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La Suisse n'atteindra probablement pas l'immunité de groupe cet été

L'étude Corona Immunitas vise à connaître la proportion de la population suisse qui a été infectée par le coronavirus (image d'illustration). © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI
L'étude Corona Immunitas vise à connaître la proportion de la population suisse qui a été infectée par le coronavirus (image d'illustration). © KEYSTONE/TI-PRESS/ALESSANDRO CRINARI


Publié le 09.05.2020


La Suisse n'atteindra certainement pas l'immunité de groupe face au coronavirus cet été, estime l'épidémiologiste fribourgeois Arnaud Chiolero. Le virus a peu circulé dans la population en raison des mesures de distanciation sociale.

Seuls 9,7% de la population genevoise a été exposée au Covid-19, selon les résultats de la première phase de l'étude Corona Immunitas publiés vendredi. "Ce taux est bas", mais il est "cohérent avec d'autres études menées dans le monde", notamment en Californie, explique M. Chiolero dans une interview publiée samedi par La Liberté.

"C'est certainement le signe que les mesures de distanciation sociale ont fonctionné", ajoute le chercheur, qui dirigera le volet fribourgeois de l'étude Corona Immunitas, lancé par l'Ecole suisse de santé publique (SSPH+).

Pas d'immunité de groupe

Selon lui, "il faut admettre que nous n'aurons probablement pas une proportion de 50 à 60% (de la population déjà exposée au virus et ayant développé des anticorps, ndlr) cet été, ce qui nous permettrait d'atteindre la fameuse immunité de groupe".

Cela signifie que, en supposant que les anticorps protègent de l'infection, la proportion de la population qui a été infectée sera certainement trop faible pour empêcher un rebond de l'épidémie, poursuit-il.

Le professeur de santé publique à l'Université de Fribourg appelle toutefois à "être prudents dans nos prévisions, même si tout indique que le virus soit capable de repartir, comme nous pouvons le voir dans certains pays qui ont relâché le confinement".

Après la première phase de l'étude Corona Immunitas, lancée en avril à Genève, une deuxième phase doit débuter fin mai, puis une troisième en octobre. L'objectif est de mesurer la présence d'immunoglobulines (Ig) dans le sang de centaines de sujets (25'000 au total en Suisse), en particulier les IgG, "ces anticorps qui sont les marqueurs d'une infection ancienne", explique M. Chiolero.

Reste la question de savoir si le fait d'avoir été contaminé au Covid-19 immunise définitivement contre le virus. "Il est probable qu'après avoir été exposé au virus, notre système immunitaire offre une certaine protection. Mais quels sont les degrés et la durée de cette protection, cela reste incertain", dit-il.

Des études sont en cours sur le sujet, notamment à l'Université de Lausanne, qui participe aussi à Corona Immunitas.

ats

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