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La Ville de Genève s'oppose à un projet autoroutier à ses portes

Pour la Ville de Genève, une autoroute entre Thonon-les-Bains et Machilly, près d'Annemasse, ferait double emploi avec le service du Léman Express et serait une aberration environnementale (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Pour la Ville de Genève, une autoroute entre Thonon-les-Bains et Machilly, près d'Annemasse, ferait double emploi avec le service du Léman Express et serait une aberration environnementale (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 27.01.2020


La Ville de Genève va batailler devant le Conseil d'Etat français pour s'opposer à la construction d'un tronçon autoroutier dans le Chablais français. L'exécutif municipal juge le projet, décrété d'utilité publique, incongru en cette période d'urgence climatique.

"Je vais me rendre à Paris le 14 février pour déposer le recours devant le Conseil d'Etat", a déclaré lundi le conseiller administratif de la Ville de Genève Rémy Pagani. Avec le RER Léman Express, qui vient d'être mis en service, ce projet autoroutier entre Thonon-les-Bains et Machilly "appartient au passé".

La municipalité a mandaté l'avocat français Christian Huglo pour défendre ses intérêts. Ce spécialiste en environnement et droit public a rappelé devant les médias qu'un projet autoroutier semblable avait déjà été abandonné dans les années 90. Le Conseil d'Etat français l'avait considéré comme inutile.

Depuis, la situation a profondément évolué. La question climatique est devenue prioritaire. Pourquoi construire une autoroute qui débouchera sur des axes engorgés alors, qu'à côté, un même service, bien plus favorable à l'environnement, est offert par le Léman Express, s'est interrogé M.Huglo.

Des coûts astronomiques

"Ce projet ne tient pas la route en matière de réchauffement climatique", a poursuivi l'avocat. Par ailleurs, les coûts de construction de ce tronçon sont démesurés, à cause des compensations écologiques à faire. Pour les opposants à cette liaison, cette autoroute sera probablement la plus chère de France au kilomètre.

La Ville de Genève veut aussi faire valoir devant le Conseil d'Etat français la Convention alpine liant la France et la Suisse qui protège une partie du sol hexagonal. Ce texte prévoit que les autorités suisses soient consultées pour des projets voisins en France et vice-versa, a expliqué M.Pagani.

La Ville de Genève est soutenue dans ce combat par des élus, des associations et des habitants du Chablais savoyard. Ceux-ci vont également saisir, dans des procédures distinctes, le Conseil d'Etat pour contester le caractère d'utilité publique du tronçon autoroutier, décrété par le gouvernement français.

Selon M.Huglo, le Conseil d'Etat français pourrait prendre environ deux ans pour se prononcer sur les recours qui lui sont soumis. Les recours n'auront pas d'effet suspensif. Les travaux pourraient ainsi théoriquement commencer, une fois la concession accordée. Les frais de recours s'élèvent pour la Ville de Genève à environ 3000 francs.

ats

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