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La longue bataille des retraites lancée à l'Assemblée

Les retraites, un des grands projets du quinquennat d'Emmanuel Macron est depuis lundi devant l'Assemblée nationale (Photo prétexte). © KEYSTONE/EPA/GONZALO FUENTES / POOL
Les retraites, un des grands projets du quinquennat d'Emmanuel Macron est depuis lundi devant l'Assemblée nationale (Photo prétexte). © KEYSTONE/EPA/GONZALO FUENTES / POOL
L'Assemblée national a débuté un long marathon à l'issue incertaine sur la bataille des retraites (archives). © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT
L'Assemblée national a débuté un long marathon à l'issue incertaine sur la bataille des retraites (archives). © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT
L'Assemblée national a débuté un long marathon à l'issue incertaine sur la bataille des retraites (archives). © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT
L'Assemblée national a débuté un long marathon à l'issue incertaine sur la bataille des retraites (archives). © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT


Publié le 17.02.2020


C'est parti pour un long marathon à l'issue incertaine: la bataille des retraites a démarré lundi en France à l'Assemblée nationale dans une atmosphère déjà électrique. Le gouvernement vantant une "ambition immense" face à une opposition dénonce une réforme "injuste".

Les députés ont achevé cette première journée sur les retraites vers 23h20, sans commencer à examiner les 41'000 amendements que compte le volet ordinaire de la réforme.

En ouverture des débats dans l'après-midi, le tout nouveau ministre de la Santé Olivier Véran a défendu un projet annoncé "de longue date" qui "a la légitimité d'un programme présidentiel", à l'ouverture des débats sur cette réforme hautement sensible. Voulue par le président français Emmanuel Macron, elle vise à créer un "système universel" de retraite par points.

Jusqu'ici rapporteur du volet organique de la réforme, le "marcheur" vient de succéder à Agnès Buzyn. Celle-ci a pris le relais, dans la course pour La République en marche (LREM) à la mairie de Paris, de Benjamin Griveaux emporté vendredi par une affaire de vidéos à caractère sexuel.

Le discours du nouveau ministre a vite été interrompu par des cris de l'opposition. "S'il vous plaît, ne commencez pas, vous aurez des heures, des jours et des nuits pour vous ébrouer dans la démocratie", a lancé Richard Ferrand (LREM) depuis le perchoir.

"Journée morte" peu suivie

Après des semaines de contestation de la réforme dans la rue, l'appel à une "journée morte" dans les transports était peu suivi lundi. Plusieurs centaines de personnes ont aussi pris part à une manifestation "symbolique" en direction de l'Assemblée, en attendant une nouvelle journée interprofessionnelle jeudi.

Les opposants n'ont pas dit leur dernier mot, alors que 41'000 amendements ont été déposés. L'examen inachevé la semaine passée en commission pour cause d'avalanche d'amendements des députés LFI, un fait inédit après 75 heures de dialogue de sourds, n'était qu'un préambule.

Pour l'heure, quinze jours de débats sont prévus, soit 84 heures. Face à un calendrier jugé "intenable", Richard Ferrand a proposé juste avant le début des débats un "temps programmé" de 100 heures de débat sur trois semaines. Il s'est vu opposer une fin de non-recevoir des députés LFI et PCF.

En force... ou pas

Face à l'obstruction de la gauche de la gauche, avec ses amendements, les responsables de la majorité martèlent qu'un recours au 49-3 - l'arme de la Constitution qui permet l'adoption sans vote - "n'est pas l'objectif". Certains "marcheurs" ne l'excluent toutefois pas si le débat est "clairement impossible".

Le gouvernement table toujours sur une adoption en première lecture avant les municipales dans un mois et espère un feu vert définitif "d'ici l'été".

Mais avec autant d'amendements, "le président (de l'Assemblée Richard) Ferrand a calculé que ça ferait 365 jours à raison de dix heures par jour. Ce n'est pas très réaliste, même si nous enjambions ou mordions sur la trêve des municipales, nous n'y arriverions pas", a souri lundi soir Gilles Le Gendre, le chef de file des députés LREM.

"Une très grande bataille parlementaire"

Droite comme gauche dénoncent un "mépris" du Parlement et un projet "nébuleux" et "à trous", avec notamment la trentaine d'ordonnances programmées.

Les trois groupes de gauche - PS, PCF et LFI - tablent en plus des amendements (près de 37'000 à eux trois) sur une motion de censure à une date qui reste à déterminer. Ils ont aussi tenté en vain lundi une "motion référendaire", qui sert à demander au président de la République un référendum. Elle a été rejetée par 160 voix contre 70. Autant de "manoeuvres dilatoires" pour le gouvernement.

Le patron des insoumis Jean-Luc Mélenchon a promis de tenir "la tranchée" jusqu'à "la victoire" contre "la plus terrible régression sociale de toute la Ve République".

Les députés communistes, qui arboraient des t-shirts "Référendum" dans les couloirs de l'Assemblée, ont aussi défendu une motion de rejet (repoussée par 145 voix contre 68). Leur porte-parole Pierre Dharréville a fustigé un projet "monstrueux" et invité le gouvernement à mettre fin au "supplice".

Le vote de la réforme est programmé avant les conclusions de la conférence de financement. Celle-ci est censée trouver d'ici avril des mesures permettant d'atteindre l'équilibre en 2027.

ats, afp

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