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L'origine des demoiselles géantes élucidée

Emmanuel Toussaint, chargé de recherche au secteur invertébré du Muséum d'histoire naturelle de Genève, présente un cadre entomologique avec des demoiselles géantes issues des collections du Muséum. © Muésum d'histoire naturelle de Genève
Emmanuel Toussaint, chargé de recherche au secteur invertébré du Muséum d'histoire naturelle de Genève, présente un cadre entomologique avec des demoiselles géantes issues des collections du Muséum. © Muésum d'histoire naturelle de Genève


Publié le 12.02.2019


Le mystère des origines des demoiselles géantes, des insectes volants appartenant à la famille des odonates, a été percé. Leur gigantisme n'est pas dû à un lien de parenté commun, mais à un effet de convergences écologique et morphologique spectaculaires.

Cette découverte revient à une équipe internationale de chercheurs menée par Emmanuel Toussaint, un scientifique du Muséum d'histoire naturelle de Genève, a indiqué mardi l'institution. Ces travaux ont été publiés dans "International Journal of Organic Evolution".

Les demoiselles géantes figurent parmi les plus grands insectes volants de la planète. Leur corps peut atteindre 10 centimètres et leurs ailes 20 centimètres d'envergure. Elles se nourrissent d'araignées qu'elles capturent sur leur toile en pratiquant le vol stationnaire, comme les colibris.

Elles pondent leurs oeufs dans des trous d'arbres et des coques de noix de coco. Au total, 18 espèces de ces odonates habitent en Amérique du Sud et une espèce en Afrique orientale.

Pour expliquer l’origine de ces insectes volants gigantesques, les scientifiques avaient jusqu’à présent émis l’hypothèse que toutes les espèces de demoiselles géantes d’Afrique et d’Amérique étaient strictement apparentées. Ils pensaient donc qu'elles descendaient d’un ancêtre commun.

Une étonnante convergence

Les scientifiques expliquaient leur taille hors norme et leur écologie particulière par des mutations génétiques ayant frappé un seul ancêtre commun avant le début de la séparation des continents. Mais cette hypothèse a été démontée après une analyse combinée morphologique et moléculaire de 13 des 19 espèces actuellement connues d’Amérique du Sud et d’Afrique.

Et le résultat de cette analyse est clair: les espèces de demoiselles géantes d’Afrique et d’Amérique du Sud ne sont pas directement apparentées comme on l’avait pensé jusqu'ici. Elles ne sont donc pas issues d’un même ancêtre commun.

Leur gigantisme est le fait d’une étonnante convergence, aussi bien au niveau morphologique qu'écologique, entre deux lignées d’origines différentes. C’est ainsi chacune de leur côté, mais sous l'effet de pressions évolutives similaires qu’au moins deux lignées de demoiselles ont acquis de manière indépendante leur taille hors norme, des stratégies de chasse identiques et des comportements de pontes analogues.

Des contraintes écologiques

Les ressemblances écologiques comportementales et morphologiques entre ces deux lignées représentent un cas spectaculaire d'évolution convergente tropicale entre les continents africain et sud-américain. Cette étude vient confirmer le rôle des pressions sélectives opérées par des contraintes écologiques dans l’apparition de caractères et de solutions évolutives communes entre des groupes d’animaux distincts et non apparentés de manière directe.

ats

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