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Le chef d'une grande famille mafieuse de New York assassiné

Selon plusieurs médias, Francesco "Frank" Cali aurait reçu six balles, avant que les auteurs présumés ne lui roulent dessus avec leur véhicule, puis prennent la fuite. © KEYSTONE/AP/SETH WENIG
Selon plusieurs médias, Francesco "Frank" Cali aurait reçu six balles, avant que les auteurs présumés ne lui roulent dessus avec leur véhicule, puis prennent la fuite. © KEYSTONE/AP/SETH WENIG


Publié le 15.03.2019


Le chef du clan Gambino, l'une des grandes familles de la mafia new-yorkaise, a été tué par balles mercredi soir à l'extérieur de son domicile de Staten Island. Malgré leur influence déclinante, les clans italo-américains sont encore actifs.

Selon plusieurs médias, Francesco "Frank" Cali aurait reçu six balles, avant que les auteurs présumés ne lui roulent dessus avec leur véhicule, puis prennent la fuite. Aucune interpellation n'a été effectuée en lien avec cet homicide, a précisé un porte-parole de la police.

Agé de 53 ans et considéré comme adepte d'un style de vie discret, Frank Cali faisait partie des rares chefs de clan italo-américains encore dans la force de l'âge. En 2015, plusieurs médias avaient rapporté son intronisation à la tête du clan Gambino, dont il faisait déjà officiellement partie depuis plus de vingt ans.

Né à New York, il avait des liens directs avec la mafia italienne, principalement le clan Inzerillo. En 2008, Frank Cali avait été inculpé dans un dossier gigantesque, lié au clan Gambino, qui comprenait 62 accusés.

Il avait plaidé coupable d'extorsion et été condamné à 16 mois de prison dans le cadre d'un projet de construction d'un circuit automobile destiné à accueillir un grand prix du championnat Nascar, lequel n'a finalement jamais vu le jour.

Assassinats courants

Frank Cali n'avait qu'un seul surnom, "Franky Boy", à la différence de la plupart de ses co-accusés de l'époque, "le docteur" (Nicholas Corozzo), "le conducteur" (Leonardo DiMaria) ou "la boule de graisse", l'un des nombreux sobriquets du parrain qui l'a précédé chez les Gambino, Domenico Cefalu.

Fondé au début du XXeme siècle, le clan fut un temps considéré comme le plus puissant des Etats-Unis. Mais la condamnation à perpétuité, en 1992, de John Gotti, le chef du clan qui était devenu une célébrité nationale, a porté un sérieux coup à l'organisation, qui ne s'en est jamais vraiment remise. John Gotti est mort en prison en 2002.

Comme dans beaucoup de familles mafieuses, les assassinats de membres de l'organisation sont monnaie courante. Le fondateur du clan, Salvatore D'Aquila, a été tué en 1928, puis Albert Anastasia en 1957, et Paul Castellano en 1985.

Ce dernier meurtre, à la sortie du restaurant Sparks, en plein coeur du quartier des affaires de Manhattan, avait été commandité par John Gotti lui-même, décidé à prendre les rênes du clan.

Une mafia plus locale

La mafia italo-américaine est indissociable de la région de New York, voire même de l'histoire des Etats-Unis, depuis les années 1920, mais elle est largement passée au second plan depuis le début des années 2000.

En grande partie dépossédée du trafic de drogue par les cartels mexicains, elle s'est rabattue sur des activités plus locales, qu'elle maîtrise de longue date: extorsion, prêts usuraires, jeu clandestin, fraude aux cartes de crédit ou à l'assurance santé.

Egalement concurrencée par les organisations liées à l'ancienne Union Soviétique ou l'Asie, elle reste néanmoins active, comme en ont témoigné une série de coups de filets réalisés en 2016 et 2017.

L'assassinat de Frank Cali intervient quelques jours après le décès, en prison, de Carmine Persico, chef du clan Colombo, à 85 ans. Gambino et Colombo font partie des cinq grandes familles de la mafia italo-américaine du nord-est des Etats-Unis, avec les Bonanno, les Genovese et les Luchese.

Le fief de Staten Island

Si les cinq clans sont censés travailler en bonne intelligence, les frictions sont fréquentes. Jeudi, un membre du clan Gambino a été inculpé pour le meurtre, en octobre dernier, de Vincent Zito, parfois considéré comme proche de la famille Luchese.

Dans une séquence qui aurait facilement trouvé sa place dans un film, le suspect, Anthony Pandrella, se serait rendu chez Zito, un ami de longue date, avant de lui tirer une balle derrière la tête. Il aurait ensuite quitté les lieux, avant de revenir plus tard présenter ses condoléances à la famille de Zito, usurier qui vivait des intérêts de prêts illégaux.

Anthony Pandrella a plaidé non coupable jeudi devant un juge fédéral de Brooklyn. Le mobile du crime n'a pas été établi.

En octobre également, Sylvester Zottola, considéré comme l'un des cadres du clan Bonanno, a été abattu par balles alors qu'il attendait sa commande à l'extérieur d'un restaurant McDonald's du Bronx.

Avec le quartier d'Howard Beach, non loin de l'aéroport John F. Kennedy, Staten Island est considérée comme l'un des fiefs de la mafia italo-américaine de New York.

ats, afp

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