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L'aide à l'Afghanistan en recul avec le Covid et conditionnée

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis souhaite des objectifs concrets pour l'Afghanistan dont le gouvernement insiste sur le souhait d'une paix avec les talibans dans ce pays. © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis souhaite des objectifs concrets pour l'Afghanistan dont le gouvernement insiste sur le souhait d'une paix avec les talibans dans ce pays. © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis souhaite des objectifs concrets pour l'Afghanistan dont le gouvernement insiste sur le souhait d'une paix avec les talibans dans ce pays. © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis souhaite des objectifs concrets pour l'Afghanistan dont le gouvernement insiste sur le souhait d'une paix avec les talibans dans ce pays. © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD
Le chef de la diplomatie afghane Mohammad Haneef Atmar a salué un montant "impressionant". © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD
Le chef de la diplomatie afghane Mohammad Haneef Atmar a salué un montant "impressionant". © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD


Publié le 24.11.2020


Le Covid va affecter l'aide internationale à l'Afghanistan qui sera aussi conditionnée. Celle-ci pourrait atteindre jusqu'à 12 à 13 milliards de dollars jusqu'en 2024, en recul, dont plus de 100 millions par la Suisse. Mardi, un cessez-le-feu "immédiat" a été demandé.

Plus de 60 pays et l'UE se sont réunis comme tous les quatre ans pour annoncer leur aide. Mais cette fois-ci, en raison de la pandémie, tous étaient en ligne à l'exception de l'ONU, de l'Aghanistan et de la Finlande, qui coprésidaient la rencontre, et d'Ignazio Cassis qui étaient à Genève.

Dans leur communiqué final, les participants, inquiets des nombreuses violences, ont appelé pour la première fois à un cessez-le-feu immédiat "général", "immédiat" et "permanent". Une demande que les talibans, avec lesquels Kaboul négocie actuellement au Qatar, "doivent entendre", a affirmé à la presse le chef de la diplomatie afghane Mohammad Haneef Atmar. Selon lui, la poursuite des violences a contribué à ce que les insurgés ne soient pas invités à Genève.

Cette conférence "peut donner un élan important au développement pacifique" de l'Afghanistan, a affirmé de son côté le conseiller fédéral. Berne, qui a été remerciée par le gouvernement afghan pour la réunion, a renouvelé les 26 millions de francs annoncés il y a quatre ans, comme l'UE qui donnera elle 1,2 milliard d'euros.

Suivi dans un an

Mais le résultat total est inférieur à celui de 2016, où plus de 15 milliards de dollars avaient été promis. Les quelque trois milliards annoncés pour 2021 seront réévalués chaque année. Ils devraient être répétés jusqu'en 2024 "dans les mêmes volumes" si les conditions sont honorées, a dit le ministre finlandais du développement Ville Skinnari.

Pas de quoi fâcher M. Atmar qui a salué un "succès" politique et un montant "impressionnant". "Un jour extraordinaire", a même dit la représentante du secrétaire général de l'ONU en Afghanistan.

Comme de nombreux autres acteurs, la Suisse exige des engagements du gouvernement. Il faut "un plan de développement clair" pour l'ensemble de l'Afghanistan avec des objectifs "prudents et réalistes", a dit le conseiller fédéral qui a notamment rencontré ses homologues finlandais et afghan, de même que le ministre afghan des finances.

Au terme de la réunion, Kaboul s'est engagée formellement dans un mécanisme politique. Comme l'ont souhaité de nombreux pays, le gouvernement promet notamment dans le communiqué final d'oeuvrer pour préserver les avancées sur les droits de l'homme, notamment l'émancipation des femmes, et sur l'état de droit. Et de faire davantage contre la corruption.

Mais les Etats-Unis ont davantage insisté, quelques jours après l'annonce de Donald Trump d'un retrait de milliers de soldats américains d'Afghanistan. Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a affirmé que "les choix faits dans les négociations de paix" avec les talibans au Qatar "affecteront la taille et la portée du soutien international et de l'assistance à l'avenir".

Problème, ceux-ci stagnent depuis deux mois. Même si les discussions au Qatar semblent progresser un peu sur les règles de procédure, selon des sources convergentes.

ONU inquiète sur le Covid

Les Etats-Unis ont promis mardi 600 millions de dollars pour l'année prochaine, dont 300 millions dépendront d'avancées dans ces pourparlers. Le président afghan Ahsraf Ghani a promis que le gouvernement resterait engagé. M. Atmar s'est dit optimiste sur des avancées "dans les prochaines semaines" si les talibans montrent la même résolution que Kaboul.

"Nous avons besoin de flexibilité de la part de toutes les parties", a insisté de son côté le chef de la diplomatie finlandaise Pekka Haavisto. Il admet que "cela prendra du temps".

La réunion de donateurs était elle censée être la dernière avant davantage de responsabilités pour l'Afghanistan dès 2025. Mais des acteurs anticipent un maintien d'une aide internationale dans cinq ans en raison des effets du Covid.

De nombreux Etats ont mentionné l'importance de rassembler tous les citoyens pour une paix durable dans ce pays. M. Ghani a lui demandé un moment de silence pour les victimes de dizaines d'années de violences, alors que plus de 100'000 personnes ont été tuées ou blessées depuis 2010.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit inquiet pour la situation humanitaire dans ce pays, qui pourrait encore se détériorer cet hiver en cas d'explosion de cas de Covid. Alors même que les système de santé et économique sont déjà fragilisés.

Selon l'ONU, 16,9 millions de personnes, soit plus de 40% de la population, font face à une malnutrition aiguë sévère. Près de 10 millions d'Afghans ont besoin d'aide humanitaire.

ats

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