La Liberté

La discrète Melania Trump rencontre des enfants sans-papiers

"Depuis combien de temps êtes-vous là? D'où venez-vous?" Souriante, la Première dame est passée de classe en classe pendant un peu plus d'une heure dans un refuge de McCallen, grande ville texane à la frontière avec le Mexique. © KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK
"Depuis combien de temps êtes-vous là? D'où venez-vous?" Souriante, la Première dame est passée de classe en classe pendant un peu plus d'une heure dans un refuge de McCallen, grande ville texane à la frontière avec le Mexique. © KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK


Publié le 22.06.2018


Dans un nouveau coup de théâtre, Melania Trump s'est rendue jeudi à la frontière avec le Mexique pour rencontrer des enfants sans-papiers, une visite préparée dans le plus grand secret. Son époux lui fait face à une pluie de critiques pour avoir séparé des familles.

"Depuis combien de temps êtes-vous là? D'où venez-vous?" Souriante, la Première dame est passée de classe en classe pendant un peu plus d'une heure dans un refuge de McCallen, grande ville texane, où les enfants lui avaient écrit "Bienvenue" sur un drapeau américain.

Une scène inimaginable la veille, avant que Donald Trump ne signe, dans un revirement fracassant, un décret mettant fin aux séparations qu'il avait lui-même encouragées avec sa politique de "tolérance zéro" face aux clandestins.

De l'aveu même du milliardaire, la discrète Melania Trump a joué un rôle dans cette décision, qui ne règle toutefois pas la question des plus de 2300 mineurs arrachés à leurs parents depuis la mise en oeuvre de sa politique, début mai. Quand retrouveront-ils leurs familles, s'interrogent depuis mercredi ONG et opposition démocrate.

Comment puis-je "aider à réunir ces enfants avec leurs familles aussi vite que possible?", a demandé, comme en écho, Melania Trump au personnel du refuge, dans un développement quasi-surréaliste de cette controverse.

"Bouleversés"

Le centre Upbringing New hope Children's Shelter accueille une soixantaine de mineurs âgés de 5 à 17 ans, originaires du Honduras et du Salvador. La plupart sont des adolescents qui ont fait le voyage seuls depuis ces pays rongés par la violence. Six ont été séparés de leurs parents.

"Quand ils arrivent ici ils sont souvent très bouleversés", a confié un responsable. L'idée du voyage est venue "à 100%" de Melania Trump, a précisé sa porte-parole, Stephanie Grisham, affirmant que son époux l'"a soutenue".

Si l'opération préparée dans le plus grand secret a réussi son effet choc, elle a été perturbée par les images de la Première dame vêtue d'une veste marquée dans le dos des mots: "Je m'en fiche complètement, et vous?" Une faute de goût, vu le contexte, qui a immédiatement enflammé les réseaux sociaux. Sa porte-parole a assuré qu'"il n'y avait pas de message caché" derrière cette inscription.

Les Etats à l'offensive

Pleurs déchirants, images poignantes d'enfants dévastés, la politique fermement revendiquée dans un premier temps par la Maison Blanche n'a pas tenu face à la tempête dans l'opinion publique, dénoncée par l'ONU, le Pape, des pays européens et jusqu'au coeur même de ses rangs républicains.

Outre la Première dame, des maires américains, républicains et démocrates, se sont aussi rendus jeudi à la frontière avec le Mexique pour dénoncer la "cruelle" politique du gouvernement fédéral et exiger que les enfants migrants séparés de leurs familles soient immédiatement rendus à leurs parents.

Et une dizaine d'Etats américains, dont la Californie, Washington et le New Jersey, vont poursuivre l'administration Trump pour sa politique migratoire, a annoncé jeudi le procureur général de l'Etat de Washington. "C'est une politique aberrante, cruelle et anticonstitutionnelle" et "nous allons y mettre un terme", a déclaré Bob Ferguson dans un communiqué.

Time: "Bienvenue en Amérique"

Alors qu'il a souvent vanté par le passé ses nombreuses apparitions en Une du Time, Donald Trump ne devrait pas afficher celle du prochain numéro, révélée jeudi et qui le montre dominant une fillette en larmes, dont la photo a largement contribué à alerter l'opinion, avec le simple titre: "Bienvenue en Amérique".

Malgré son décret mettant fin aux séparations des familles, les critiques ne s'apaisaient pas jeudi, associations de défense des droits de l'homme et opposition démocrate dénonçant la solution apportée: les maintenir désormais en centre de rétention avec leurs parents pendant la durée des poursuites pénales.

Le Pentagone va notamment se préparer à héberger sur des bases militaires 20'000 enfants migrants entrés sur le territoire américain non-accompagnés, à la demande du ministère américain de la Santé (HHS), a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'armée américaine.

Tentant d'agir de son côté sur ce sujet brûlant, le Congrès a une nouvelle fois buté sur l'immigration, avec le report d'un vote clé sur une réforme censée mettre un terme définitif aux séparations et réformant plus largement le système.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11