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La loi sur les jeux d'argent plébiscitée par 72,9% de Suisses

Le peuple suisse a plébiscité le modèle de redistribution actuel, selon le comité pour la loi sur les jeux d'argent (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
Le peuple suisse a plébiscité le modèle de redistribution actuel, selon le comité pour la loi sur les jeux d'argent (archives). © KEYSTONE/GAETAN BALLY


Publié le 10.06.2018


Les casinos et les loteries suisses ont décroché le gros lot. Presque les trois quarts des Helvètes (72,9%) ont soutenu dimanche la nouvelle loi sur les jeux d'argent. Les latins étaient les plus enthousiastes, mais le soutien a dépassé les 60% dans tous les cantons.

"Les jeux sont faits", s'est réjouie tout sourire la ministre de la justice Simonetta Sommaruga. La population a confirmé les principes centraux régissant les jeux d'argent en Suisse qui figurent dans la constitution depuis 2012. Qu'une personne joue à la maison, sur son ordinateur ou à la roulette dans un casino, les règles seront les mêmes, s'est félicitée la conseillère fédérale devant la presse.

Environ 1,326 million de personnes ont glissé un "oui" dans l'urne, alors que le camp du "non" a réuni un peu plus de 490'000 personnes. Les Vaudois sont les champions de Suisse, avec 88,3% de soutien, devant les Neuchâtelois (85,3%) et les Genevois (84%). Les cantons suisses les moins convaincus par la loi sont les Soleurois (63,5%), suivis par les Schwyzois (64,1%) et les Zurichois (65,9%).

Attachement au modèle

Les Jeunesses des PLR, PVL et UDC qui avaient lancé un référendum soutenu aussi par les Jeunes Verts repartent les mains vides. La perte d'argent en jeu, à savoir un milliard de francs, a sans doute fait pencher la balance, a reconnu Kevin Morisod, coprésident des Jeunes Verts, à l'origine d'un des deux comités contre la loi.

Pour les partisans de la loi sur les jeux d'argent, le peuple a montré son attachement à la redistribution des revenus des jeux au secteur d'utilité publique. Le "oui" très clair à la nouvelle loi montre "l'attachement des Suisses au modèle actuel", selon Jean-Luc Moner-Banet, directeur de la Loterie romande.

Les jeux d'argent ne sont pas une activité comme une autre et doivent déroger aux règles du libéralisme, a renchéri Philippe Bauer, coprésident du comité pour des jeux au service de l'utilité publique. Le conseiller national PLR neuchâtelois salue le fait que les bénéfices des jeux restent en Suisse.

Il est rejoint par le PS, seul parti avec le PDC qui soutenait ouvertement la loi. Les Suisses souhaitent renforcer l'AVS grâce aux revenus des jeux en ligne, tout comme le sport et la culture, écrivent les socialistes. Les revenus des casinos ne pourront plus s'échapper dans des oasis fiscales.

Censure d'Internet

Les opposants voulaient remporter la mise en dénonçant le blocage prévu sur Internet de certaines offres de jeux en ligne. Cette bataille contre la censure d'Internet n'a pas été comprise, même par les jeunes, a estimé Filippo Lombardi, chef du groupe PDC au Parlement. "La population n'entend pas considérer Internet comme une zone de non-droit", a abondé le PS.

Philippe Nantermod, membre du comité bourgeois référendaire, les prend au mot. Il s'agit maintenant de vérifier si cette loi est efficace et si la Confédération parvient à récupérer l'argent qui file vers les offres en ligne non autorisées. "Or on verra à coup sûr que le blocage ne sert à rien", a-t-il déclaré à l'ats.

Le comité référendaire va désormais s'engager pour éviter que d'autres secteurs demandent à être préservés par un blocage d'accès au web au prétexte de protéer les Suisses. Suisses. Swico. l'association des professionnels de la technologie de l'information et communication, exige que le législateur se remette au travail si ces blocages n'ont pas les effets voulus.

Les casinos irritent

Les casinos ont eux surpris tout le monde en demandant au plus vite des allégements fiscaux comme "aide de départ" à la branche. Les casinos doivent pouvoir proposer une offre attractive, c'est pourquoi la faîtière a besoin dès à présent de la baisse d'impôts maximale prévue par la loi, qui est de 50%, sur une période de quatre ans, a affirmé Beat Vonlanthen, président de la Fédération suisse des casinos et conseiller aux Etat fribourgeois (PDC/FR).

La requête n'est pas passée inaperçue. "Ce genre de revendication n'est pas approprié le jour-même de la votation", a commenté le conseiller national Albert Rösti (UDC/BE). Jacques-André Maire (PS/NE) n'est pas plus tendre: "Ce n'est pas le moment de demander des mesures pour l'encouragement au jeu; au contraire, on a besoin de moyens supplémentaires."

Le PS fera tout pour combattre cette demande dans le cadre des ordonnances d'application de la loi. Elles sont déjà en consultation et l'ensemble devrait pouvoir s'appliquer l'an prochain. Interrogée sur cette revendication des casinos, Simonetta Sommaruga a quant à elle botté en touche. La loi le permettrait, mais le Conseil fédéral doit encore étudier la question.

ats

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