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La contestation reprend en Arménie - La Russie se place en médiatrice

Les manifestants ont bloqué des rues à Erevan, en brandissant des drapeaux arméniens. © KEYSTONE/EPA PHOTOLURE NEWS AGENCY/HAYK BAGHDASARYAN
Les manifestants ont bloqué des rues à Erevan, en brandissant des drapeaux arméniens. © KEYSTONE/EPA PHOTOLURE NEWS AGENCY/HAYK BAGHDASARYAN


Publié le 26.04.2018


La contestation antigouvernementale a repris jeudi en Arménie, à l'appel de l'opposant Nikol Pachinian qui exige une "capitulation" du parti au pouvoir. La Russie, jusqu'ici à l'écart de la crise, commence à s'imposer comme médiateur.

Jeudi, le président du parlement arménien, Ara Babloïan, a convoqué une réunion extraordinaire pour le 1er mai. Elle sera consacrée à l'élection d'un nouveau premier ministre, après la démission de ce poste de Serge Sarkissian lundi, sous la pression de manifestations ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

Le vice-premier ministre arménien, Armen Guevorkian, s'est rendu jeudi à Moscou pour des "consultations de travail". Il devait retourner dans la soirée à Erevan, la capitale de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud, a dit un porte-parole du gouvernement arménien, sans plus de précisions.

Le chef de la diplomatie arménienne, Edouard Nalbandian, a quant à lui aussi fait le voyage dans la capitale russe. Il a eu jeudi "une courte rencontre" avec son homologue Sergueï Lavrov, a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.

Entretien Poutine-Sarkissian

Ces visites sont intervenues au lendemain d'un entretien téléphonique du président russe Vladimir Poutine avec son homologue arménien Armen Sarkissian. Les deux hommes ont appelé à cette occasion "toutes les forces politiques (en Arménie) à faire preuve de retenue et de responsabilité".

Nikol Pachinian, 42 ans, qui a mobilisé depuis le 13 avril des dizaines de milliers de personnes contre l'ancien président Serge Sarkissian devenu pour quelques jours seulement premier ministre et contre son parti au pouvoir, s'est pour sa part rendu mercredi à l'ambassade de Russie en Arménie. Il a "discuté de la situation à Erevan et dans le pays", selon un communiqué de la mission diplomatique russe.

"La partie russe a appelé les organisateurs des manifestations et des défilés à un dialogue constructif avec les autorités en place et les autres forces politiques", précise l'ambassade. Elle souligne que "la situation ne doit être réglée que dans le cadre du champ constitutionnel".

Jusqu'ici, la Russie, qui absorbe environ un quart des exportations arméniennes et dispose d'une base militaire en Arménie, s'est tenue à l'écart de la crise. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a répété jeudi qu'il s'agissait d'une "affaire intérieure arménienne".

"Candidat du peuple"

Un mégaphone à la main, M. Pachinian, un député et opposant qui se présente comme le "candidat du peuple" au poste de premier ministre, a défilé jeudi dans les rues d'Erevan, à la tête de milliers de ses partisans, parmi lesquels de nombreux étudiants.

Après la démission de Serge Sarkissian, très contesté, son Parti républicain au pouvoir doit aussi "capituler devant le peuple", estime M. Pachinian, qui se dit lui-même "prêt à diriger le pays". Sa candidature doit être proposée dans les prochains jours pour le poste de chef du gouvernement par le bloc d'opposition Yelk. Le parlement arménien entamera jeudi 1er mai une réunion consacrée à la nomination du nouveau premier ministre.

Au parlement, un candidat a besoin de 53 voix pour être élu. M. Pachinian ne peut compter actuellement que sur le soutien de 40 députés, selon un responsable du bloc Yelk. Le Parti républicain, au pouvoir, dispose de 58 sièges et a théoriquement toutes les chances de faire élire de nouveau son candidat.

Démission de plusieurs ministres

Signe des tensions au sein du pouvoir, les ministres de l'Education, de l'Ecologie et du Développement régional ont annoncé jeudi qu'ils quittaient le gouvernement, leur parti ayant abandonné la veille la coalition au pouvoir.

Dans la journée, à l'appel de M. Pachinian, les manifestants ont bloqué des rues à Erevan. Et une grande manifestation a de nouveau eu lieu dans le centre de la capitale dans l'après-midi.

ats, afp

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