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La Collection de l'artiste Grock arrive au Nouveau Musée de Bienne

Le clown Grock plaisait à Hitler (archives). © KEYSTONE/PHOTOPRESS-ARCHIV/STR
Le clown Grock plaisait à Hitler (archives). © KEYSTONE/PHOTOPRESS-ARCHIV/STR


Publié le 28.05.2023


La Ville de Bienne, via son Nouveau Musée, vient d'entrer en possession d'une vaste collection de l'artiste Grock, décédé en 1959. L'inventaire prendra des mois au minimum. Le musée veut comprendre les liens du "roi des clowns" avec le régime nazi.

"C'est une collection importante que nous recevons", a expliqué la directrice, Bernadette Walter, samedi au 19h30 de la RTS et au Journal du Jura. Selon elle, les objets de l'artiste Adrien Wettach, de son nom de naissance à Loveresse dans le Jura bernois, sont "iconiques".

Parmi eux, on trouve nombre de ses instruments, son concertina, une perruque chauve, son fameux pantalon à carreaux rouge et blanc ainsi que d'autres pièces de costume. Sans oublier des disques, des compositions, des photos originales et des affiches.

Selon le Journal du Jura, le petit-neveu de Grock, le graphiste zurichois Raymond Naef, avait déjà monté une exposition en 2002. Cet homme de 74 ans a exprimé un souhait: tout doit rester accessible à des fins scientifiques et de recherche. Une éventuelle nouvelle exposition biennoise éclairerait sans doute de manière plus complète les relations de Grock avec les nationaux-socialistes.

Liens troubles avec Hitler

S'il était le plus grand comique sur scène à l'époque, il ne s'est pas positionné clairement contre Hitler, contrairement à Charlie Chaplin. Le clown montrait de l'admiration pour le Führer, qui, après une représentation en 1934, l'invita dans sa loge et avoua qu'il avait vu le spectacle pas moins de treize fois.

Grock reçoit d'Hitler des photos dédicacées qu'il accroche chez lui, impressionné par son charisme, ses yeux bleu clair, son ascension. Sa parenté en Suisse est choquée.

Lorsque Grock doit apporter la preuve de son appartenance à la race aryenne en 1938, cela tempère son enthousiasme. À la demande du ministre allemand de la propagande Joseph Goebbels, il continue cependant à se produire dans les hôpitaux de guerre allemands. L'artiste était "surtout un opportuniste", selon la conservatrice du musée, car il a aussi joué en France et en Angleterre, a-t-elle ajouté à la RTS.

Pour Bernadette Walter, il est clair que "nous devons travailler et faire des recherches sur ses liens avec le régime nazi, car beaucoup de choses sont encore lacunaires. Nous ne passerons certainement pas cela sous silence". Dans la nouvelle exposition permanente, Grock devrait par ailleurs avoir une place parmi les "têtes biennoises".

ats

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