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Le CHUV recherche femmes désireuses d'accoucher à la maison

Le professeur David Baud, chef du service d’obstétrique du CHUV, recherche une cinquantaine de mamans désireuses d'accoucher à la maison pour une étude. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Le professeur David Baud, chef du service d’obstétrique du CHUV, recherche une cinquantaine de mamans désireuses d'accoucher à la maison pour une étude. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 03.08.2018


Le CHUV à Lausanne lance une étude pour comparer le microbiome des patientes accouchant à la maison avec celui des femmes le faisant à l'hôpital. Il recherche une cinquantaine de futures mamans désireuses de participer et qui donneront naissance à domicile.

"Le CHUV est très intéressé par tous les accouchements physiologiques, raison pour laquelle il va prochainement créer une maison de naissance", explique David Baud, chef du service d’obstétrique du Centre hospitalier universitaire vaudois.

"Les femmes sont de plus en plus nombreuses à penser que les accouchements moins médicalisés, c'est mieux. On aimerait pouvoir le prouver", note le professeur.

Univers idéal?

Son laboratoire part du constat que, quand les mères accouchent à la maison, elles le font parmi une grande diversité de microbes familiers. A l'hôpital, pauvre en bactéries et "inhospitalier", c'est l'inverse.

La naissance à domicile serait-elle ainsi l'univers idéal pour l'avenir de bébé? Etre exposé tôt aux bactéries du milieu familier permettrait-il d'éviter les allergies ? Ce sont les questions auxquelles l'étude veut tenter de répondre, explique le chef de la maternité.

Moins d'allergies

Selon des études réalisées aux Pays-Bas où un quart des accouchements se déroulent à domicile, à six ans, les enfants qui sont nés à la maison ont moins d'allergies alimentaires, moins d'eczéma cutané que ceux nés en milieu hospitalier. L'hypothèse est que les bactéries auxquelles ils ont été exposés au début de leur vie ont été beaucoup plus variées qu'à l'hôpital, milieu stérile.

"On pense que le premier contact entre bactéries et système immunitaire va prédéterminer beaucoup de choses pour la vie future", relève M. Baud. Etre confronté très tôt aux bactéries du milieu familier pourrait renforcer le système immunitaire et permettre par exemple d'éviter les allergies.

Si les micro-organismes qui colonisent l'intestin sont bien connus, ce n'est pas le cas de ceux du vagin ou du sperme, à plus forte raison le microbiome qui colonise le bébé à la maison, constate le scientifique. D'où le lancement de cette étude.

Déjà six volontaires

Pour l'heure, six femmes, dont trois qui ont déjà accouché, participent au projet. L'équipe de David Baud recherche encore une cinquantaine de volontaires qui souhaitent accoucher à domicile en Suisse romande au sens large.

La participation se résume à quelques prélèvements très simples du vagin, de la peau de la maman et du bébé, ainsi que des premières selles de ce dernier, afin de découvrir quelles bactéries le colonisent. Les frottis sont récoltés avant et après la naissance.

Ses propres draps

Envoyé par la poste, le matériel est facile à utiliser. Le fonctionnement est expliqué par une sage-femme. Une équipe se rend rapidement sur place dans les deux jours qui suivent l'accouchement pour chercher les prélèvements, précise le professeur.

A terme, l'objectif est d'offrir aux mamans le spectre d'accouchement le plus large possible, du domicile à la césarienne. Peut-être va-t-on découvrir qu'il faut prendre ses propres draps à l'hôpital, imagine-t-il. Si la première étape de l'étude a pour but de comparer les microbiomes, l'idée serait ensuite de suivre les enfants sur plusieurs années.

Mouiller sa chemise

Force est de constater que dans la recherche, peu de moyens sont consacrés à la recherche dans le domaine de la femme, de la mère et des nouveau-nés, déplore le spécialiste dont le laboratoire finance lui-même l'étude.

Afin de récolter des fonds pour son projet, le professeur va mouiller sa chemise: le 13 octobre, il tentera de boucler le tour du Lac Léman en courant. Chacun de ses pas vaudra un franc. Le patron de la maternité courra aussi loin que les dons le permettent. S’il parvient à récolter 180'000 francs, il parcourra les quelque 180 kilomètres de berges du Léman en courant.

Les dons vont intégralement à la Fondation pour le perfectionnement et la recherche en gynécologie-obstétrique. Agréée par le CHUV et créée en 1992, elle a notamment pour but de faire démarrer les projets, avant un financement éventuel par le Fonds national de la recherche.

www.onestepforlife.com

ats

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