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La surenchère se poursuit entre Téhéran et Washington

L'ayatollah Ali Khamenei est l'un des dirigeants iraniens visés par les nouvelles sanctions américaines (archives). © KEYSTONE/AP Office of the Iranian Supreme Leader
L'ayatollah Ali Khamenei est l'un des dirigeants iraniens visés par les nouvelles sanctions américaines (archives). © KEYSTONE/AP Office of the Iranian Supreme Leader


Publié le 25.06.2019


La tension sur le dossier iranien est encore montée d'un cran mardi. L'Iran a annoncé qu'il comptait s'affranchir davantage de l'accord de 2015 sur le nucléaire, sur fond de surenchères avec les Etats-Unis de Donald Trump.

Dans le cadre du climat ultratendu avec Washington, l'Iran a indiqué en mai qu'il cesserait de se sentir tenu par les limites que cet accord conclu à Vienne impose à ses réserves d'eau lourde et d'uranium enrichi. A ce titre, le seuil limite de réserve d'uranium enrichi doit être symboliquement franchi jeudi.

Dès mardi, la République islamique est toutefois allée plus loin: à partir du 7 juillet, elle réduira "résolument" ses engagements pris dans le cadre de l'accord, a déclaré dans une note, citée par l'agence Fars, l'amiral Ali Shamkhani, secrétaire-général du Conseil suprême de la sécurité nationale.

Le pays cesserait ainsi de respecter les restrictions consenties "sur le degré d'enrichissement de l'uranium" (limité à 3,67% par l'accord de Vienne). Il pourrait en outre reprendre un projet de construction d'un réacteur à eau lourde à Arak (centre), mis en sommeil par l'accord.

Lassitude de Téhéran

Dans sa note, l'amiral Shamkhani évoque la lassitude de Téhéran vis-à-vis des promesses des Européens -qui disent vouloir sauver l'accord depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en mai 2018- mais peinent à trouver les moyens de cette ambition.

La décision de Téhéran de se délier encore plus de l'accord de 2015 intervient surtout dans un contexte d'extrême tension avec Washington. L'Iran a accusé mardi les Etats-Unis d'avoir "fermé de façon permanente la voie de la diplomatie", au lendemain de l'annonce de nouvelles sanctions américaines.

La réaction de l'Iran est "insultante", a à son tour proclamé le président Trump, en prévenant que toute attaque iranienne ferait l'objet de représailles "écrasantes".

La Suisse en "intermédiaire"

Les sanctions américaines de lundi sont d'une portée essentiellement symbolique. Elles visent le numéro un iranien Ali Khamenei tandis que le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif, visage de la politique iranienne de détente avec l'Occident et abhorré par les ultraconservateurs iraniens, devrait être placé sur la liste des sanctions "cette semaine".

Le décret signé par M. Trump empêche "le guide suprême, son équipe et d'autres qui lui sont étroitement liés d'avoir accès à des ressources financières essentielles". Il gèlera des "milliards de dollars d'actifs", d'après Washington.

L'ambassadeur d'Iran en Suisse, Mohammad Reza Jabbari, s'est exprimé sur les ondes de la RTS sur le rôle de la Suisse dans les contacts avec Washington. Selon lui, les diplomates suisses ont "des initiatives" et joue un rôle très important et politique: "Ce n'est pas seulement une boîte aux lettres, c'est un vrai rôle d'intermédiaire".

Spirale d'accusations

Ces nouvelles sanctions viennent s'ajouter à une spirale d'accusations et d'incidents, dont des attaques d'origine inconnue contre des pétroliers et la destruction le 20 juin d'un drone américain par l'Iran dans la région stratégique du Golfe.

Craignant un embrasement, Paris, Berlin, Londres et Pékin, parties prenantes à l'accord nucléaire qu'elles défendent toujours, ont appelé à la désescalade. Dans une déclaration unanime approuvée par ses 15 membres, le Conseil de sécurité de l'ONU avait appelé lundi "au dialogue". Il devrait tenir mercredi une réunion sur l'application de l'accord de Vienne.

ats, afp

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