Le Congrès inflige un camouflet à Trump sur son mur frontalier
Le Congrès américain a rejeté jeudi, grâce à la défection de douze sénateurs républicains, le financement d'urgence du mur que construit Donald Trump à la frontière mexicaine. Le président américain a promis de riposter avec son premier veto.
"Veto!" a-t-il tweeté juste après le vote. Puis, dans un second tweet: "J'ai hâte d'opposer mon veto à cette résolution d'inspiration démocrate." L'édification de ce mur hautement controversé pourra donc se poursuivre.
Reste néanmoins l'humiliation de devoir dégainer son premier veto présidentiel pour sauver sa grande promesse de campagne malgré un Sénat à majorité républicaine (53 sièges sur 100). Il semble improbable que le Congrès outrepasse le veto présidentiel, car cela nécessiterait une majorité des deux tiers dans les deux chambres.
"Urgence nationale" critiquée
Le nombre de rebelles républicains a enflé ces derniers jours. Tous sont opposés à la situation d'"urgence nationale" décrétée par le président pour contourner le Congrès qui refusait de lui accorder le budget pour le mur.
Au total, 59 sénateurs ont voté pour une résolution démocrate, déjà adoptée par la chambre basse, qui proclame que "l'urgence nationale déclarée par le président le 15 février 2019 (...) est par la présente annulée".
Pression
Depuis des jours, sur Twitter et devant la presse, M. Trump avait mis la pression sur les sénateurs de son camp afin d'éviter ce revers. "La frontière sud est un cauchemar humanitaire et pour la sécurité nationale", avait-il encore tweeté dans la matinée.
Donald Trump avait aussi tenté de justifier la constitutionnalité de sa décision de recourir à cette mesure d'exception pour obtenir quelque huit milliards de dollars pour le mur. "Les juristes disent que cela est complètement constitutionnel", avait-il souligné devant les journalistes, peu avant le vote.
Le débat n'est pas théorique: c'est parce qu'ils estiment que le président a piétiné, avec cette mesure, les pouvoirs du Congrès que douze sénateurs républicains ont soutenu la résolution démocrate.
Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, avait bien tenté de raisonner ses troupes jusqu'au bout: "Le président opère dans le cadre de la loi, et la crise à notre frontière est bien trop réelle", avait-il déclaré dans l'hémicycle.
Peine perdue. Le sénateur et ex-candidat à la présidentielle en 2012, Mitt Romney a notamment décidé de voter avec les démocrates "en faveur de la Constitution".
Bras de fer
La Chambre, contrôlée par les démocrates, avait approuvé cette résolution le 26 février. Plaidant plutôt pour un renforcement des mesures de contrôle aux postes-frontière, sa présidente, la démocrate Nancy Pelosi, s'était farouchement opposée au budget réclamé par Donald Trump. Leur bras de fer avait précipité les Etats-Unis dans la plus longue paralysie budgétaire de leur histoire, pendant 35 jours entre décembre et janvier.
Hasard du calendrier, tous deux ont déjeuné jeudi ensemble au Capitole avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar pour célébrer la Saint Patrick. Ils n'ont eu, en public, que des échanges plaisants et diplomatiques.
"Un vote en faveur de la résolution aujourd'hui par des sénateurs républicains est un vote en faveur de Nancy Pelosi, de la criminalité et des démocrates qui sont pour les frontières ouvertes!", avait pourtant mis en garde Donald Trump peu avant le déjeuner.
Revers au Congrès
Populaire auprès de la base républicaine, Donald Trump a des relations plus compliquées avec ses troupes au Congrès, où il enchaîne les revers cette semaine.
Mercredi soir, c'est sa politique étrangère, et notamment son solide soutien à l'Arabie saoudite, qui ont été clouées au pilori, également grâce à des voix républicaines: le Sénat a approuvé une résolution l'exhortant à arrêter tout soutien américain à la coalition saoudienne dans la guerre au Yémen.
La Chambre devrait à son tour approuver cette mesure. Et Donald Trump a, là aussi, prévu de la bloquer par un veto.
ats, afp