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Le gouvernement hongkongais envisage de limiter l'accès à internet

La décision, vendredi après-midi, d'interdire aux manifestants hongkongais de dissimuler leur visage a mis le feu aux poudres. Ici des policiers faisant face aux militants du mouvement pro-démocratie. © KEYSTONE/EPA/FAZRY ISMAIL
La décision, vendredi après-midi, d'interdire aux manifestants hongkongais de dissimuler leur visage a mis le feu aux poudres. Ici des policiers faisant face aux militants du mouvement pro-démocratie. © KEYSTONE/EPA/FAZRY ISMAIL


Publié le 08.10.2019


Le gouvernement hongkongais envisage de limiter l'accès à internet, a déclaré lundi un membre du conseil exécutif. Il s'exprimait trois jours après l'interdiction du port du masque dans les rassemblements, qui, contrairement à son objectif, a attisé la contestation.

"Le gouvernement n'exclura pas la possibilité d'interdire internet", a déclaré à l'AFP Ip Kwok-him, un membre du conseil exécutif et député pro-Pékin. Internet est un outil indispensable pour le mouvement pro-démocratie qui utilise les forums en ligne et les messagerie cryptées pour organiser les actions de la contestation.

M. Ip a cependant souligné que restreindre l'accès à internet pourrait avoir des conséquences néfastes pour Hong Kong. "Je pense que l'une des conditions de mise en oeuvre de l'interdiction d'internet serait de ne pas affecter les entreprises de Hong Kong", a tempéré ce membre du conseil exécutif, qui est l'organe consultatif de la cheffe de l'exécutif Carrie Lam.

Cette nouvelle menace intervient après trois jours consécutifs de flashmobs et d'actions non autorisées, qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, à travers tout le territoire semi-autonome.

Lundi après-midi, des rassemblements de manifestants masqués ont eu lieu dans plusieurs centres commerciaux de la ville, la police procédant à quelques tirs de gaz lacrymogène dans le district de Mongkok. C'est la décision, vendredi après-midi, d'interdire aux manifestants de dissimuler leur visage qui avait mis le feu aux poudres.

Procès

Carrie Lam avait pris cette mesure après avoir rencontré le conseil exécutif, l'estimant nécessaire afin de mettre fin à quatre mois d'une contestation sans précédent. Lundi matin, deux premières personnes ont comparu pour avoir enfreint cette interdiction, un étudiant et une femme de 38 ans.

Les deux prévenus ont été accusés de rassemblement illégal, un fait passible de trois ans d'emprisonnement, et d'avoir enfreint l'interdiction de porter un masque dans les rassemblements publics, qui prévoit une peine maximale d'un an de prison. Tous deux ont été libérés sous caution.

A l'extérieur du tribunal, des manifestants scandaient des slogans comme "Porter un masque facial n'est pas un crime" et "la loi est injuste". Beaucoup d'opposants à cette interdiction redoutent qu'elle ne soit que le prélude à l'adoption de nouvelles mesures d'urgence par les autorités.

Intensification

Hong Kong est secouée depuis quatre mois par des manifestations pro-démocratie de plus en plus violentes. Les contestataires dénoncent la mainmise grandissante de Pékin sur les affaires de la région semi-autonome et les agissements de la police.

Le président américain Donald Trump a dit lundi espérer une solution "pacifique" et "humaine" à cette crise, relevant que le nombre de manifestants était "nettement moindre" qu'auparavant.

Les pires échauffourées jusqu'ici ont eu lieu le 1er octobre, alors que la Chine populaire fêtait son 70ème anniversaire: pour la première fois, un policier a tiré à balle réelle sur un étudiant de 18 ans, le blessant grièvement. Tout au long du weekend, des dizaines de milliers de Hongkongais ont participé à des rassemblement spontanés ou des marches pacifiques, en portant un masque facial.

Les Houston Rockets punis

Dimanche, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants sur l'île de Hong Kong. Des échauffourées ont également éclaté dans de nombreux quartiers.

Un chauffeur de taxi a été frappé jusqu'au sang après avoir heurté deux manifestantes avec son véhicule. Un adolescent de 14 ans a été blessé par un policier en civil au cours des manifestations.

A Pékin lundi, l'indignation ne retombait pas après un tweet de soutien au mouvement de protestation hongkongais posté par le manager de l'équipe de basket américaine Houston Rockets. James Harden, le basketteur vedette, a présenté des excuses, mais la chaîne nationale de télévision chinoise CCTV a annoncé suspendre la diffusion des matchs des Houston Rockets en NBA.

ats, afp

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