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La Polonaise Olga Tokarczuk gagne le Man Booker International Prize

Le jury du prix international Man Booker a souligné "l'imagination" et le "panache littéraire" de l'auteure polonaise Olga Tokarczuk (à gauche), dont l'oeuvre a été traduite "brillamment" en anglais par l'Américaine Jennifer Croft. © KEYSTONE/AP PA/MATT CROSSICK
Le jury du prix international Man Booker a souligné "l'imagination" et le "panache littéraire" de l'auteure polonaise Olga Tokarczuk (à gauche), dont l'oeuvre a été traduite "brillamment" en anglais par l'Américaine Jennifer Croft. © KEYSTONE/AP PA/MATT CROSSICK


Publié le 23.05.2018


Olga Tokarczuk et la traductrice américaine Jennifer Croft ont reçu mardi soir à Londres le prix international Man Booker pour "Les Pérégrins", roman qui retrace plusieurs voyages dans le temps et l'espace. C'est la première fois qu'une auteure polonaise est primée.

Le jury a souligné "l'imagination" et le "panache littéraire" de Olga Tokarczuk, dont l'oeuvre a été traduite "brillamment" en anglais par Jennifer Croft. Les deux femmes se partagent donc les 50'000 livres sterling (67'000 francs) du prix.

"Les Pérégrins" ("Flights" en anglais) est un carnet de voyages rassemblés en une myriade de textes courts pour composer un panorama coloré du nomadisme, où le voyage du coeur de Frédéric Chopin entre Varsovie et le Paris du XIXe côtoie les pérégrinations d'un chirurgien flamand du XVIIe, Philip Verheyen, qui a disséqué et dessiné sa propre jambe amputée. La version française du roman est sortie en 2010 aux éditions Noir sur Blanc.

Le Man Booker International Prize, qui distingue un ouvrage étranger traduit en anglais et publié au Royaume-Uni, est un des prix littéraires les plus prestigieux au monde. L'an dernier, la récompense avait été remportée par l'auteur israélien David Grossman et la traductrice britannique Jessica Cohen pour "Un cheval entre dans un bar", un douloureux portrait de la société israélienne.

Oeuvre très variée

Considérée comme la plus douée des romanciers de sa génération en Pologne, Olga Tokarczuk est, à 56 ans, l'auteure d'une douzaine d'ouvrages, traduits dans plus de 25 langues et portés sur scène ou à l'écran.

Elle affiche une oeuvre extrêmement variée, qui va d'un conte philosophique, "Les Enfants verts" (2016), à un roman policier écologiste, engagé et métaphysique "Sur les ossements des morts" (2010), en passant par un roman historique de 900 pages, "Les livres de Jacob" (2014).

"Olga est une mystique à la recherche perpétuelle de la vérité, vérité qu'on peut atteindre uniquement en mouvement, en transgressant les frontières. Toutes les formes, institutions et langues figées c'est la mort", a expliqué à l'AFP une de ses amies, Kinga Dunin, elle aussi écrivaine et critique littéraire.

Monde en mouvement

Dans son univers poétique, le rationnel se mêle à l'irrationnel. Son monde est en mouvement perpétuel, sans point fixe, avec des personnages dont les biographies et les caractères s'entremêlent et, à la manière d'un puzzle géant, créent un splendide tableau d'ensemble. Le tout décrit dans un langage à la fois riche, précis et poétique, attentif aux détails.

Elle est lauréate de nombreux prix polonais et internationaux dont, à deux reprises, du plus prestigieux prix littéraire polonais, Nike. Cinq fois, elle a obtenu le prix des lecteurs de cette compétition, dont un pour sa dernière oeuvre, "Les livres de Jacob", qui retrace l'histoire méconnue des Frankistes, une secte messianique juive ayant absorbé des éléments chrétiens, née en Pologne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

ats, dpa, afp

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