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La mobilisation des gardiens de prison en France se poursuit sous tension

La mobilisation des surveillants de prison s'est poursuivie vendredi en France. © KEYSTONE/AP/MICHEL SPINGLER
La mobilisation des surveillants de prison s'est poursuivie vendredi en France. © KEYSTONE/AP/MICHEL SPINGLER


Publié le 20.01.2018


La mobilisation des surveillants de prison s'est poursuivie vendredi en France. Elle a été marquée par des heurts entre gardiens et forces de l'ordre tandis que trois détenus, dont un suivi pour radicalisation islamiste, ont agressé deux gardiens à Borgo (Corse, sud).

L'auteur principal de cette agression et trois autres détenus ont été interpellés et la situation est revenue à la normale, selon une source proche de l'enquête. L'attaque a été qualifiée de "grave" et "intolérable" par la ministre de la Justice: l'un des surveillants à été touché à la gorge d'un coup de couteau. Sur place Nicole Belloubet s'est engagée à "apporter des réponses", notamment en matière de sécurité et de gestion des détenus radicalisés.

Selon les autorités pénitentiaires, un projet d'accord avec les syndicats, qui doit encore être soumis à l'approbation de leur base, a été transmis à la ministre dans la soirée. Le document, publié sur le site du syndicat majoritaire, prévoit notamment la création de 1100 emplois de surveillants sur quatre ans, "dont une première tranche de 100 emplois dès 2018".

Le texte prévoit aussi des mesures pour améliorer la sécurité des gardiens et un régime de détention défini pour les "détenus terroristes et radicalisés", permettant une "étanchéité totale de la gestion des détenus les plus dangereux".

Une fois qu'elles auront examiné le document, "soit nos bases souhaitent conclure l'accord (...), soit elles nous demandent de ne pas signer et de repartir dans l'action", a expliqué un dirigeant syndical, Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire.

Reconduction du mouvement

Au quatrième jour du mouvement, des membres des forces de l'ordre ont par ailleurs chargé et tiré des gaz lacrymogènes sur 150 gardiens qui bloquaient l'accès à Fleury-Mérogis (près de Paris), plus grande prison d'Europe. Les surveillants avaient dressé une barricade de pneus et de palettes devant la porte de la prison, afin d'empêcher leurs collègues de prendre leur service.

Jeudi, dans ce même centre, 123 détenus avaient refusé de regagner leurs cellules après la promenade de la mi-journée. Ils les avaient finalement réintégrées dans le calme.

Malgré le début de négociations mardi soir avec leur direction et la promesse d'un plan pour les prisons par le président Emmanuel Macron, les syndicats ont décidé de reconduire le mouvement, lancé après l'agression le 11 janvier de surveillants par un détenu djihadiste dans une prison du nord de la France. Vendredi 80 établissements sur 188 étaient bloqués, affirment les autorités pénitentiaires.

Question des "revenants"

Les gardiens mobilisés réclament plus de moyens et de meilleures conditions de sécurité. A ce mouvement de contestation vient aussi se greffer la question de la prise en charge des détenus radicalisés. D'autant plus que la France attend le retour prochain des "revenants", ses ressortissants de retour de Syrie après y avoir combattu aux côtés des islamistes.

La France a déjà connu de longs mouvements de gardiens de prison, avec des revendications diverses concernant la surpopulation carcérale, l'insécurité, la création d'emplois... L'un des plus longs a duré près de deux mois, en novembre et décembre 1994, et concernait la création d'emplois supplémentaires ou la revalorisation des traitements.

La France compte parmi les pays ayant la surpopulation carcérale la plus élevée, avec un taux d'occupation qui atteint 140%, selon des chiffres officiels. Plusieurs pays ont appelé vendredi la France au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, à Genève, à améliorer sa gestion des prisons. Paris a promis de faire des efforts, notamment en favorisant les alternatives à la détention.

ats, afp

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