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La presse suisse veut une femme pour remplacer Schneider-Ammann

Le siège laissé par Johann Schneider-Ammann au sein du Conseil fédéral devra être accordé à une femme, estime la presse suisse. © KEYSTONE/ANTHONY ANEX
Le siège laissé par Johann Schneider-Ammann au sein du Conseil fédéral devra être accordé à une femme, estime la presse suisse. © KEYSTONE/ANTHONY ANEX


Publié le 26.09.2018


Johann Schneider-Ammann doit être remplacé par une femme. Sur ce point la presse suisse est unanime. Elle l'est également quand elle parle de la difficulté pour le ministre d'endosser un habit de politicien. Côté romand les critiques fusent aussi sur le timing choisi.

"Le chef du département de l’Economie montre qu’il n’a ni le sens de l’état ni celui du timing", lance Bon pour la tête. "Quel pataquès!", s'exclame Le Temps, jugeant que le Bernois rate sa sortie. Tous deux reprochent à Johann Schneider-Ammann de faire part de sa décision alors que "le gouvernement traverse une zone de turbulences et doit faire face à des enjeux cruciaux". Il y a l'accord-cadre avec l'UE et la campagne contre l'initiative de l’UDC sur l’autodétermination.

Et le gouvernement n'a pas non plus réussi à coordonner la double démission qui était attendue, soit les annonces de départ de Johann Schneider-Ammann mais aussi de Doris Leuthard. Ce qui en dit long sur le climat au sein du Conseil fédéral, souligne en substance le Tages-Anzeiger.

Cette démission qui "arrive beaucoup plus tôt que prévu (...) met ainsi sous pression son homologue, renchérit la Luzerner Zeitung. La PDC de 55 ans "doit maintenant adapter son emploi du temps à celui de Johann Schneider-Ammann."

Qui pour le remplacer?

La réponse est unanime: une femme. Le Tages-Anzeiger appelle même le PLR à réagir avec force au manque de représentativité au sein du Conseil fédéral "en proposant deux femmes pour remplacer Schneider-Ammann". Deux doubles tickets féminins feraient du bien au pays, souffle le quotidien zurichois, en pensant à l'autre remplacement qui s'annonce, soit celui de Doris Leuthard.

Parmi les favorites, la Saint-Galloise Karin Keller-Sutter, 55 ans en décembre. Son nom est imprimé mercredi dans la totalité des journaux helvétiques. Les planètes semblent cette fois alignées pour celle qui avait échoué en 2010 face à Johann Schneider-Ammann justement. Elle remplit les critères, analyse le Quotidien Jurassien: "femme, âge, fort ancrage à droite, maîtrise les langues et surtout parcours politique cantonal et fédéral idéal".

Le Courrier voit dans son nom surtout un "nouveau petit glissement à droite du centre de gravité du collège gouvernemental fédéral". Et le quotidien du bout de lac de rappeler que le Bernois avait été préféré à la Saint-Galloise "par la gauche, car jugé plus ouvert sur les questions sociales et davantage en prise avec l’économie. (...) On mesure le fossé".

Pour Le Journal du Jura, une chose est sûre: "Dans le bal des prétendants qui est désormais ouvert, les Romands n’ont pas l’ombre d’une chance, les places étant occupées par Alain Berset et Guy Parmelin. Le poste revient donc aux Alémaniques."

La méthode Schneider-Ammann

"Adepte du laisser-faire, Johann Schneider-Ammann n'a pas dérogé à la règle, qui veut qu'un ministre de l'Economie ne serve pas à grand-chose", tacle La Liberté. D'ailleurs, dans la presse, les commentateurs passent rapidement sur le bilan du conseiller fédéral. Pour 24 Heures et la Tribune de Genève, "Johann Schneider-Ammann laisse surtout un autre héritage", celui d'une méthode qu'il s'est efforcé d'appliquer tout au long de son mandat et "qui consiste à convaincre et ne jamais contraindre".

Outre-Sarine, on veut aussi y déceler un trop plein d'honnêteté. "Schneider-Ammann était avant tout une rareté à Berne, presque un fossile: un homme politique tout à fait honnête", affirme le Blick. "Un peu trop honnête pour le milieu politique", complète la Nordwestschweiz.

La Liberté y voit surtout une "absence crasse" de sens politique. "Pour être un bon ministre de l’économie, il ne suffit pas de connaître l’économie, il faut d’abord maîtriser l’art de la politique", développe dans le même ordre d'idée le Quotidien Jurassien. La "persuasion personnelle et un sens machiavélique de la formation de coalitions": voilà ce qui lui a fait défaut, conclut la Neue Zürcher Zeitung.

"S’il fut sans doute un entrepreneur à succès, il n’a, en revanche, jamais été très à l’aise au sein du Conseil fédéral, estime Le Journal du Jura. Il ne restera sans doute pas dans l’Histoire comme une de ses figures marquantes." Constat partagé par La Liberté, pour qui le démissionnaire est resté "désespérément étranger à Berne" et "apparaît depuis longtemps déjà comme un homme usé". "Il était temps qu’il cède la place à des forces plus vives – et espérons-le, féminines."

ats

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