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Lausanne: peine ferme requise contre le commissaire-priseur

Le Ministère public a requis une peine ferme contre l'un des accusés au procès des tableaux volés (Photo d'illustration). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Le Ministère public a requis une peine ferme contre l'un des accusés au procès des tableaux volés (Photo d'illustration). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON


Publié le 22.11.2017


Le Ministère public vaudois a requis mercredi 30 mois de prison, dont un an ferme, dans un procès pour vol de tableaux après le décès d'une riche résidente française en 2003 à Lausanne. La défense a vivement contesté et réclamé l'acquittement.

Le Parquet a requis 30 mois de prison, dont un an ferme, pour vol à l'encontre du principal accusé, commissaire-priseur à Paris. Il a demandé 15 mois d'emprisonnement avec sursis pour les deux autres accusés, un ami de la défunte et ancien médecin de 92 ans ainsi qu'un ex-banquier devenu homme de confiance de la vieille dame. Tous deux sont également accusés d'escroquerie et de faux dans les titres.

Dans cette affaire emberlificotée, où subsistent plusieurs zones d'ombre et où on a perdu la trace de nombreuses oeuvres, le procureur Laurent Maye s'est forgé une "intime conviction" sur la base d'un "faisceau d'indices et d'éléments concordants qui peuvent suffire à condamner", a-t-il dit devant le Tribunal correctionnel de Lausanne.

La défunte, qui a passé les dernières années de sa vie à Lausanne, possédait une collection d'environ 150 tableaux: quelques peintures et sculptures, mais pour l'essentiel des dessins de maîtres du 16e au 19e siècle. Décédée sans héritier, ses oeuvres devaient revenir à deux musées à Ulm et Stuttgart, par l'intermédiaire d'une fondation.

Plusieurs millions

Pour le Parquet, qui n'a pas de "doute raisonnable", une partie de la collection - peut-être une cinquantaine d'oeuvres - a été soustraite à la succession peu après le décès. Et par qui d'autre que les trois prévenus qui avaient alors accès à l'appartement de la défunte. La valeur des oeuvres volées atteindrait plusieurs millions de francs.

La culpabilité du commissaire-priseur établi à Paris est d'autant plus grave qu'il avait été chargé de faire l'inventaire des oeuvres d'art après le décès de leur propriétaire. Ses deux co-accusés bénéficient, à leur décharge, l'un de son grand âge qui l'a rendu confus, l'autre des dégâts de l'affaire sur sa vie privée.

"C'est la banale histoire d'une vieille dame esseulée et de trois personnes qui ont attendu le moment propice pour se servir", a résumé pour sa part Me Angelo Ruggiero, avocat de la fondation créée au nom de la défunte. A ses yeux, les malversations dateraient même de bien avant le décès.

Absence de preuve

Les deux avocats du commissaire-priseur contestent énergiquement. Aucun élément tangible n'atteste le vol de 41 tableaux au domicile lausannois de la vieille dame. Elle donnait et vendait "assez régulièrement" des oeuvres, a rappelé Me Jacques Michod.

"J'attends du Ministère public qu'il me présente un commencement de preuve", a renchéri Me Nicolay Fakiroff. Le vol porte sur un nombre de tableaux indéterminé, à un moment indéterminé et dans des circonstances indéterminées. Il ne faut pas renverser le fardeau de la preuve: c'est à l'accusation d'apporter les preuves, pas au prévenu de démontrer qu'il n'est pas coupable, ont-ils dit.

Leur client risque gros. Une condamnation pour vol remettrait en cause ses activités à son étude parisienne.

Pas d'escroquerie

L'accusation de vol ne tient pas, a abondé Me Amédée Kasser, avocat de l'ancien médecin. Ni celle d'escroquerie et de faux dans les titres, en ce qui concerne son client. Celui-ci avait aidé à confectionner un faux de 200'000 francs, à son profit, avec la signature de la défunte apposée par décalcomanie.

Il n'avait "pas la conscience, ni la volonté de réaliser un faux", a plaidé son avocat. Il n'y avait rien d'étonnant à ce que la défunte veuille lui remettre une gratification, après sa mort, lui qui s'était beaucoup occupé d'elle. L'avocat du troisième prévenu s'exprimera jeudi. Le jugement tombera ultérieurement.

ats

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