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La nouvelle loi sur les médias électroniques essuie une pluie de critiques

Les radios et télévisions privées craignent de perdre des plumes avec la nouvelle loi sur les médias électroniques (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Les radios et télévisions privées craignent de perdre des plumes avec la nouvelle loi sur les médias électroniques (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON


Publié le 14.10.2018


Quasi personne ne semble séduit par la loi sur les médias électroniques. La gauche, le PBD, le PDC, les éditeurs et les syndicats déplorent un délaissement du service public régional et de la presse écrite. Le PLR et l'UDC refusent eux toute nouvelle subvention.

La loi sur la radio et la télévision sera bientôt caduque. Sa remplaçante, la loi sur les médias électroniques en consultation jusqu'à lundi, vise à prendre en compte la numérisation croissante des médias et le changement des habitudes des consommateurs.

Pour ce faire, le texte entend financer, au moyen d'une redevance, les offres audio et vidéo en ligne, ainsi que les agences de presse. Il veut aussi resserrer le mandat de la SSR et créer une nouvelle autorité chapeautant tous les médias électroniques.

Si les partis soulignent l'importance d'un débat sur le sujet, notamment après le rejet par le peuple de l'initiative "No Billag", aucun ne semble séduit par la nouvelle mouture. A l'exception des Verts'libéraux. Le parti salue une loi qui a su prendre en compte la place toujours plus grande d'internet. La SSR, principale intéressée, préfère de son côté attendre la fin du processus de consultation pour prendre position.

Réduire le mandat de la SSR

Parmi les critiques les plus virulentes, figurent celles du PLR et de l'UDC. Tous deux s'opposent à une aide directe aux prestataires de médias en ligne. "La nouvelle loi est inutile, car il existe déjà une grande offre en ligne", assure le parti conservateur.

De plus, le texte met en danger l'impartialité des médias, car ces derniers seraient alors financièrement dépendants de l'Etat, avance l'UDC. Il faudrait au contraire une dérégulation du marché, à savoir "moins de lois, plus de liberté et de concurrence".

Les deux partis trouvent en outre le mandat de la SSR trop vague et trop large. "Il doit se concentrer sur une offre essentielle dans les différentes régions linguistiques", soulignent les libéraux-radicaux. Dans leur ligne de mire: les émissions sportives ou de divertissement, qui ne devraient être proposées que si elles sont d'importance nationale et ne peuvent s'autofinancer.

"Hors de la réalité"

Du côté de la gauche, c'est avant tout l'absence de subventions pour les productions écrites qui est critiquée. "De courtes vidéos seront éligibles, et pas les textes fondés sur la recherche", dénoncent les Verts.

"La loi sur les médias électroniques est hors de la réalité quand elle sépare les médias électroniques et les médias écrits", argumente quant à lui Serge Reymond, membre de la direction générale de Tamedia. "Aujourd’hui, tous les médias sont aussi des médias électroniques." Selon lui, il faut développer l'aide indirecte à la presse.

Les syndicats, les autres éditeurs, la gauche, le PBD et le PDC le rejoignent sur ce point. Ils précisent toutefois que des garde-fous doivent être mis en place pour éviter que l'aide ne profite qu'aux grands groupes de presse.

Les régions "cobayes"

Autre grief: le délaissement des radios et télévisions régionales. La nouvelle loi péjore gravement les actuelles conditions-cadre, relèvent les Radios régionales romandes (RRR). Elle supprime le principe du service public régional et les concessions des radios régionales, et réduit leurs financements.

Les montants alloués au service public complémentaire resteront les mêmes, mais le nombre de bénéficiaires augmentera. "Si de nouvelles offres doivent être financées, il faut plus de moyens!", s'insurge Telesuisse pour qui "le niveau fédéral est bétonné alors que le niveau régional sert de cobaye".

Les associations d'éditeurs Schweizer Medien et Médias Suisse dénoncent elles la production de contenus destinés uniquement à la Toile par la SSR. Une telle pratique fausserait, pour eux, la concurrence et affaiblirait l'assise des médias régionaux.

Le PS, le PBD et le PDC estiment également que la loi ne permet pas une couverture régionale complète. Et de souligner que les radios et télévisions privées sont importantes pour la démocratie directe.

Organe de surveillance superflu?

Partis et associations critiquent encore le nouvel organe de régulation et de surveillance. Alors que certains le jugent superflu, d'autres estiment qu'une autorité extérieure est nécessaire, mais que ses prérogatives doivent être réduites et que la sélection de ses membres doit être mûrement réfléchie.

ats

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