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La violence néonazie en procès pour le meurtre d'un élu

Le fils et la femme de Walter Lübcke (au premier rang) ont tenu à assister au procès pour "envoyer un signal clair contre la haine et la violence". © KEYSTONE/EPA/Thomas Lohnes / POOL
Le fils et la femme de Walter Lübcke (au premier rang) ont tenu à assister au procès pour "envoyer un signal clair contre la haine et la violence". © KEYSTONE/EPA/Thomas Lohnes / POOL
Le fils et la femme de Walter Lübcke (au premier rang) ont tenu à assister au procès pour "envoyer un signal clair contre la haine et la violence". © KEYSTONE/EPA/Thomas Lohnes / POOL
Le fils et la femme de Walter Lübcke (au premier rang) ont tenu à assister au procès pour "envoyer un signal clair contre la haine et la violence". © KEYSTONE/EPA/Thomas Lohnes / POOL


Publié le 16.06.2020


Le procès du meurtrier présumé d'un élu favorable à l'accueil des migrants s'est ouvert mardi à Francfort. Ce militant néonazi a préparé pendant plusieurs années son acte, motivé selon l'accusation par une xénophobie exacerbée notamment par l'attentat de Nice en 2016.

L'audience dans cette affaire qui réveille le spectre du terrorisme d'extrême droite en Allemagne a suscité un très vif intérêt du public et des médias. C'est en effet la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu'une affaire de ce type est jugée outre-Rhin. Après la lecture de l'acte d'accusation mardi, les débats devraient entrer jeudi dans le vif du sujet.

Dans la nuit du 2 juin 2019, Walter Lübcke, un élu de 65 ans du parti conservateur CDU d'Angela Merkel, fume une cigarette sur la terrasse de sa maison à Cassel, en Hesse, lorsqu'il est tué d'une balle dans la tête tirée quasi-à bout portant.

"Meurtre de sang-froid"

Après deux semaines d'enquête, un suspect, un homme de 46 ans proche de la mouvance néonazie, est interpellé et avoue le crime, avant de se rétracter et d'accuser un complice présumé. Sans convaincre les enquêteurs.

Le parquet fédéral allemand l'accuse de "meurtre aggravé" et "tentative de meurtre aggravé". Il encourt la réclusion à perpétuité à l'issue d'un procès prévu pour durer au moins jusqu'à la fin octobre.

L'épouse et les deux fils de la victime, qui se sont portés parties civiles, ont tenu à y être présents afin d'"envoyer un signal clair contre la haine et la violence", a expliqué le porte-parole de la famille.

Leur avocat s'est dit convaincu qu'il s'agissait d'"un meurtre planifié de sang-froid, lâche et perfide, aux motivations les plus basses". Ulcéré par l'accueil de réfugiés en Allemagne à partir de 2015 et l'attentat au camion-bélier de Nice l'année suivante, l'accusé avait ainsi espionné l'élu avec une caméra thermique les jours ayant précédé le crime, selon le parquet.

Un complice

Il n'est pas seul dans le box des accusés. Son complice présumé se voit reprocher de l'avoir entraîné au tir en forêt, "y compris avec l'arme utilisée" pour le meurtre, sans pour autant être "au courant des plans réels de l'attentat".

Les deux suspects ont également, selon les enquêteurs, assisté ensemble à une réunion publique au cours de laquelle Walter Lübcke avait apporté son soutien à la politique généreuse d'accueil des migrants décidée en 2015 par la chancelière Angela Merkel.

A l'occasion de cette intervention qui a déchaîné la mouvance d'extrême droite, M. Lübcke était allé jusqu'à inviter les opposants à l'arrivée de réfugiés à quitter l'Allemagne.

A partir de cette réunion, le meurtrier présumé, aussi accusé d'une tentative de meurtre à l'arme blanche en 2016 d'un demandeur d'asile irakien, a de plus en plus projeté sur Walter Lübcke sa haine xénophobe, estime le parquet.

Autres cibles

Des investigations sur son matériel informatique ont aussi révélé, selon plusieurs médias, qu'il avait d'autres cibles potentielles en vue : des élus et une synagogue.

L'accusé est connu des autorités de longue date en tant que sympathisant néonazi au potentiel violent. Malgré son passé chargé, les services de renseignement avaient cessé ces dernières années de le surveiller.

Sous-estimée dans les années 2000 par les autorités malgré les meurtres de huit immigrés turcs, d'un Grec et d'une policière allemande par le groupuscule néonazi NSU, la menace du terrorisme d'extrême droite est aujourd'hui perçue comme un défi crucial à la sécurité intérieure.

En marge de ce procès, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a appelé les Allemands à s'engager activement contre le racisme. "Ce n'est pas suffisant de ne pas être raciste, nous devons être antiracistes", a-t-il affirmé.

L'Allemagne a érigé au premier rang des menaces le terrorisme d'extrême droite après plusieurs attentats ces derniers mois, en particulier contre une synagogue de Halle en octobre 2019 et contre des bars à chicha près de Francfort en février.

ats, afp

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