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Le G7 Finances fait un pas vers la taxation des géants du numérique

Le ministre français Bruno Le Maire s'est félicité de "cet accord" du G7 "pour taxer les activités sans présence physique, en particulier des activités numériques". © KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON
Le ministre français Bruno Le Maire s'est félicité de "cet accord" du G7 "pour taxer les activités sans présence physique, en particulier des activités numériques". © KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON


Publié le 18.07.2019


Les ministres des Finances des pays du G7 ont fait un pas "important" vers un accord mondial sur la taxation du numérique lors de leur réunion à Chantilly, au nord de Paris. Cela malgré les tensions entre les Etats-Unis et la France.

Au bout d'une nuit de négociations, les sept économies les plus avancées ont finalement trouvé un consensus, présenté par la présidence française comme "une avancée", sur la taxation des activités des multinationales même si elles n'ont pas de "présence physique" dans le pays concerné.

Le ministre français Bruno Le Maire s'est félicité de "cet accord" du G7 "pour taxer les activités sans présence physique, en particulier des activités numériques", lors de la conférence de presse finale de la réunion. "C'est la première fois que les Etats membres du G7 se mettent d'accord sur ce principe", a-t-il souligné.

"Encore du travail"

Son homologue américain Steven Mnuchin a fait preuve d'un enthousiasme plus modéré face aux journalistes: "Nous avons fait des progrès significatifs, mais il reste encore du travail à faire", a-t-il estimé.

Le secrétaire au Trésor s'est toutefois félicité de "ce pas important dans la bonne direction", tout en refusant de parler de "percée", comme l'a fait le ministre allemand Olaf Scholz.

"Notre objectif va être atteint. Il y aura un accord l'an prochain au sein de l'OCDE" qui s'est effectivement donné jusqu'à fin 2020 pour trouver un accord international sur la taxation du numérique, s'est réjoui M. Scholz.

"Il y a maintenant une vraie dynamique, qui n'existait pas il y a encore quelques mois", a réagi le commissaire européen Pierre Moscovici, qui croit aussi à la possibilité d'un accord l'an prochain.

Discussions "constructives"

Le G7 Finances de Chantilly avait pourtant débuté mercredi sur fond de tension entre les Etats-Unis et la France, après l'ouverture par Washington d'une enquête qui pourrait déboucher sur des représailles contre Paris après son approbation d'une taxe sur le numérique dès cette année.

Face à la presse, les ministres des deux pays ont reconnu des différends, mais ils ont salué l'esprit constructif de l'autre partie.

"Du point de vue des États-Unis, nous avons des inquiétudes significatives à propos de la France et du Royaume-Uni", qui se prépare également à appliquer sa propre taxe, a reconnu le secrétaire au Trésor, qui s'est toutefois félicité que ses deux alliés se soient déclarés favorables à "une solution internationale".

"Les États-Unis sont des alliés. On ne règle pas nos différends par la menace et par la sanction, on les règle par des accords comme celui que nous venons de trouver aujourd'hui sur la taxation du digital", a expliqué M. Le Maire lors de sa conférence de presse.

D'ici fin 2020

Les ministres ont transmis le dossier de la taxation du numérique à l'Organisation pour la Coopération et le Développement économiques (OCDE) qui devra soumettre un accord au G20 d'ici la fin de l'année 2020.

"S'il n'y avait pas eu aujourd'hui au G7 un accord sur la base taxable, je ne vois pas très bien comment à l'OCDE, avec 129 pays, nous serions parvenus un accord", a reconnu le ministre français qui a appelé à "accélérer maintenant les négociations".

Sur les questions fiscales, le G7 s'est aussi entendu "pour instaurer une taxation minimale à l'impôt sur les sociétés" afin de limiter la concurrence fiscale entre les pays pour attirer les sièges des multinationales, a expliqué M. Le Maire. Ils n'ont toutefois pas fixé de taux plancher pour l'instant.

Inquiétudes sur le Libra

Sur la question des géants du numérique, le G7 Finances a alerté jeudi sur les risques pour le système financier international des projets de cryptomonnaies, comme le Libra annoncé par Facebook. "Tous les membres du G7 ont manifesté leurs fortes inquiétudes sur ce projet Libra", a affirmé M. Le Maire.

Les ministres du G7 s'étaient mis d'accord mercredi, dès la première journée de leur réunion, pour "agir rapidement" face au "préoccupant" projet de cryptomonnaie Libra.

Avec la création annoncée mi-juin de cette monnaie numérique offrant un mode de paiement alternatif aux circuits bancaires traditionnels, Facebook veut bouleverser le système financier mondial. Promise pour 2020, elle s'inspire de crypto-actifs comme le bitcoin.

ats, afp

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