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L'opposition malienne veut entrer en "résistance" face à IBK

Les partisans de l'opposant Soumaila Cisse dénoncent "un vol" lors du second tour de l'élection présidentielle dimanche. © KEYSTONE/EPA/LIFE TIEMOKO
Les partisans de l'opposant Soumaila Cisse dénoncent "un vol" lors du second tour de l'élection présidentielle dimanche. © KEYSTONE/EPA/LIFE TIEMOKO


Publié le 18.08.2018


L'opposition au Mali n'accepte pas la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta. En attendant une hypothétique invalidation des résultats de la présidentielle, un millier de ses partisans ont manifesté samedi à Bamako, où leur chef de file a appelé à "résister".

Ibrahim Boubacar Keïta, dit "IBK", 73 ans, a été proclamé vainqueur jeudi du second tour de l'élection présidentielle jugée cruciale pour l'avenir du Sahel mais qui a peu mobilisé au Mali. Son adversaire, l'ancien ministre des Finances Soumaïla Cissé, a été crédité de moins d'un tiers des votes (32,83%), selon les chiffres publiés par le ministère de l'Administration territoriale.

L'opposant, qui lors de la présidentielle de 2013 avait très rapidement reconnu sa défaite, a cette fois rejeté "catégoriquement" ce résultat, le qualifiant de "mascarade", "fruit pourri d'une fraude honteuse". Selon ses propres calculs, il a "remporté cette élection avec 51,75% des suffrages".

M. Cissé a introduit des recours devant la cour constitutionnelle, qui annoncera lundi à 10h00 locales (12h00 suisses) les résultats définitifs. L'opposition doute de l'impartialité de cette juridiction qui avait balayé ses plaintes après le premier tour.

Démisison du gouvernement

A l'appel du leader de l'opposition, un bon millier de ses partisans se sont réunis samedi matin face à la mairie de Bamako, encadrés par des dizaines de policiers en tenues antiémeute. Lorsque Soumaïla Cissé a fait son apparition, le son strident des vuvuzelas et les cris "IBK voleur" ont redoublé, a constaté l'AFP.

Le cortège a parcouru le centre-ville jusqu'aux environ de la place de l'Indépendance, avec à sa tête l'activiste et homme de radio Ras Bath, très populaire auprès de la jeunesse malienne.

"Le pouvoir est illégal. Cette fois-ci c'est notre tour, nous avons gagné, nous continuerons nos marches jusqu'à la démission du gouvernement", assurait Fatoumata Konaté, membre du bureau politique de l'URD, le parti de M. Cissé.

"Nous ne pensons pas qu'il y a défaite. Nous n'allons pas reconnaître le vol", a abondé un porte-parole de l'opposition, Nouhoum Togo, en fustigeant les dirigeants étrangers qui, comme le président français Emmanuel Macron, ont congratulé IBK avant même le verdict de la cour constitutionnelle. "Ceux qui acceptent de féliciter les voleurs sont aussi de gros voleurs", a-t-il accusé.

IBK va "ruiner le pays"

Ibrahim Boubacar Keïta aura en priorité la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg. Sa mise en oeuvre accumule les contretemps et n'a pas empêché les violences de se propager du nord vers le centre du pays et vers le Burkina Faso et le Niger voisins.

Au contraire, il va "ruiner le pays de ses forces vives", faute de développer l'économie et restaurer la sécurité, a accusé Soumaïla Cissé, juché sur la plateforme d'un camion, une écharpe aux couleurs du Mali en bandoulière.

"Attendez-vous à tout", a-t-il lancé à ses partisans, en dénonçant la "police politique" du pouvoir. "Mais résistez!", a-t-il ajouté, en promettant que les manifestations reprendraient "après la fête" de la tabaski la semaine prochaine, comme on appelle en Afrique de l'Ouest l'Aïd el-Kebir.

Depuis l'annonce de sa victoire, M. Keïta s'est quant à lui contenté de "remercier du fond du coeur" les Maliens sur sa page Facebook.

ats, afp

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