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La libra se prépare dans un climat "très constructif"

Le promoteur du projet de la libra, David Marcus, lors d'une audition devant une commission de la Chambre des représentants à Washington, en juillet dernier. © KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK
Le promoteur du projet de la libra, David Marcus, lors d'une audition devant une commission de la Chambre des représentants à Washington, en juillet dernier. © KEYSTONE/AP/ANDREW HARNIK


Publié le 19.09.2019


L'association Libra, qui doit porter la nouvelle monnaie virtuelle éponyme de Facebook depuis Genève, devrait être opérationnelle d'ici la fin de l'année. Le promoteur du projet, David Marcus, salue le dialogue "très constructif" avec la Finma.

De passage en Suisse, David Marcus, parfaitement francophone et qui a étudié à Genève avant de faire carrière aux Etats-Unis chez PayPal et Messenger avant de proposer la libra au patron de Facebook David Zuckerberg, a répété l'objectif dans une interview au "Temps": lancer la libra au premier semestre 2020 et s'assurer d'une large assise.

En plus des 28 membres actuels de l'association Libra, "nous avons une demande énorme d'autres entreprises, notamment des banques, et organisations du monde entier pour devenir membres de l'association. Malgré les critiques que nous essuyons, nous travaillons dur", a dit M. Marcus.

Le puzzle prend forme. "Le processus d'obtention d'une licence de la Finma (le gendarme financier suisse) est en cours et fera l'objet d'un processus consultatif au niveau international", a-t-il ajouté. "En parallèle, nous construisons l'équipe opérationnelle à Genève pour pouvoir gérer le réseau."

L'association Libra sera dotée des "moyens nécessaires" d'ici la fin de l'année afin d'être opérationnelle. David Marcus assure que Facebook n'aura ni plus de pouvoir, ni plus de droits de vote que les autres membres. "Facebook ne sera pas le seul maître de la libra", a-t-il assuré, en référence notamment au code "open source" de la technologie qui supporte l'opération.

Conscient des critiques émises en particulier aux Etats-Unis et en France, David Marcus reconnaît que les réserves sont "légitimes", eu égard aux 2,7 milliards d'utilisateurs potentiels. "On a l'avantage, en Suisse, d'analyser les faits et les risques (...), avec rigueur." Et la Suisse possède parmi les règles "les plus strictes au monde", notamment contre le blanchiment.

La Suisse inspire confiance

Le promoteur du projet a rencontré des régulateurs et des banquiers centraux en début de semaine à Bâle, ainsi que des politiques. Il "reste très optimiste et déterminé".

A la question de savoir pourquoi la Suisse a été choisie, M. Marcus répond: "C'est une plateforme internationale neutre, ce qui est important pour la création de confiance nécessaire pour ce projet. Et il y a la volonté d'avoir un esprit d'innovation, d'ouverture, tout en étant constructif (...). Si on réussit la transformation, à terme, de l'association Libra en une sorte d'ONG qui fasse partie de la Genève internationale, ce sera encore mieux."

David Marcus égratigne au passage le monde de la finance, avec "des modèles antédiluviens qui n'ont pas changé depuis 50 ans." De quoi stimuler la libra, appelée à révolutionner les systèmes de paiements.

La Russie et la Chine poussent

D'autres acteurs seraient du reste sur les rangs, prolonge M. Marcus. "Même si on ne crée pas la libra, Telegram (réseau social dominant en Russie) est de toute façon en train de préparer son propre service avec une vision très différente. La Chine est en train de pousser très vite pour sa monnaie numérique avec des ambitions mondiales."

Concernant l'association, "nous sommes en plein recrutement (à Genève). Nous avons un directeur des opérations qui s'occupe de toute la coordination", a encore précisé le promoteur du projet.

ats, awp

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