La Liberté

L'Iran brandit la menace d'un embrasement régional

La passe d'armes verbale entre Washington et Téhéran s'est poursuivie samedi. Le président américain a assuré qu'il sera "le meilleur ami" des Iraniens s'ils renoncent à leur programme nucléaire. © KEYSTONE/EPA ISP POOL/MIKE THEILER / POOL
La passe d'armes verbale entre Washington et Téhéran s'est poursuivie samedi. Le président américain a assuré qu'il sera "le meilleur ami" des Iraniens s'ils renoncent à leur programme nucléaire. © KEYSTONE/EPA ISP POOL/MIKE THEILER / POOL
Le président américain Donald Trump a affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l'Iran pour éviter un lourd bilan humain (archives). © KEYSTONE/AP/EVAN VUCCI
Le président américain Donald Trump a affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l'Iran pour éviter un lourd bilan humain (archives). © KEYSTONE/AP/EVAN VUCCI


Publié le 22.06.2019


L'Iran a averti samedi les Etats-Unis que la moindre attaque contre son territoire aurait des conséquences dévastatrices pour leurs intérêts dans la région. La veille, le président américain a indiqué avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles.

Quelques jours après avoir annoncé le démantèlement d'un "nouveau réseau" d'espions et de "nouvelles recrues des Américains" liées à la CIA, l'Iran a par ailleurs annoncé dans la journée l'exécution pour "espionnage" d'un prestataire du ministère de la Défense. Jalal Haji Zavar avait été condamné par un tribunal militaire pour espionnage au profit de l'Agence centrale du renseignement des Etats-Unis (CIA), selon l'agence semi-officielle Isna.

Donald Trump a annoncé samedi que les Etats-Unis imposeraient lundi de nouvelles sanctions "majeures" contre l'Iran, quelques heures après avoir assuré que si la République islamique renonçait à son programme nucléaire, il deviendrait son "meilleur ami". "Nous mettons en place des sanctions supplémentaires majeures contre l'Iran lundi", a tweeté le président américain. "L'Iran ne peut pas avoir d'armes nucléaires!".

En dépit des affirmations répétées des Etats-Unis et de l'Iran selon lesquelles ils ne cherchent pas la guerre, la tension n'a cessé de monter entre les deux pays et la multiplication des incidents dans le Golfe font craindre un embrasement.

Frappes annulées in extremis

"Tirer une balle en direction de l'Iran mettra le feu aux intérêts de l'Amérique et de ses alliés" dans la région, a déclaré samedi à l'agence Tasnim le général de brigade Abolfazl Shekarchi, porte-parole de l'état-major conjoint des forces armées iraniennes.

Vendredi, le président américain Donald Trump a affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l'Iran pour éviter un lourd bilan humain. Il a toutefois maintenu ses menaces de représailles contre Téhéran, qui avait abattu la veille un drone américain. Cette destruction a provoqué un nouvel accès de fièvre.

L'Iran affirme disposer de "preuves irréfutables" montrant que le drone américain abattu était entré dans son espace aérien et a déposé une plainte à l'ONU. Samedi, le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a publié sur son compte Twitter une carte reprenant notamment, selon lui, le parcours détaillé du drone au-dessus du détroit d'Ormuz.

Washington affirme de son côté que l'aéronef a été touché dans l'espace aérien international. Les Etats-Unis ont demandé la tenue lundi d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU, selon des sources diplomatiques.

Répondre au "respect par le respect"

Accusant Téhéran de "rejeter les ouvertures diplomatiques de Washington", l'envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Iran, Brian Hook, a affirmé vendredi que l'Iran devait "répondre à la diplomatie par la diplomatie, pas par la force".

M. Hook a tenu ces propos lors d'une visite sur une base militaire en Arabie saoudite, pays allié des Etats-Unis et engagé avec Téhéran dans une lutte d'influence régionale depuis plusieurs années.

"Les Iraniens répondront à la diplomatie par la diplomatie, au respect par le respect et à la guerre par une défense acharnée", a répondu sur Twitter le porte-parole de la diplomatie iranienne, Abbas Moussavi. Selon lui, la "diplomatie" américaine est synonyme de "#TerrorismeEconomique et de guerre" et de violation "de la parole donnée" ainsi que des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Son ministère a annoncé avoir convoqué samedi le chargé d'affaires des Emirats arabes unis - pays d'où avait décollé le drone abattu - pour protester "fermement" contre "la mise à disposition de forces étrangères d'installations en vue d'une agression" contre l'Iran.

"Erreur humaine"

De son côté, Londres a annoncé que son ministre d'Etat chargé du Moyen-Orient, Andrew Murrison, serait dimanche à Téhéran pour plaider en faveur d'"une désescalade urgente".

Cité par l'agence officielle iranienne Irna, le général de brigade Amirali Hajizadeh, chef de la branche aérospatiale des Gardiens de la Révolution, armée idéologique iranienne, a semblé répondre vendredi aux propos de M. Trump ayant laissé entendre que l'attaque contre le drone pourrait être due à une "erreur humaine" côté iranien.

"Il est possible que cette violation (de l'espace aérien) ait été commise par un général ou quelques opérateurs (de drone) américains", a-t-il dit.

ats, afp

Articles les plus lus
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11