La Liberté

Large remaniement du gouvernement Macron

Emmanuel Macron a nommé Christophe Castaner ministre de l'Intérieur, en remplacement de Gérard Collomb, dans le cadre d'un remaniement gouvernemental. © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT
Emmanuel Macron a nommé Christophe Castaner ministre de l'Intérieur, en remplacement de Gérard Collomb, dans le cadre d'un remaniement gouvernemental. © KEYSTONE/EPA/YOAN VALAT


Publié le 16.10.2018


Après deux semaines d'attente, la France a mardi un nouveau gouvernement, remanié après le départ fracassant début octobre du ministre de l'Intérieur. Des personnalités mal connues du grand public y ont fait leur entrée.

Cette nouvelle équipe - qui compte peu de poids lourds politiques - veut apporter un "second souffle" au quinquennat d'Emmanuel Macron, tombé très bas dans les sondages après un été et une rentrée chaotiques. Dans un message pré-enregistré et diffusé à la télévision mardi soir, Emmanuel Macron a déclaré entendre "les critiques" et assuré qu'il n'y aura "ni tournant ni changement de cap" de sa politique.

"Ce dont vous pouvez être sûrs est que ma volonté d'action, qui n'a rien perdu de son intensité" est "aujourd'hui plus forte encore", a-t-il poursuivi. L'exécutif va "continuer et persévérer" sans "changer de cap", avait affirmé un peu plus tôt le Premier ministre Edouard Philippe face aux députés, lors de la première séance de questions au nouveau gouvernement.

Gouvernement rajeuni

Rajeuni - la moyenne d'âge passe sous les 50 ans - ce gouvernement comprend, outre le Premier ministre, 34 membres, avec une parité hommes-femmes. Il compte huit entrants.

D'une longueur inédite en France, ce remaniement a donné lieu à d'intenses consultations entre le chef de l'Etat, qui se veut au centre de l'échiquier politique, et son Premier ministre issu de la droite, avec le souci de respecter un équilibre droite/gauche, selon l'entourage de M. Macron.

Ce "mécano gouvernemental" ne "marque pas vraiment un rééquilibrage à gauche", souligne toutefois Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. "Permettra-t-il à Emmanuel Macron de combattre l'impopularité? Je n'en suis pas sûr".

Accusé par certains "d'arrogance" et de manque d'écoute, le président français a vu sa popularité fortement entamée par l'affaire dite "Benalla", du nom d'un de ses collaborateurs accusé de violences, et une série de saillies polémiques. M. Macron a notamment qualifié les Français de "Gaulois réfractaires au changement" et estimé qu'un "pognon de dingue" était consacré aux aides sociales.

Un proche à l'Intérieur

C'est un proche du président, Christophe Castaner, 52 ans, qui a été nommé ministre de l'Intérieur. Il remplace Gérard Collomb, dont la démission surprise le 2 octobre - suivant de peu celle d'un autre pilier du gouvernement, Nicolas Hulot - avait donné le sentiment d'un flottement au gouvernement, alors que la France est toujours sous menace terroriste.

M. Castaner occupait jusque-là le poste de secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et était également à la tête du parti présidentiel, La République en marche (LREM), qu'il va quitter prochainement. Il sera épaulé par Laurent Nuñez, actuel directeur du service de renseignement intérieur (DGSI).

En pleine grogne des élus locaux en France, Jacqueline Gourault (du parti centriste Modem), est, elle, nommée à la tête d'un grand ministère des Territoires, avec à ses côtés Sébastien Lecornu, nommé ministre chargé des Collectivités territoriales, et Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement.

Spécialiste des collectivités, reconnue pour ses capacités d'écoute et de dialogue, la ministre devra pacifier les relations avec les élus locaux, tendues par des coupes dans les emplois aidés et la limitation des dépenses des principales collectivités.

"Baudruche en train de se dégonfler"

Un ex-cadre du parti LR, Franck Riester, est nommé ministre de la Culture à la place de Françoise Nyssen, remerciée. Cette figure du monde de l'édition empêtrée dans plusieurs dossiers, avait été récemment visée indirectement par une enquête judiciaire contre sa maison d'édition.

Le centriste Marc Fesneau (Modem) devient ministre auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement. Au poste de ministre de l'Agriculture, le sénateur Didier Guillaume remplace Stéphane Travert, un ancien socialiste comme lui. "Ce remaniement annoncé comme un second souffle ressemble plus à une baudruche en train de se dégonfler", a ironisé Christian Jacob, président du groupe Les Républicains à l'Assemblée.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11