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Le National veut un crédit-cadre pour des logements abordables

Le crédit doit alimenter un fonds de roulement en faveur de la construction ou la rénovation de logements d'utilité publique (image symbolique). © KEYSTONE/GAETAN BALLY
Le crédit doit alimenter un fonds de roulement en faveur de la construction ou la rénovation de logements d'utilité publique (image symbolique). © KEYSTONE/GAETAN BALLY


Publié le 12.12.2018


Un contre-projet devrait être opposé à l'initiative pour des logements abordables. Le National a accepté mercredi par 104 voix contre 78 ce principe. Le crédit-cadre fédéral prévu à cet effet ne sera toutefois traité que vendredi.

Seule la gauche soutient l'initiative. L'UDC et une partie des libéraux-radicaux refusent quant à eux net de délier les cordons de la bourse et ont tenté en vain de tuer dans l'oeuf le contre-projet.

Le crédit proposé par le gouvernement, d'un montant de 250 millions de francs sur dix ans, doit alimenter le fonds de roulement en faveur de la construction ou la rénovation de logements d'utilité publique. Il vise 1500 logements par an, soit la moyenne annuelle enregistrée depuis 2004.

Les députés doivent encore débattre du contenu de ce contre-projet. Une commission doit se pencher sur les détails d'ici là. Le Conseil fédéral a présenté cette proposition en réponse à l'initiative populaire pour "Davantage de logements abordables".

Ce texte demande qu'au moins 10% des nouveaux logements soient déclarés d'utilité publique. Pour y parvenir, cantons et communes pourraient faire valoir un droit de préemption, notamment sur les immeubles appartenant à la Confédération ou à des entreprises qui lui sont liées, comme les CFF ou La Poste.

Problèmes locaux

"Il n'y a jamais eu autant de logements vides qu'aujourd'hui", a lancé Diana Gutjahr (UDC/TG), estimant inutile de délier les cordons de la bourse. Quant à son collègue de parti Claudio Zanetti (UDC/ZH), il a comparé, quelque peu hautain, la recherche d'un appartement avec l'achat d'un véhicule: "Si une voiture est trop chère, il ne faut pas l'acheter".

Plus nuancé, Manfred Bühler (UDC/BE) a reconnu qu'il pouvait être difficile pour une partie de la population de se loger. "Mais il s'agit de problèmes limités qui appellent des solutions locales et non nationales".

Une analyse partagée par Olivier Feller (PLR/VD). Et le Vaudois de rappeler que les cantons et les communes ont déjà créé des programmes de promotion de construction de logements adaptés à leur propre situation.

Mais le directeur de la chambre vaudoise immobilière s'en est surtout pris au droit de préemption sur les terrains de la Confédération et à la priorité donnée aux coopératives et collectivités publiques, demandés par l'initiative populaire. Des mesures qui distordent le marché immobilier, assure-t-il.

Seulement un prêt

Les attaques de la droite libérale ont cependant été balayées point par point par les autres partis, gauche en tête, qui ont soutenu le projet du gouvernement. "La pénurie de logements touche de nombreuses villes. Et le manque de logements abordables touche tout le monde, car les loyers de ne baissent pas", a affirmé Matthias Reynard (PS/VS), membre du comité d'initiative.

Un locataire paie aujourd'hui son loyer plus de 13% qu'il y a dix ans, et plus de 50% qu'en 2000, l'a rejoint Lisa Mazzone (Verts/GE). Et ce alors que les coûts pour les propriétaires ont diminué en raison de la baisse des taux hypothécaires. Une vraie politique sociale, menant à la réduction de la part gigantesque du loyer dans certains ménages, est nécessaire, a martelé la Genevoise.

La gauche et ses alliés ont par ailleurs écarté d'un revers de la main les craintes financières de la droite. "Le fonds de roulement n'est pas une subvention, mais un prêt", a argumenté Markus Ritter (PDC/SG). "La Confédération ne perd rien. L'argent continue d'appartenir à la Berne fédérale", a ajouté Léo Müller (PDC/LU).

De plus, le crédit-cadre pourra toujours être adapté lors des discussions sur le budget, a mis en avant le ministre de l'économie Johann Schneider-Ammann. Il a en outre appelé à rejeter l'initiative populaire qu'il juge "irréaliste".

Plus de concurrence

Prenant les libéraux à leur propre jeu, Samuel Bendahan (PS/VD) a souligné qu'accorder aux coopératives un meilleur accès au marché immobilier permet une plus grande concurrence.

"Refuser l'initiative, c'est dire non à plus de logements moins chers et de meilleure qualité", a-t-il précisé. Les logements proposés par les coopératives sont en moyenne 15 à 20% moins cher que les autres objets sur le marché.

ats

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