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La Suisse demande un allégement de la protection du loup

La Suisse veut abaisser le niveau de protection des loups (archives). © KEYSTONE/AP/GERRY BROOME
La Suisse veut abaisser le niveau de protection des loups (archives). © KEYSTONE/AP/GERRY BROOME


Publié le 16.08.2018


Le loup devrait être moins protégé en Suisse. Les autorités ont déposé jeudi une demande pour faire passer le loup de "strictement protégé" à seulement "protégé" dans le cadre de la Convention de Berne. Le comité permanent de la convention devrait statuer en novembre.

L'annonce a été faite jeudi par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV). Ce n'est pas une surprise.

Le gouvernement avait déjà annoncé qu'il le ferait pour répondre à une demande de la commission de l'environnement du Conseil des Etats. Celle-ci lui avait demandé d'exploiter au maximum la marge de manoeuvre de la Convention de Berne après que le National a donné suite à une initiative cantonale valaisanne demandant de pouvoir chasser le loup toute l'année.

La Suisse avait déjà demandé le reclassement du loup, mais sans succès en 2006. Selon l'OFEV, l'augmentation de la population de loups change la donne. Plusieurs pays d'Europe de l'Ouest se penchent, eux aussi, sur la rétrogradation du statut de protection du loup. Les gouvernements de neuf régions alpines réunis fin juin dans les Grisons ont adressé à l'Union européenne une résolution en ce sens.

50 loups en Suisse

Les populations de loups se sont fortement accrues ces dernières décennies, notamment dans les pays où l'espèce avait disparu au moment de l'élaboration de la convention il y a 40 ans. En Suisse, les premiers individus ont fait leur réapparition en 1995 et une première meute s'est formée il y a sept ans dans les Grisons. Trois à quatre meutes totalisant environ 50 loups sont recensées dans les Alpes suisses.

Le loup resterait une espèce protégée même si son statut de protection devait être rétrogradé. Les États parties seraient toujours tenus de réglementer, dans la législation nationale, la protection et les interventions concernant cette espèce. Mais les pays européens concernés pourraient harmoniser leurs plans de gestion du loup.

Selon l'OFEV, les États parties pourraient gérer la présence du loup de manière plus durable et cohérente au lieu de recourir toujours plus à la clause d'exception prévue. Cette rétrogradation s'inscrirait donc également dans les objectifs de la Convention de Berne.

Bataille en Suisse

Ysengrin agite la Berne fédérale depuis des années. La législation le protégeant a déjà été adaptée. Mais le Parlement n'a eu de cesse de faire pression pour durcir le ton.

Le Parlement est en train de plancher sur une révision de la loi sur la chasse. Sans remettre en cause le statut du loup, le projet vise à ce que les espèces protégées soient plus facilement régulées si elles représentent un risque de dégâts ou de danger concret pour l’homme lorsque des mesures de protection raisonnables ne sont pas suffisantes.

Le National ne s'est pas encore prononcé. Mais les milieux de protection de l'environnement et des animaux ont déjà promis le référendum après l'adoption du projet par le Conseil des Etats.

La loi ferait désormais explicitement état de régulation des effectifs et non plus seulement de tir d'animaux isolés. Moyennant une consultation de l'OFEV, les cantons pourraient prendre les devants.

Les interventions régulatrices seraient permises non seulement pour les loups mais aussi pour certaines espèces protégées qui sont source de conflits comme le bouquetin, le lynx et le castor. Les "districts francs" seraient remplacés par des "sites de protection de la faune sauvage". Les tirs de bouquetins et de loups pourraient y être autorisés par les cantons à certaines conditions.

ats

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