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Le Carnaval de Rio s'achève dans la joie et la contestation

Les écoles de samba ont fait vibrer l'immense sambodrome de Rio de Janeiro sous un déluge de décibels et de danses enfiévrées pendant deux nuits entières. © Keystone/AP/LEO CORREA
Les écoles de samba ont fait vibrer l'immense sambodrome de Rio de Janeiro sous un déluge de décibels et de danses enfiévrées pendant deux nuits entières. © Keystone/AP/LEO CORREA


Publié le 13.02.2018


Le carnaval de Rio s'est achevé tôt mardi dans la joie mais aussi la contestation. Les coupes budgétaires de la célèbre manifestation n'ont pas réussi à gâcher la féérie de deux nuits de défilés colorés.

Très attendue à la fin de la nuit, l'école de samba de Beija-Flor, la dernière des treize à défiler, a délivré un message militant et sans concession sur les maux qui font l'actualité du Brésil aujourd'hui: violence et corruption.

Sur un char représentant une favela, des scènes illustraient le quotidien: prises d'otages, fusillades, braquages, et un corps dans un cercueil avec le message: "encore une espérance perdue". Plus loin, des hommes d'affaires véreux, les poches débordant de billets, distribuaient des liasses à la ronde.

Enfin, la célébrissime drag queen Pabllo Vittar est apparue dansant sur un char, vêtue d'une toge arc-en-ciel en faveur de la communauté LGBT victime de plus de 300 meurtres par an au Brésil.

Evangéliste honni

Dès la première nuit du carnaval, le ton contestataire avait été donné au sambodrome par des flèches envoyées au maire de Rio de Janeiro, Marcela Crivella, un évangéliste honni par les Cariocas pour avoir divisé par deux les subventions des écoles de samba.

Comme en 2017, M. Crivella, qui ne goûte pas la sensualité débridée du plus grand carnaval au monde, ne s'y est pas rendu cette année: il est parti en Europe dès dimanche. Ironiquement, c'est le maire de Sao Paulo, Joao Doria, qui a été vu dans les tribunes lundi soir.

Dimanche, l'école Paraiso do Tuiuti avait fait défiler en Dracula le président Michel Temer - accusé de corruption - représenté avec des billets collés sur des plumes de paon. Pourtant pour beaucoup de Cariocas, le carnaval a été l'occasion d'oublier la corruption, la violence et la crise qui a fait 12 millions de chômeurs au Brésil.

Treize prestigieuses écoles

Et en effet les écoles de samba ont fait vibrer l'immense sambodrome de Rio de Janeiro sous un déluge de décibels et de danses enfiévrées pendant deux nuits entières. Lundi soir l'école Unidos da Tijuca a ouvert la dernière nuit des défilés des treize prestigieuses écoles de samba qui rivalisent pour la première place.

Puis celle de Portela, arrivée 1ère ex-aequo l'an dernier, a électrisé les tribunes pleines à craquer lorsque ses milliers de danseurs et danseuses costumés de bleu et d'or et ses chars représentant New York ont parcouru sur des rythmes endiablés les 700 mètres du mythique sambodrome. Un stade en forme d'avenue.

Celle de Salgueiro a suivi, avec ses rois noirs et ses chars immenses figurant des palais d'Egypte. Dans les tribunes, les 72'000 spectateurs, debout, connaissaient apparemment toutes les paroles des chansons. Jusqu'à l'aube mardi, six écoles au total auront défilé une heure chacune - pour une année entière de préparatifs.

La veille, sept écoles de samba avaient présenté 3000 danseurs, chanteurs et musiciens chacune dans des tonnerres de percussions rythmant des danses haletantes.

Quelque 1,5 million de touristes

L'engouement pour ce carnaval, qui a amené cette année 1,5 million de touristes à Rio, est tel que la foule s'était agglutinée autour du sambodrome sur les avenues et les ponts en surplomb.

Les résultats de la compétition seront connus mercredi. Les écoles sont évaluées sur de nombreux critères techniques: chorégraphie, musique, scénographie, costumes, chars, rythme auquel elles défilent, ou thème choisi.

ats, afp

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