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La police soupçonnée après la mort d'un jeune Mapuche au Chili

Camilo Catrillanca est le septième Indien chilien tué lors d'une opération de police au cours des vingt dernières années. © KEYSTONE/AP/ESTEBAN FELIX
Camilo Catrillanca est le septième Indien chilien tué lors d'une opération de police au cours des vingt dernières années. © KEYSTONE/AP/ESTEBAN FELIX


Publié le 20.11.2018


La police chilienne était montrée du doigt lundi après la mort d'un jeune Mapuche lors d'une opération dans le sud du pays. Les Indiens chiliens y réclament la restitution de terres ancestrales occupées par des entreprises forestières.

Le 14 novembre, Camilo Catrillanca, 24 ans, a reçu une balle dans la tête lors d'une opération de police dans la région de l'Araucania, à 600 km au sud de Santiago, où vit la majorité des Mapuches. Le jeune homme conduisait un tracteur en compagnie d'un autre jeune, âgé de 15 ans, dans une zone rurale où patrouillaient des policiers chargés d'enquêter sur des vols de véhicules.

La police a d'abord indiqué que la mort du jeune homme avait eu lieu lors d'un affrontement et qu'aucune caméra de surveillance n'avait pu filmer la scène. Le gouvernement a finalement annoncé qu'il existaient bien des images de vidéo, mais qu'elles avaient été détruites par un policier.

Enquête ouverte

Au Chili, la réglementation prévoit que les opérations policières soient filmées. Deux officiers et les quatre policiers qui faisaient partie de la patrouille ont été démis de leur fonction, et le parquet a ouvert une enquête.

Selon la directrice de l'Institut national des droits humains (INDH), Consuelo Contreras, le mineur qui accompagnait la victime a raconté qu'ils se trouvaient sur le tracteur "quand ils ont rencontré les policiers".

"Catrillanca lui a dit de se baisser parce qu'ils tiraient. D'abord avec des balles en caoutchouc puis à balles réelles. Ils se sont baissés et il s'est rendu compte que Camilo avait reçu une balle et qu'il était mort", a-t-elle déclaré.

Recrudescence d'attaques

Camilo Catrillanca est le septième Indien tué lors d'une opération de police au cours des vingt dernières années. "Nous ne tolérerons jamais que les Carabiniers (policiers, ndlr) agissent en dehors des limites prévues par la Constitution, la loi et de leurs propres règlements", a réagi lundi le président chilien Sebastián Piñera.

Depuis le décès du jeune homme, la région a connu une recrudescence d'attaques et incendies visant bâtiments publics et habitations - mode d'actions habituel de groupes radicaux mapuche - sans faire de victimes. Lundi, une école et au moins trois maisons ont été incendiées, a indiqué le maire de la localité de Tirua, Adolfo Millabur, à des médias locaux.

Résistance

Les Mapuche sont la principale minorité indienne du Chili. Leur frange militante réclame des terres "ancestrales" saisies par l'Etat à la fin du XIXe siècle, propriétés désormais d'entreprises forestières.

La communauté, qui a résisté à trois siècles de colonisation espagnole, compte 700'000 personnes (sur les 17 millions d'habitants du Chili) au niveau de vie très bas par rapport au reste de la population.

ats, afp

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