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La Syrie et le Venezuela accaparent le Sommet des Amériques

Le Sommet des Amériques s'est surtout attardé sur les situations syrienne et vénézuélienne. Une majorité des 33 pays ont soutenu les frappes occidentales en Syrie, défendues par le vice-président américain Mike Pence mais ils se sont divisés sur le Venezuela. © KEYSTONE/AP/KAREL NAVARRO
Le Sommet des Amériques s'est surtout attardé sur les situations syrienne et vénézuélienne. Une majorité des 33 pays ont soutenu les frappes occidentales en Syrie, défendues par le vice-président américain Mike Pence mais ils se sont divisés sur le Venezuela. © KEYSTONE/AP/KAREL NAVARRO


Publié le 15.04.2018


Les frappes occidentales en Syrie et la crise politique au Venezuela ont accaparé samedi l'attention des dirigeants réunis au Sommet des Amériques à Lima. De quoi faire oublier le thème officiel de la rencontre: la corruption.

Les dirigeants réunis à Lima ont tout de même adopté un "engagement sur la gouvernance démocratique face à la corruption". La région a "la ferme volonté" d'agir contre ce fléau, a assuré le nouveau président péruvien Martin Vizcarra, même si le texte de 57 points n'a pas de caractère contraignant. Le texte prône "la prévention et le combat contre le versement de pots-de-vin aux fonctionnaires".

Il incite aussi à inclure "des clauses anticorruption dans tous les contrats de l'Etat" et appelle à plus de transparence dans les comptes des partis, "principalement lors des campagnes électorales".

La corruption touche plusieurs pays d'Amérique latine de plein fouet. Elle vient de forcer le président péruvien Pedro Pablo Kuczynski à démissionner, remplacé par Martin Vizcarra. "PPK" a été emporté par le scandale Odebrecht qui éclabousse plusieurs dirigeants de la région dont l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et l'ancien vice-président équatorien Jorge Glas, tous deux derrière les barreaux.

Entre critiques...

Le Sommet des Amériques s'est surtout attardé sur les situations syrienne et vénézuélienne. Une majorité des 33 pays ont soutenu les frappes occidentales en Syrie mais ils se sont divisés sur le Venezuela.

En ciblant durant la nuit le régime de Bachar al-Assad qu'ils accusent d'une attaque chimique le 7 avril, les Etats-Unis ont envoyé "un message clair au régime syrien", a défendu le vice-président américain Mike Pence lors de la session plénière du Sommet.

Représentant Donald Trump, qui a renoncé au voyage pour se consacrer à la crise syrienne, Mike Pence a multiplié samedi les entretiens bilatéraux avec les dirigeants du continent, où ces attaques menées conjointement avec la France et le Royaume-Uni ne font pas l'unanimité.

Traditionnellement critiques envers Washington, la Bolivie, Cuba et le Venezuela se sont montrés les plus virulents. Le président bolivien Evo Morales a dénoncé "l'attaque irréfléchie de Trump contre le peuple frère de Syrie" et Cuba a estimé que cette "attaque atroce" "constitue une violation d'un Etat souverain, qui aggrave le conflit". Enfin, Caracas a fustigé une attaque "impitoyable et injustifiée".

... Et appel à la paix

Mais d'autres pays de la région ont surtout appelé à la prudence, comme le président brésilien Michel Temer qui a exprimé sa "profonde préoccupation face à l'escalade du conflit militaire en Syrie". "Maintenant, c'est le moment de trouver des solutions durables, fondées sur le droit international, pour une guerre qui dure trop longtemps, avec un coût humain élevé", a-t-il plaidé.

Son homologue mexicain Enrique Peña Nieto a dénoncé les attaques chimiques, demandant la fin du recours à "ces instruments aux conséquences si cruelles" "à travers le droit international". "Nous soutiendrons toujours les actions pour punir son usage et chercher son éradication, mais nous lançons aussi un appel à la paix", a dit le président colombien Juan Manuel Santos.

Sanctions contre Caracas

Mike Pence a également mené la charge contre le Venezuela, en pleine crise politique, économique et humanitaire, qu'il a qualifié d'"Etat essentiellement défaillant". Il a répété que les Etats-Unis ne resteraient "pas sans rien faire face à un Venezuela qui s'effondre".

Le conclave régional a déclaré le président Nicolas Maduro persona non grata mais n'a pu se mettre d'accord sur une déclaration commune. Le groupe inclut des pays alliés du Venezuela comme Cuba et la Bolivie. "Ils voulaient nous exclure du sommet et ce qu'ils ont obtenu est un échec. Ce fut un échec total", a réagi Nicolas Maduro dans un discours à Caracas devant quelques-uns de ses partisans.

Les Etats-Unis et les 16 pays du groupe de Lima, dont la Colombie, le Brésil, l'Argentine et le Chili, ont exigé, dans une déclaration commune, une élection présidentielle "avec des garanties nécessaires pour un processus libre, juste, transparent et démocratique, sans prisonniers politiques". Ils avertissent qu'ils considéreraient la présidentielle vénézuélienne de mai comme "illégitime" sans participation de l'opposition.

ats, afp

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