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La Turquie n'a donné aucun enregistrement sur Khashoggi

Le consulat saoudien à Istanbul a déjà été perquisitionné deux fois par la police turque. © KEYSTONE/AP/LEFTERIS PITARAKIS
Le consulat saoudien à Istanbul a déjà été perquisitionné deux fois par la police turque. © KEYSTONE/AP/LEFTERIS PITARAKIS
Les enquêteurs ont collecté de "nombreux échantillons" lors des perquisitions qu'ils ont menées au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul et dans la résidence officielle du consul saoudien. © KEYSTONE/AP/LEFTERIS PITARAKIS
Les enquêteurs ont collecté de "nombreux échantillons" lors des perquisitions qu'ils ont menées au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul et dans la résidence officielle du consul saoudien. © KEYSTONE/AP/LEFTERIS PITARAKIS


Publié le 19.10.2018


La Turquie n'a partagé avec aucun autre pays des enregistrements liés à Jamal Khashoggi, a déclaré vendredi le ministre turc des Affaires étrangères. Le journaliste saoudien est porté disparu après s'être rendu au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre.

"La Turquie n'a pas donné d'enregistrement audio à (Mike) Pompeo (ndlr-le secrétaire d'Etat américain) ni à aucun autre officiel américain", a dit Mevlüt Cavusoglu lors d'une visite en Albanie, alors que des médias ont rapporté que les autorités turques ont remis ces enregistrements aux Etats-Unis. "Nous partagerons dans la transparence avec le monde entier les résultats qui émergeront", a-t-il ajouté mais, à ce stade, a-t-il poursuivi, "nous n'avons partagé aucune information avec un pays, quel qu'il soit".

D'après la chaîne CNN Türk, le ministre a confirmé qu'Ankara disposait de preuves de la mort de Jamal Khashoggi rassemblées par les enquêteurs.

Le président américain Donald Trump, après avoir semblé tergiverser sur l'affaire, a déclaré jeudi qu'il semblait "certain" que le journaliste saoudien a été assassiné et a prévenu que les conséquences seraient "très sévères" s'il était avéré que des dirigeants saoudiens sont impliqués. Ryad nie toute responsabilité dans cette affaire.

"A moins que le miracle des miracles ne se produise, je reconnaîtrai qu'il est mort", a précisé le président américain dans une interview accordée par ailleurs au New York Times. Il y exprime en outre sa confiance dans les informations du renseignement suggérant une implication saoudienne de haut niveau dans l'assassinat de Khashoggi mais ajoute qu'il est encore "un peu trop tôt" pour tirer des conclusions définitives sur les commanditaires du meurtre.

ABC News, citant une source turque haut placée, a rapporté jeudi que Mike Pompeo, dépêché par Trump à Ryad puis Ankara, avait entendu lors de son escale en Turquie un enregistrement audio établissant, selon des médias pro-gouvernementaux turcs, que Khashoggi a été assassiné à l'intérieur du consulat. Pompeo, qui s'est entretenu avec Trump avant les dernières déclarations de ce dernier, est reparti à Washington avec une transcription de cet enregistrement, a ajouté ABC News. Mais le chef de la diplomatie américaine a démenti: "Je n'ai entendu aucun enregistrement, je n'ai aucune transcription", a-t-il dit à des journalistes.

Fouilles dans une forêt

La police turque, qui recherche toujours le corps de Khashoggi, procède à des fouilles dans une forêt située aux abords d'Istanbul et dans une ville proche de la mer de Marmara, a-t-on appris jeudi soir auprès de responsables turcs. Les enquêteurs, qui ont travaillé sur les déplacements des voitures sorties le 2 octobre du consulat d'Arabie saoudite, ont élargi le champ de leurs recherches et pensent désormais que les assassins du journaliste se sont peut-être débarrassés du corps dans la forêt de Belgrad, qui jouxte Istanbul vers le nord, et dans une zone rurale proche de la ville de Yalova, à 90 km au sud d'Istanbul.

Ils ont par ailleurs collecté de "nombreux échantillons" lors des perquisitions qu'ils ont menées au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul et dans la résidence officielle du consul saoudien, a-t-on ajouté de même source. Dans le cadre de l'enquête, les employés du consulat étaient entendus vendredi comme témoins dans les bureaux du procureur, a rapporté l'agence de presse Anadolu.

Le malaise provoqué par la disparition du journaliste a gagné les milieux d'affaires, poussant de nombreux dirigeants d'entreprises et de banques à annoncer leur retrait du "Davos du désert", une conférence internationale sur l'investissement qui aura lieu du 23 au 25 octobre à Ryad.

ats, reu

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