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Le chef du Pentagone s'en va après l'annonce de Trump sur la Syrie

Alerte Info © Keystone
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Le ministre de la Défense Jim Mattis va quitter ses fonctions, a annoncé jeudi soir le président des Etats-Unis Donald Trump via Twitter. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH
Le ministre de la Défense Jim Mattis va quitter ses fonctions, a annoncé jeudi soir le président des Etats-Unis Donald Trump via Twitter. © KEYSTONE/AP/SUSAN WALSH
"Parce que vous avez le droit d'avoir un ministre de la Défense dont les vues sont mieux alignées sur les vôtres (...) je pense que me retirer est la bonne chose à faire", écrit Jim Mattis dans sa lettre de démission à Donald Trump. © KEYSTONE/EPA POLARIS POOL/CHRIS KLEPONIS / POOL
"Parce que vous avez le droit d'avoir un ministre de la Défense dont les vues sont mieux alignées sur les vôtres (...) je pense que me retirer est la bonne chose à faire", écrit Jim Mattis dans sa lettre de démission à Donald Trump. © KEYSTONE/EPA POLARIS POOL/CHRIS KLEPONIS / POOL


Publié le 21.12.2018


Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a présenté sa démission jeudi dans une lettre soufflet à Donald Trump. Il y rappelle notamment au président les devoirs des Etats-Unis envers leurs alliés, au lendemain de l'annonce du retrait américain de Syrie.

Le départ de cet homme d'expérience est un coup dur pour le tempétueux président des Etats-Unis qui apparaît de plus en plus isolé. Très respecté sur la scène internationale, il incarnait une forme de stabilité au sein d'une administration traversée de secousses.

Dans un courrier adressé au locataire de la Maison Blanche, cet ex-général des Marines de 68 ans, insiste sur la nécessité pour les Etats-Unis de "traiter les alliés avec respect". Il marque ainsi implicitement son désaccord avec un président qui a pris pour cible, un à un, au cours des derniers mois, les dirigeants des principales puissances occidentales.

"La force de notre nation est inextricablement liée à la force de notre système unique et complet d'alliances et de partenariats", écrit le chef du Pentagone, rappelant au président que "les 29 démocraties de l'Otan ont démontré la solidité de leur engagement en combattant à nos côtés après les attaques du 11-Septembre contre l'Amérique".

"Je pense que me retirer est la bonne chose à faire", ajoute-t-il dans ce courrier qui a eu l'effet d'un coup de tonnerre à Washington.

"Lisez sa lettre!"

Nombre d'élus des deux bords ont exprimé leur déception, voire leur inquiétude. "C'est un jour très triste pour notre pays", a lancé Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants. "Lisez sa lettre! Je pense que tout le monde dans le pays devrait lire sa lettre de démission", a-t-elle ajouté.

En écho, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a déploré le départ de l'un des "rares symboles de force et de stabilité" au sein de l'équipe au pouvoir.

"Le général Mattis donnait au président un avis qu'il aurait dû entendre", a tweeté le sénateur républicain Ben Sasse. "L'isolationnisme est une stratégie faible qui va nuire aux Américains". Dans un communiqué cinglant, le républicain Marco Rubio a jugé, à la lecture de la missive, que les Etats-Unis s'engageaient vers "une série de graves erreurs politiques" qui pourraient abîmer durablement ses alliances.

Sur Twitter, Donald Trump n'a pas parlé de démission, indiquant simplement que Jim Mattis quitterait ses fonctions "à la fin de février" et qu'il nommerait un successeur "prochainement".

Retrait d'Afghanistan

Dans sa missive, le ministre n'évoque pas directement le dossier syrien, si ce n'est pour citer la coalition internationale contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) comme exemple de l'utilité des alliances. Mais il sait que son départ sera interprété comme la marque de son clair désaccord avec le magnat de l'immobilier, sur le dossier syrien comme sur d'autres.

D'autant que l'administration Trump prépare également un retrait "important" des troupes stationnées en Afghanistan a indiqué jeudi soir, sous couvert d'anonymat, un responsable américain. Or, Jim Mattis avait plaidé et obtenu l'an dernier une augmentation des troupes.

Quelque 7000 des 14'000 soldats américains présents en Afghanistan seraient concernés, rapportent le Wall Street Journal et le New York Times. Ces troupes opèrent à la fois dans une mission de l'Otan en soutien aux forces afghanes et pour des opérations séparées de lutte contre le terrorisme.

Donald Trump a pris sa décision mardi, selon ce responsable, le même jour où il a annoncé au Pentagone son intention de retirer les quelques 2000 soldats américains déployés dans le nord de la Syrie, une décision prise contre l'avis de plusieurs membres de son administration. Les Etats-Unis n'ont pas vocation à être le "gendarme du Moyen-Orient", a ainsi justifié Donald Trump.

"En douceur"

"Nous devons faire tout notre possible pour favoriser un ordre international propice à notre sécurité, notre prospérité et nos valeurs, et nous sommes renforcés dans cet effort par la solidarité de nos alliances", lui rétorque par écrit Jim Mattis qui a choisi de quitter ses fonctions fin février, après une réunion ministérielle de l'Otan à Bruxelles.

"De même, je suis convaincu qu'il nous faut être résolus et sans ambiguïté dans notre approche envers les pays dont les intérêts stratégiques sont de plus en plus opposés aux nôtres", ajoute-t-il, citant la Russie et la Chine. Le retrait des troupes américaines stationnées en Syrie laissera le champ libre à la Russie, qui ne cache pas sa satisfaction.

"Parce que vous avez le droit d'avoir un ministre de la Défense dont les vues sont mieux alignées sur les vôtres (...) je pense que me retirer est la bonne chose à faire", écrit l'ancien général des Marines, qui "s'engage à faire tous les efforts pour assurer une transition en douceur".

ats, afp, reu

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