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L'ONU cible le "déni" de certains dirigeants face à la pandémie

La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet estime que les gouvernements vont décider de leur place dans l'Histoire dans les prochains mois dans les différents pays (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
La Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet estime que les gouvernements vont décider de leur place dans l'Histoire dans les prochains mois dans les différents pays (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 14.05.2020


L'ONU dénonce "le déni" de certains dirigeants, notamment au Brésil, qui "a probablement contribué à la propagation de l'infection". La place des gouvernements "dans l'Histoire" va "se décider" sur la réponse "dans les prochains mois", a-t-elle dit jeudi à Genève.

Au Brésil, sans le déni au début "de dirigeants politiques importants", des cas "auraient peut-être pu être évités", a dit la Haute commissaire aux droits de l'homme aux correspondants accrédités auprès de l'ONU à Genève. Sans mentionner nommément le président Jair Bolsonaro, Michelle Bachelet s'est dite "inquiète" pour la situation dans ce pays qui rassemble désormais l'un des volumes les plus élevés d'infections et de décès.

Plusieurs travailleurs de santé ou autres acteurs ont été ciblés au Brésil et certains groupes sont favorables à un contrôle étendu des autorités sur les libertés. Une situation que Mme Bachelet dénonce partout où elle est observée. "Davantage" et "plus souvent" dans les pays dirigés par des personnes qui minimisent la pandémie ou des autocrates, dit la Chilienne.

Ceux-ci utilisent souvent la crise pour restreindre encore davantage les libertés fondamentales. Mais la Haute commissaire appelle "les gouvernements et la société civile" à lutter contre les discours de haine, la xénophobie et les atteintes aux citoyens partout dans le cadre de cette pandémie. Même en Europe, certaines minorités ont été attaquées dans les transports par certains.

Selon la Haute commissaire, il est impossible de dire si la situation post-Covid aboutira à moins de libertés et de vie privée. Tout dépend de l'attitude des gouvernements, notamment au moment de déconfiner. "Laisser la politique et l'économie mener la réponse au lieu de la santé et des droits de l'homme va coûter des vies", dit Mme Bachelet. Ce scénario "provoquera même davantage de dommages à court et long terme", ajoute l'ancienne médecin.

Investigations pour les personnes âgées

Toute application de traçage devra honorer les droits de l'homme, notamment ceux à la vie privée, et fonctionner sur une approche volontaire, selon Michelle Bachelet qui souhaite des règles internationales. Les citoyens doivent être associés aux décisions sur le déconfinement, dit-elle. De même, les travailleurs doivent obtenir du matériel de protection individuelle et les transports doivent être sûrs.

La Chilienne a ajouté que des données montraient déjà que la crise affectait davantage les détenus, les minorités, les populations autochtones ou encore les migrants. "Les plans pour lever les confinements doivent faire particulièrement attention à ceux-ci", notamment à la surcharge dans certains sites où ils se trouvent, dit la Haute commissaire.

Elle souhaite encore des investigations dans les différents pays sur la situation des personnes âgées face à cette pandémie. Elle demande d'accélérer les efforts pour une Convention internationale pour leurs droits.

Elle appelle plus largement les Etats riches à assister les pays pauvres dans cette lutte et souhaite qu'une protection sociale soit garantie à tous. Les enseignements de la crise actuelle doivent permettre de préparer non seulement les prochaines pandémies, mais aussi la solidarité dans la réponse au changement climatique, selon la Haute commissaire.

ats

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