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Le délibératif de la Ville de Genève demande des comptes

Une centaine de personnes ont manifesté leur colère contre les frais excessifs de l'exécutif en marge de la séance du Conseil municipal de la Ville de Genève. Le président du délibératif, l'UDC Eric Bertinat, a réservé la séance de mardi aux suites de l'audit ad hoc de la Cour des comptes. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Une centaine de personnes ont manifesté leur colère contre les frais excessifs de l'exécutif en marge de la séance du Conseil municipal de la Ville de Genève. Le président du délibératif, l'UDC Eric Bertinat, a réservé la séance de mardi aux suites de l'audit ad hoc de la Cour des comptes. © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 13.11.2018


Le Conseil municipal de la Ville de Genève a consacré sa séance de mardi à l'audit de la Cour des comptes sur les frais professionnels de l'exécutif. Les débats ont eu lieu dans le calme, prenant parfois des allures de procès.

"Cet audit a questionné un système qui reposait sur la responsabilité individuelle et sur la confiance réciproque", a déclaré en préambule le maire Sami Kanaan. Ce rapport, qui a permis de constater "les faiblesses et lacunes de ce dispositif" ainsi que des "cas de dérives injustifiables", sonne la fin d'un système, a souligné le socialiste.

Les abus ne seront plus possible, selon lui. Un nouveau règlement sur la prise en charge des frais effectifs est entré en vigueur le 1er novembre. Les cartes de crédit seront à la charge des titulaires, qui devront justifier leurs demandes de remboursement. Les voyages devront être explicités en amont puis faire l'objet d'un rapport. L'exécutif a institué un contrôle croisé de ses membres.

"Confiance brisée"

"Nous avons pris pleinement la mesure du choc créé par ce rapport, et notamment par certains cas spécifiques qui y sont cités. Cette émotion, cette colère sont légitimes", a commenté M. Kanaan. Et de relever que le rapport de la Cour des comptes "aura eu le mérite de lancer une vague qui ressemble bien à une lame de fond, en matière de transparence publique".

A l'extérieur de la salle où se tenait la séance, une centaine de personnes ont manifesté leur colère. Elles ont appelé plusieurs fois à la démission des conseillers administratifs, les traitant de voleurs. "La confiance est brisée" et la Ville est "la risée de toute la Suisse", estime le vice-président des Verts libéraux genevois Jérôme Fontana, organisateur de la manifestation.

"La population est choquée", a fait savoir, avant d'entrer dans la salle, le président du Conseil municipal, l'UDC Eric Bertinat. "Le délibératif devra trouver une solution", a-t-il ajouté. Une des pistes pourrait être d'exiger des conseillers administratifs le remboursement intégral des sommes perçues.

Rembourser ses frais

A la question d'un élu PDC de savoir si les magistrats, à l'instar de Guillaume Barazzone, ont l'intention de rembourser des frais qui s'avèrent privés, les quatre autres magistrats ont répondu l'un après l'autre. "Je prendrais une décision plus définitive que de rembourser des frais qui ne seraient pas professionnels", a déclaré la grande argentière Sandrine Salerno.

Au vu de ses factures téléphoniques, M. Barazzone a été interpellé sur ses compétences managériales. Le magistrat PDC a indiqué que les négociations en matière d'abonnement téléphonique n'étaient pas de son ressort. Plus tard, il a à nouveau adressé ses excuses aux institutions et aux citoyens par rapport à ses frais excessifs.

Multiples urgences

Sur les 29 demandes de traitement en urgence déposées, 18 en lien avec l'audit ont été acceptées par le Conseil municipal. Les textes portent sur le règlement sur les frais, leur remboursement, le contrôle interne, le salaire des magistrats ou encore leurs cartes de crédit. A noter que le délibératif a refusé deux urgences, du PDC et du PS, lui demandant de réduire et de publier ses propres frais.

Les débats ont débuté vers 22h00. Les conseillers municipaux ont refusé d'entrer en matière sur une motion du MCG demandant la démission en bloc de l'exécutif afin de provoquer des élections anticipées. Auparavant, il avait aussi rejeté de traiter en urgence une résolution de l'UDC pour la démission immédiate de M. Barazzone. La plupart des textes seront traités par la commission des finances.

ats

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