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Présidentielle au Kenya: dépouillement en cours et appel à la patience avant les résultats

Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote, qui ouvraient à 06h00. © KEYSTONE/AP/Brian Inganga
Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote, qui ouvraient à 06h00. © KEYSTONE/AP/Brian Inganga
Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote, qui ont fermé à 17h00 locales. © KEYSTONE/AP/Brian Inganga
Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote, qui ont fermé à 17h00 locales. © KEYSTONE/AP/Brian Inganga
Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote, qui ont fermé à 17h00 locales. © KEYSTONE/AP/Brian Inganga
Depuis le centre financier jusqu'à des bidonvilles de Nairobi, ainsi que dans plusieurs régions du pays, de longues files d'attente se sont formées devant les bureaux de vote, qui ont fermé à 17h00 locales. © KEYSTONE/AP/Brian Inganga


Publié le 09.08.2022


Les opérations de dépouillement ont débuté mardi soir au Kenya. Les électeurs se sont déplacés dans le calme pour désigner leur nouveau président, sur fond de flambée du coût de la vie et de frustration à l'égard de l'élite politique.

A 22h00 locales (21h00 en Suisse), soit cinq heures après le scellement des premières urnes, "la majorité des bureaux de vote" étaient fermés, a indiqué la Commission indépendante électorale (IEBC). Seuls restaient ouverts ceux qui avaient dû décaler le début de leurs opérations en raison de problèmes techniques ou de matériel.

L'IEBC a annoncé que 56,1% des 22,1 millions d'électeurs avaient voté à 16h00 (15h00 en Suisse) et, dans la soirée, elle a appelé "les Kényans à la patience". L'"exercice rigoureux" de comptage et de vérification des transmissions des résultats sera terminé "aussi vite que possible", a assuré l'IEBC qui a jusqu'au 16 août pour annoncer les résultats.

Les Kényans ont voté pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, en poste depuis 2013 mais empêché constitutionnellement de briguer un troisième mandat. Mais aussi pour élire leurs députés et élus locaux.

Les résultats de la présidentielle s'annoncent serrés entre les deux principaux candidats: Raila Odinga, 77 ans, vétéran de l'opposition soutenu par le pouvoir, affronte William Ruto, 55 ans, vice-président qui fait figure de challenger.

Démocratie qui "fonctionne"

Dans ce pays marqué par la suspicion de fraudes, des sources diplomatiques ont pointé l'enjeu crucial de la rapidité dans la publication des résultats.

L'issue de scrutin est d'autant plus scrutée que le Kenya a été secoué dans le passé par des contestations et violences post-électorales, et que le pays, moteur économique en Afrique de l'est, est considéré comme un îlot démocratique dans une région instable.

Des milliers d'observateurs ont été déployés mardi, par les candidats mais aussi par la société civile kényane et des organisations internationales. Ivan Stefanec, chef de la mission d'observation de l'Union européenne, a constaté dans la matinée qu'il y avait "beaucoup beaucoup de gens qui faisaient la queue patiemment", signe selon lui que "la démocratie fonctionne".

Les longues files d'attente s'étaient formées avant l'aube et l'ouverture des bureaux de vote à 06h00 (05h00 en Suisse), souvent pleines d'enthousiasme pour cette élection "différente des autres", "calme et paisible", selon les termes de Joyce Kosgei, 52 ans, électrice à Kosachei, un village de la vallée du Rift.

Festive à Kisumu (ouest), un bastion d'Odinga, l'ambiance était calme ailleurs, notamment à Nairobi où les rues habituellement animées étaient presque désertes en ce jour déclaré férié.

Nouvelle ère

Si aucun des deux adversaires, qui se connaissent bien pour avoir été alliés dans le passé, n'obtient mardi plus de 50% des voix, le Kenya connaîtra pour la toute première fois un second tour dans une élection présidentielle.

Quelle que soit l'issue, le nouveau président marquera l'histoire en n'appartenant pas à la communauté kikuyu, la première du pays, qui contrôle le sommet de l'Etat depuis vingt ans et dont est issu le sortant Uhuru Kenyatta.

M. Odinga, allié à M. Kenyatta depuis un pacte surprise en 2018, est un Luo tandis que M. Ruto est un Kalenjin - deux autres importantes communautés.

Coût de la vie

Alors que le Kenya est historiquement marqué par le vote tribal, certains experts estiment que ce facteur pourrait s'estomper cette année face aux enjeux économiques, tant la flambée du coût de la vie domine les esprits des quelque 50 millions d'habitants.

La pandémie, puis la guerre en Ukraine ainsi qu'une sécheresse record, ont durement touché ce poids lourd du continent, qui malgré une croissance dynamique (7,5% en 2021) reste très corrompu et inégalitaire.

Face aux Kényans qui manifestaient en juillet scandant "pas de nourriture, pas d'élections", William Ruto a martelé son ambition de "réduire le coût de la vie", Raila Odinga celle de faire du Kenya "une économie dynamique et mondiale".

Aucun "incident majeur"

Historiquement, la composante ethnique a nourri les conflits électoraux, comme en 2007-2008 quand la contestation des résultats par M. Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1100 morts. En 2017, des dizaines de personnes étaient mortes dans la répression de manifestations.

Mardi, la police a indiqué dans la soirée n'avoir recensé aucun "incident majeur" lors de cette journée qui, selon elle, s'est déroulée de manière "relativement calme et pacifique".

La Commission électorale, soumise à une pression extrême car largement critiquée en 2017, a, elle, admis des défaillances de kits biométriques qu'elle utilise pour l'identification des électeurs, dans 200 bureaux de vote sur un total de 46'000. "La logistique a été un peu difficile", a reconnu Marjan Hussein, patron de l'IEBC, mais "nous nous en sortons bien".

Une décision de justice tombée lundi n'a pas aidé selon lui à faciliter le processus. Elle concernait l'utilisation des registres manuels en cas de problèmes électroniques, un point déjà au coeur des critiques mardi soir.

ats, afp

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