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La Guinée équatoriale abolit la peine de mort (TV d'Etat)

Le président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a promulgué une loi en ce sens (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Le président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a promulgué une loi en ce sens (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 20.09.2022


La Guinée équatoriale a aboli la peine de mort, a annoncé lundi la télévision d'Etat citant une loi promulguée par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Ce pays pétrolier d'Afrique centrale est parmi les plus fermés et son régime parmi les plus autoritaires.

"La peine de mort est totalement abolie en république de Guinée équatoriale", dispose la loi du nouveau code pénal équato-guinéen, signée par le chef de l'Etat, et dont le vice-président a diffusé des extraits sur Twitter. A la télévision d'Etat, l'événement a été annoncé de façon lapidaire en clôture du journal télévisé, une journaliste qualifiant l'événement d'"historique pour notre pays".

Les condamnés à mort en Guinée équatoriale étaient habituellement exécutés par balles par des militaires. La dernière exécution officielle dans le pays remonte à 2014, selon Amnesty international. Mais le régime est régulièrement accusé d'exactions par les ONG internationales.

M. Obiang, 80 ans, détient le record mondial de longévité au pouvoir, plus de 43 ans, hors monarchies. "Je l'écris en majuscules pour sceller ce moment unique: "LA GUINÉE ÉQUATORIALE A ABOLI LA PEINE DE MORT", a tweeté le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé Teodorin, l'un des fils du chef de l'Etat, omniprésent depuis deux ans sur la scène politique et présenté comme son dauphin.

Préalablement adoptée par le parlement, où 99 des 100 députés siègent pour le compte du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), le parti présidentiel, la disposition entrera en vigueur "dans les 90 jours suivant sa publication au bulletin officiel de l'Etat", précise le texte.

Tortures et disparitions

Dans un rapport en août, l'organisation de défense des droits humains Amnesty International dénonçait la politique de lutte contre les gangs entreprise par la Guinée équatoriale qui "met à mal les droits humains", pointant des cas de détentions arbitraires, des tortures et des disparitions forcées.

"La Guinée équatoriale ignore totalement les déclarations d'Amnesty International sur les droits de l'homme car elles manquent de fondement et de crédibilité", avait alors répondu M. Obiang. Amnesty International avait estimé qu'en l'espace de trois mois, plusieurs milliers de jeunes hommes avaient été arrêtés à travers le pays.

"Sous couvert de lutte contre la criminalité, les autorités arrêtent et détiennent de façon arbitraire des jeunes, dont un grand nombre sont torturés, maltraités ou perdent la vie, ou sont soumis à une disparition forcée", avait déclaré Marta Colomer, responsable des campagnes pour l'Afrique centrale et de l'ouest à Amnesty International.

Peine maintenue dans 50 pays

Amnesty International dénonçait la même année la torture, la répression politique et les nombreuses violations des droits de l'homme sous la présidence de Teodoro Obiang Nguema, citant notamment une loi interdisant la torture approuvée en 2006 mais qui n'a pas été appliquée.

Une cinquantaine d'états continuent d'appliquer la peine capitale dans le monde. En Afrique, plus de 30 pays maintiennent la peine de mort dans leur législation, même si un peu moins de la moitié ont procédé à des exécutions ces dernières années. En Guinée équatoriale, riche en gaz et pétrole, la grande majorité des 1,3 million d'habitants vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

ats, afp

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