l'Allemagne nazie, où sont morts environ 800'000 personnes entre 1941 et 1944. "Le siège de (Leningrad) et la Shoah sont deux événements qui ne peuvent être comparés à rien d'autre", a déclaré le président russe, appelant à lutter contre l'antisémitisme sans mentionner l'Iran, un pays dont la Russie reste proche.

M. Poutine a plutôt appelé à un sommet des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Il attend de la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Chine et les Etats-Unis qu'ils répondent aux "défis" contemporains, dans un contexte de tensions Est-Ouest exacerbées.

La "division face aux menaces" peut "avoir des conséquences terribles", a déclaré M. Poutine. "Nous devons avoir le courage non seulement d'en parler, mais devons tout faire pour défendre et préserver la paix", a-t-il martelé.

"Les cinq membres permanents (...) ont aujourd'hui une responsabilité historique et je partage votre volonté 75 ans plus tard de nous rassembler", lui a répondu M. Macron sans plus de précisions. "Quel plus beau symbole que de nous voir ici tous rassemblés et unis, de faire oeuvre utile pour lutter contre le déni comme le ressentiment ou les discours de vengeance", a-t-il ajouté.

Pendant qu'étaient prononcés ces discours, des survivants de la Shoah partageaient leur sombre histoire. "Je lutte contre l'antisémitisme chaque fois que je témoigne", a expliqué à Yad Vashem, mémorial de la Shoah, Nahum Rottenberg, un rescapé 92 ans, disant regretter qu'il y ait encore aujourd'hui des conflits.

ats, afp

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