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La justice vaudoise doit se prononcer sur "Real Human Bodies"

Le sort de l'exposition "Real Human Bodies" à Lausanne est pendant devant le Tribunal cantonal vaudois (archives). © KEYSTONE/MARCEL BIERI
Le sort de l'exposition "Real Human Bodies" à Lausanne est pendant devant le Tribunal cantonal vaudois (archives). © KEYSTONE/MARCEL BIERI


Publié le 18.10.2018


La justice vaudoise doit autoriser ou non l'exposition controversée "Real Human Bodies" d'ici vendredi 11h00. Elle devra dire si elle admet ou rejette le recours des organisateurs contre l'interdiction prononcée par la ville de Lausanne.

La Cour de droit administratif et public (CDAP) du Tribunal cantonal a entendu jeudi après-midi les représentants des intéressés: la ville de Lausanne, les organisateurs de l'exposition prévue à Beaulieu de vendredi à dimanche ainsi que l'association ACAT-Suisse.

Origine très douteuse

L'association Action des chrétiens pour l'abolition de la torture et de la peine de mort (ACAT-Suisse) avait déposé plainte. Elle estime qu'il est très probable que les cadavres utilisés pour l'exposition soient ceux de prisonniers chinois décédés ou exécutés et de membres du Falun Gong, mouvement interdit en Chine.

Malgré deux suspensions d'audience et de nombreux coups de fil, l'avocate des organisateurs, Christina Gaist, n'a pas réussi à faire venir devant la Cour un responsable de l'évènement. Et encore moins à produire les fameux documents qui prouveraient l'origine des corps plastinés.

Ville informée

Des camions attendent devant Beaulieu et l'exposition peut être montée en quatre heures, a affirmé l'avocate. Elle a plaidé pour que la Cour admette le recours de son client en insistant sur le fait que la ville de Lausanne était parfaitement au courant du contenu de la manifestation quand elle l'a autorisée le 5 octobre.

Une décision "éloquente" sur laquelle la ville n'est revenue mardi dernier qu'après le début de polémique, selon Me Gaist. Elle a invoqué la protection des données pour ne pas révéler l'identité de ceux qui ont remis leur corps. Il n'y a en outre aucun risque de trouble à l'ordre public.

Liberté du public

Le lieu d'exposition est fermé, le public vaudois est libre de s'y rendre ou de boycotter la manifestation. La municipalité devrait s'en remettre au choix du public plutôt que d'interdire, a affirmé Christina Gaist.

Pour la ville de Lausanne, son conseiller juridique Xavier Michellod a écarté d'emblée tout débat esthétique ou moral. La seule question qui se pose, c'est le consentement donné par les personnes pour l'utilisation de leur corps. La protection de cette liberté est assurée par l'ordre juridique suisse.

Liberté fondamentale

Avec l'exposition "Real Human Bodies", "nous n'avons aucune preuve, aucune explication. On ne sait pas d'où viennent ces corps, on ne sait rien", a déploré Xavier Michellod. Dans la balance, il y a d'un côté le grave soupçon qu'une liberté fondamentale est violée et, de l'autre côté, l'utilisation mercantile de corps, a relevé le conseiller juridique.

Pour ACAT-Suisse, Dominique Joris a martelé que "les consentements de ces personnes décédées n'existent pas". Il a mentionné notamment une étude menée de 2006 à 2016 visant à faire la lumière sur le commerce d'organes et de cadavres en Chine. Le président de la Cour a clos l'audience en indiquant que les parties seraient informées du jugement par fax d'ici vendredi 11h00.

Pas de preuves

Pour rappel, lors du revirement d'opinion, le Service de l'économie de Lausanne a dit s'être heurté au refus ou à l'impossibilité des organisateurs de présenter des preuves concrètes attestant de l’accord des personnes à faire usage de leur corps dans le cadre de l’exposition. Un évènement semblable s'est tenu à Berne récemment sans qu'il suscite d'interdiction.

ats

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