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La Suisse fait un mauvais usage de ses collections scientifiques

Les collections d’insectes (ici l’Apollon Parnassius apollo) ne servent pas seulement à documenter la biodiversité, mais permettent de retracer les aires de distribution anciennes et actuelles, de comprendre l’évolution des populations, et donc d’estimer les risques encourus par une espèce. © Michel Sartori/Musée cantonal de zoologie Lausanne
Les collections d’insectes (ici l’Apollon Parnassius apollo) ne servent pas seulement à documenter la
biodiversité, mais permettent de retracer les aires de distribution anciennes et actuelles, de
comprendre l’évolution des populations, et donc d’estimer les risques encourus par une espèce. © Michel Sartori/Musée cantonal de zoologie Lausanne


Publié le 17.01.2019


La Suisse fait un mauvais usage de ses vastes collections de sciences naturelles, qui contiennent plus de 60 millions d'objets. Seulement 17% de ce matériel est enregistré numériquement et donc réellement accessible pour l'évaluation scientifique.

C'est ce que montre le rapport "Importance nationale des collections suisses de sciences naturelles" de l'Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), présenté jeudi à Berne devant la presse.

Plus de 60 millions d'animaux, de plantes, de champignons, de pierres, d'échantillons de sol et de fossiles sont conservés dans les musées, les universités et les jardins botaniques. Sur ce total, environ 20 millions d'objets documentent la transformation de la nature en Suisse; le reste provient du monde entier.

Les quelque 180'000 spécimens d'espèces et leurs sous-unités sont particulièrement importants, souligne le rapport, qui offre pour la première fois un aperçu systématique des collections des institutions publiques en Suisse.

Pour la recherche sur des sujets tels que le climat, l'agriculture (ravageurs, pesticides), les maladies transmissibles, la biodiversité ou l'utilisation souterraine (énergie géothermique, tunnels), les collections contiennent des données uniques, ont relevé les auteurs.

En particulier, les changements environnementaux au fil des décennies ou des siècles ne peuvent souvent être détectés qu'à l'aide d'objets provenant de ces collections.

Nouvelles connaissances

Par ailleurs, les chercheurs acquièrent constamment de nouvelles connaissances en analysant le matériel génétique ou la composition chimique à l'aide de scanners et d'autres méthodes modernes.

Le grand potentiel des collections pour la recherche est cependant largement inexploité en raison de l'absence de traitement, de numérisation et de mise en réseau des données. La SCNAT travaille ainsi en collaboration avec des musées, des universités et des jardins botaniques pour développer une stratégie et une plate-forme de recherche numérique.

Ces partenaires souhaitent également que les collections soient reconnues comme une infrastructure nationale de recherche. La construction de ces institutions nécessitera une augmentation des investissements d'environ 14 millions de francs, à laquelle viendront s'ajouter les contributions des institutions de collection elles-mêmes.

De nombreux pays européens ont déjà une bonne longueur d'avance sur la question, note encore la SCNAT dans un communiqué. Pour sa part, l'Union européenne a déjà répertorié les collections 2018 comme faisant partie d’une infrastructure de recherche prioritaire.

ats

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