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La Suisse a bien été une perdante de la politique fiscale de Trump

Le conseiller fédéral Guy Parmelin peut se réjouir d'un retour de la Suisse parmi les 20 premiers investisseurs. © KEYSTONE/PETER SCHNEIDER
Le conseiller fédéral Guy Parmelin peut se réjouir d'un retour de la Suisse parmi les 20 premiers investisseurs. © KEYSTONE/PETER SCHNEIDER


Publié le 12.06.2019


L'investissement étranger direct (IED) a reculé de 13% en 2018, pour la 3e année consécutive. Surtout avec le rapatriement de bénéfices de multinationales américaines qui a affecté largement la Suisse. Celle-ci revient en revanche du 156 au 13e rang des investisseurs.

Au total, l'IED est passé de 1500 à 1300 milliards de dollars, selon les chiffres dévoilés mercredi à Genève par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Un peu plus élevé toutefois que les estimations que celle-ci avait lancées en janvier dernier.

La Suisse a elle bien été l'un des principaux perdants en termes d'attractivité des fonds américains. Les flux ont diminué de 126 milliards de dollars pour s'établir à -87 milliards. En revanche, la Suisse revient dans les 20 premiers investisseurs vers l'extérieur avec 26,9 milliards de dollars.

Au total, les flux vers les pays développés ont reculé d'un quart, à moins de 560 milliards, niveau le plus bas depuis une quinzaine d'années. Ces chiffres "ne laissent présager rien de bien pour la promesse de la communauté internationale de résoudre les défis mondiaux urgents, comme la pauvreté abjecte et la crise climatique", a relevé le secrétaire général de la CNUCED Mukhisa Kituyi.

"Le recul de l'IED ne sera pas seulement à court terme", a-t-il dit devant la presse. Les "politiques" restrictives atteignent près de 40% des dispositifs pris par les Etats pour l'investissement, a ajouté de son côté le directeur de la division des investissements à la CNUCED James Zhan.

Valeur de fusions et acquisitions en augmentation

Selon M. Kituyi, les tensions commerciales pourraient continuer à peser sur l'IED en 2019 et plus tard encore. Il estime aussi que le groupe chinois Huawei est au centre d'une "guerre technologique émergente" mais qu'il est difficile de l'accuser de violation de la propriété intellectuelle alors qu'il est en avance sur les autres entreprises.

Le recul de l'IED attribué à la réforme fiscale américaine a été observé pendant les six premiers mois de 2018 où 480 milliards de dollars ont été rapatriés. Il a été compensé en partie par des transactions en augmentation pendant la seconde partie de l'année.

Les flux ont en revanche augmenté de 2% vers les pays en développement. Ceux-ci constituent 54% des volumes mondiaux, contre 46% en 2017. Autre indication, la valeur des fusions et acquisitions s'est étendue de 18%, alimentée par les liquidités utilisées par les multinationales américaines dans leurs filiales étrangères.

La moitié des 20 principaux pays d'accueil de l'IED sont en développement ou émergents. Malgré leur recul, les Etats-Unis restent premier devant la Chine et Hong Kong. De son côté, le Japon est devenu le premier investisseur vers l'extérieur devant la Chine et la France. Les Etats-Unis sont sortis des 20 principaux investisseurs.

Pour 2019, l'IED devrait se rétablir dans les pays développés avec la diminution de l'effet fiscal américain. Mais l'augmentation mondiale devrait être basse et nuancée notamment par les tensions commerciales. En 2018, les annonces de projets d'investissement entièrement nouveaux ont elles pris 1% par rapport aux 40% de 2017. Parmi les multinationales, près de 1500 sont publiques et 16 sont désormais parmi les 100 principales entreprises.

ats

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