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La classe politique a fermé les yeux sur des abus sexuels d'enfants

Les institutions politiques britanniques ont fermé les yeux durant des décennies sur des cas d'abus sexuels sur des enfants, selon un rapport (archives). © KEYSTONE/AP/Kirsty Wigglesworth
Les institutions politiques britanniques ont fermé les yeux durant des décennies sur des cas d'abus sexuels sur des enfants, selon un rapport (archives). © KEYSTONE/AP/Kirsty Wigglesworth


Publié le 25.02.2020


Les institutions politiques britanniques - gouvernement, Parlement et partis - ont fermé les yeux durant des décennies sur des cas d'abus sexuels sur des enfants. Elles ont parfois activement protégé leurs auteurs, selon un rapport indépendant publié mardi.

Ce rapport relève notamment "l'incapacité de reconnaître les abus, le fait de fermer les yeux sur ceux-ci, d'étouffer des accusations et d'activement protéger des auteurs de haut rang, dont des politiciens". Ce document est le fruit d'une enquête indépendante mise en place en 2015 à la suite du scandale Jimmy Savile, ex-star de la BBC accusée de centaines d'agression sexuelles en 2012, un an après sa mort.

Il évoque "un important problème de déférence" envers des personnalités publiques de premier plan de la part des partis politiques, de la police et de la justice. Le rapport cite les exemples des députés Cyril Smith et Peter Morrison, qui ont échappé aux poursuites dans les 1970 et 80 malgré leur "intérêt sexuel actif pour des enfants".

Démission

En 1969, Cyril Smith avait reconnu avoir abusé sexuellement d'adolescents, mais n'avait pas été poursuivi. Dix ans plus tard, le chef de l'ancien parti libéral David Steel en avait discuté avec lui après en avoir eu vent, mais n'avait entrepris aucune action. Depuis membre de la Chambre des Lords, David Steel a démissionné après la publication du rapport mardi.

L'enquête, qui a entendu des victimes, politiciens et policiers notamment, souligne aussi que des responsables du Parti conservateur avaient connaissance d'accusations contre Peter Morrison "mais ne les ont pas transmises à la police". Le député était devenu en 1990 le secrétaire privé parlementaire de la Première ministre Margaret Thatcher et anobli l'année suivante.

"Ce sont là des exemples d'une culture politique qui accorde bien plus d'importance à sa réputation qu'au sort des enfants impliqués", déplore le rapport.

Pas de "réseau pédophile organisé"

L'enquête n'a toutefois trouvé aucun élément venant corroborer l'existence d'un "réseau pédophile organisé" impliquant des personnalités politiques.

En juillet 2019, le Britannique Carl Beech, ex-employé d'une association caritative d'aide aux enfants, avait été condamné à 18 ans de prison pour avoir faussement accusé une série de personnalités de pédophilie. Cela avait provoqué l'ouverture d'une vaste enquête.

"Le gouvernement va examiner ce rapport et considérer comment y répondre en temps utile", a réagi la ministre de l'Intérieur, Priti Patel.

ats, afp

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