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La présidente taïwanaise réélue malgré la campagne d'intimidation de Pékin

Les électeurs sont appelés à choisir entre la présidente sortante Tsai Ing-wen (droite), son principal rival Han Kuo-yu (gauche) et l'outsider James Soong (centre) (archives). © KEYSTONE/AP/CYY MAS
Les électeurs sont appelés à choisir entre la présidente sortante Tsai Ing-wen (droite), son principal rival Han Kuo-yu (gauche) et l'outsider James Soong (centre) (archives). © KEYSTONE/AP/CYY MAS
La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a averti Pékin que l'île "ne cèdera pas aux menaces et à l'intimidation". © KEYSTONE/AP/CYY
La présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a averti Pékin que l'île "ne cèdera pas aux menaces et à l'intimidation". © KEYSTONE/AP/CYY


Publié le 11.01.2020


La présidente sortante de Taïwan, Tsai Ing-wen, qui a fait campagne contre l'autoritarisme de Pékin, a été réélue samedi. Elle a obtenu un nouveau mandat malgré la campagne d'intimidation économique et diplomatique du pouvoir communiste pour isoler l'île.

"Taïwan a montré au monde à quel point nous aimons notre mode de vie libre et démocratique ainsi que notre nation", a lancé Mme Tsai devant la presse en annonçant sa victoire. "J'espère que les autorités à Pékin comprendront que Taïwan, pays démocratique, et que notre gouvernement démocratiquement élu, ne cèderont pas aux menaces et à l'intimidation", a-t-elle ajouté.

La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces et a juré d'en reprendre un jour le contrôle, par la force si nécessaire. "La paix, c'est que la Chine abandonne ses menaces contre Taïwan", a assuré la présidente de 63 ans tout juste réélue.

Score amélioré

L'île est séparée politiquement de la Chine depuis sept décennies. Elle n'est toutefois considérée comme un pays indépendant que par une poignée de capitales dont le nombre a fondu ces dernières années.

Selon les résultats définitifs publiés par la Commission électorale, Tsai Ing-wen l'a emporté avec 57,1% des suffrages. elle a réuni 8,1 millions de voix - 1,3 million de plus que lors de son élection en 2016.

Son principal adversaire, Han Kuo-yu, membre du parti d'opposition Kuomintang, a obtenu 38,6% des voix. Il a reconnu sa défaite et a appelé la présidente sortante pour la féliciter. "Elle a un nouveau mandat pour les quatre prochaines années", a-t-il déclaré à une foule d'électeurs dans sa ville de Kaohsiung, dans le sud de Taïwan.

"Une gifle pour Pékin"

"La victoire de Tsai Ing-wen est une gifle pour Pékin car les Taïwanais n'ont pas cédé aux intimidations", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Hung Chin-fu de l'université nationale Cheng Kung à Taïwan.

Tsai Ing-wen se présente comme la garante des valeurs démocratiques face au pouvoir communiste jugé autoritaire du président chinois Xi Jinping. Han Kuo-yu argue au contraire que de meilleures relations avec Pékin pourraient apporter des bénéfices à Taïwan sur le plan économique.

Depuis l'arrivée de Tsai Ing-wen au pouvoir, Pékin a coupé les communications officielles avec l'île, intensifié ses exercices militaires, durci les pressions économiques et arraché à Taïwan sept de ses alliés diplomatiques.

Augmenter la pression

Pékin n'a pas réagi dans l'immédiat aux résultats de l'élection de samedi. Mais de toute évidence, "il ne sera pas content", pronostique Joshua Eisenman, analyste politique à l'Université Notre-Dame aux Etats-Unis. "Va-t-il continuer sa fermeté envers Tsai Ing-wen ou opter pour une approche plus souple (...), c'est la grande question", souligne-t-il.

Jusqu'à présent, les pressions de Pékin sur l'administration de Tsai Ing-wen ont été "relativement faibles", assure Jonathan Sullivan, spécialiste de la Chine à l'Université de Nottingham au Royaume-Uni. Mais la victoire de Mme Tsai devrait changer la donne et Pékin va "rapidement vouloir mettre la pression sur son deuxième mandat", prévient-il.

Cyberattaques, investissements dans les médias de l'île pour obtenir une image plus favorable, voire démonstrations de force militaire ne sont pas à exclure, estime M. Sullivan. Déjà fin décembre, Pékin a envoyé dans le détroit de Taïwan le "Shandong", son premier porte-avions de conception 100% chinoise.

Les Etats-Unis ont de leur côté félicité Tsai Ing-wen. "Sous son leadership, nous espérons que Taïwan continuera à servir de brillant exemple pour les pays qui se battent pour la démocratie", écrit le chef de la diplomatie Mike Pompeo dans un communiqué.

ats, afp

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