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La mutation numérique pour un renouveau du journalisme (étude)

Dans le scénario de l'étude, les imprimeries et les réseaux de distribution ont disparu, faisant baisser de moitié les coûts de production et de distribution (photo symbolique). © Keystone/DOMINIC FAVRE
Dans le scénario de l'étude, les imprimeries et les réseaux de distribution ont disparu, faisant baisser de moitié les coûts de production et de distribution (photo symbolique). © Keystone/DOMINIC FAVRE


Publié le 14.11.2017


La mutation numérique des médias devrait donner un nouveau souffle au journalisme, selon une étude mandatée par Schweizer Medien, la faîtière des éditeurs. Elle entraînerait des coûts beaucoup plus bas et permettrait de financer de nouvelles offres concurrentielles.

Le marché s'en retrouverait revigoré, tout comme la diversité d'opinions en Suisse, d'après l'enquête réalisée par l'institut Polynomics, basé à Olten (SO). Cette dernière prend comme point de départ un scénario qui se situerait dans un avenir entre 10 et 20 ans et dans lequel, suite au tournant numérique, tout le monde consulte uniquement les médias sur les écrans.

Imprimeries et réseaux de distribution ont disparu, faisant baisser de moitié les coûts de production et de distribution. Les coûteuses infrastructures de diffusion des programmes de radio et télévision ont fait place à Internet. Des plateformes comme Google et Facebook prennent toujours plus d'importance dans la diffusion de contenus journalistiques et de publicités - pour lesquelles la demande croît.

Dans ce paysage médiatique, on peut supposer que la chute des coûts de production et de distribution facilitera l'accès au marché, entraînant donc une augmentation de la pression concurrentielle, poursuit l'étude. Les nouveaux concurrents y répondront par de nouveaux "business models", une offre diversifiée ainsi que des produits se distinguant par leur qualité.

Innombrables acteurs

Selon l'étude, on s'adressera encore plus spécifiquement aux besoins des clients, ce qui assurera la diversification des médias. De nouveaux acteurs émergeront pour constituer, par exemple, des journaux numériques répondant parfaitement à des demandes très spécifiques de consommateurs.

Grâce au numérique, il sera possible de créer des contenus journalistiques ou de divertissement même pour un public réduit. La diversification de l'offre dépendra surtout de l'existence d'une demande, de consommateurs prêts à payer pour ce contenu et de moyens simples pour payer. Selon les auteurs de l'étude, la demande en contenus "peut être considérée comme acquise" en Suisse.

Cette facilité d'entrée et de sortie du marché devrait cependant avoir ses inconvénients, comme une tendance pour certains à publier des informations fausses mais attractives dont le seul but est d'augmenter les recettes publicitaires. Une partie du public se tournerait vers les médias traditionnels pour retrouver un journalisme de qualité, mais encore faudra-t-il en avoir les moyens.

Financement alternatif

Si les recettes publicitaires directes issues des publications imprimées perdront du terrain, les redevances sur les contenus prendront de l'importance. Les rédactions pourront produire et diffuser leurs contenus pour un coût largement inférieur, ce qui pourrait amortir la baisse des recettes publicitaires et des recettes issues des abonnements ou du paiement d'articles à l'unité.

Il est difficile d'anticiper ce que pourraient être les futures sources de financement du marché médiatique, notent les auteurs de l'étude. Ils citent notamment les financements grâce aux fondations, aux philanthropes ou via le crowd-funding. Le numérique devrait aussi ouvrir des perspectives de financement direct par le public, qui pourrait payer les journalistes sur des plateformes dédiées.

Pas de réglementations

Les auteurs de l'étude ont débattu de ce scénario avec une dizaine d'experts en médias, économistes et scientifiques du monde entier. Pour eux aussi, ces prédictions sont plausibles. Les auteurs de l'étude recommandent donc d'éliminer les obstacles existants pour mieux mettre en place les "business models" numériques ainsi que les formes de travail et sources de financement qui en découlent.

Les incertitudes face à l'avenir constituent un terreau pour la créativité et l'innovation, poursuivent-ils. Ces opportunités ne devraient pas être bloquées, freinées ou encadrées par des réglementations. Le risque est de figer le statu quo et d'empêcher l'innovation. Une nouvelle loi suisse sur les médias devrait permettre d'offrir au secteur un cadre adapté à l'avenir.

ats

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