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Le National veut ouvrir le mariage aux couples homosexuels

Les couples de même sexe devraient pouvoir se marier en Suisse et les lesbiennes accéder au don de sperme, a décidé jeudi le Conseil national. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer (image symbolique). © KEYSTONE/DPA/A2955/_WOLFGANG KUMM
Les couples de même sexe devraient pouvoir se marier en Suisse et les lesbiennes accéder au don de sperme, a décidé jeudi le Conseil national. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer (image symbolique). © KEYSTONE/DPA/A2955/_WOLFGANG KUMM


Publié le 11.06.2020


Les couples homosexuels devraient pouvoir se marier. Et les lesbiennes avoir accès au don de sperme. Le National a accepté jeudi par 132 voix contre 52 un projet de mariage pour tous qui règle aussi la question de la procréation médicale assistée.

Après une interruption dans leurs débats la semaine passée, les députés ont enfin pu se prononcer sur le mariage pour tous. Tous les groupes, à l'exception de l'UDC, ont plaidé pour franchir ce "pas historique". Le PDC a toutefois mis une condition à son soutien: le don du sperme pour les couples lesbiens devait être exclu du projet.

Un ultimatum qui n'a eu que peu d'impact sur le résultat final. Les députés ont bravé par 124 voix contre 72 leur commission et le Conseil fédéral qui appelait à traiter ce point ultérieurement.

Pas de couples de 2e classe

"Qu'une femme soit mariée avec une femme ou un homme ne doit pas avoir d’impact sur son accès au don de sperme", a souligné Kathrin Bertschy (PVL/BE), dont le parti est à l'origine du projet. "Et son enfant ne doit pas avoir moins de droits."

Christa Markwalder (PLR/ BE) a également appelé à ne pas créer des "couples de deuxième classe". "A amour égal, droits égaux", a abondé Nicolas Walder (Verts/GE). Des arguments repris par Min Li Marti (PS/ZH). La socialiste a aussi pointé que les familles arc-en-ciel existent déjà. La question est de savoir si on veut ou pas les protéger.

Si le PDC s'est montré divisé sur la question, l'UDC a affiché son opposition avec virulence. Yves Nidegger s'est insurgé contre une démarche "diabolique", visant au "meurtre du père". Selon le Genevois, autoriser les couples lesbiens à avoir accès à la procréation médicale assistée reviendrait à empêcher leur enfant d'avoir une relation avec son père.

Droit à connaître son origine

La ministre de la justice Karin Keller-Sutter a souligné que l'accès des lesbiennes au don de sperme soulevait des questions juridiques importantes pour l'enfant. En Suisse, les informations sur les donneurs de sperme, par exemple leur nom, date de naissance ou profession, sont consignées dans un registre fédéral. L'enfant peut y avoir accès à ses 18 ans.

Lorsque la conception se fait naturellement ou à l'étranger, ces informations ne sont pas consignées et l'enfant ne peut ainsi pas connaître son ascendance. Or, "chaque être humain a le droit de savoir quelle est son origine", a insisté la ministre.

Le Conseil fédéral n'est fondamentalement pas contre l'ouverture de la procréation médicale assistée aux couples de femmes. Mais des clarifications doivent d'abord être apportées, a poursuivi Karin Keller-Sutter. Un groupe de travail planche actuellement sur la question. Les résultats devraient être connus l'année prochaine.

Adoption conjointe

Outre le mariage pour tous et l'accès au don de sperme pour les couples lesbiens, le projet prévoit la naturalisation facilitée du conjoint et l'adoption conjointe. Depuis 2018, les partenaires de couples de même sexe sont autorisés à adopter l'enfant de leur conjoint, mais la procédure est longue et risquée.

La réforme doit également supprimer le droit à des dommages et intérêts en cas de rupture des fiançailles, prévu par le code civil. La disposition est jugée dépassée.

Le peuple risque d'avoir le dernier mot sur le projet de loi. L'Union démocratique fédérale compte de toute façon lancer le référendum. Mais le chemin est encore long. Le Conseil des Etats ne s'est pas encore prononcé.

ats

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